
A n. 1004.
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Vlgbcrt évêque 4e Mersbourgi»
H I H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
T a gm o n étoit difciple de faint V o lfan g ê v equ ede
Ratiibone, qu’il avoit élevé dès l’en fance,comme foa
fils ; & quand il fut plus avancé, lui donna l’intendance
de tous fes biens. Il le mit fi bien dans l’efprit de l’empe-
reur & du duc de Bavière, qu’il ne doutoit point qu’il
ne fût un jour fon fuccefleur. Mais étant près de mour
i r , il le fit venir fie lui dit : Mettez votre bouche fur
la m ien n e , fie recev ez du feigneur le foufle de mon
e fp r it , pour temperer en vous l’ardeur de la jeunefle
par celle de la charité. Si vous êtes maintenant p r iv é
de ma d ignité , fâchez que dans dix ans vous en re-i
ce v re z une plus grande. Saint V o lfa n g mourut en 994:
Se T a gm o n étant elû tout d’une v o ix pour lui fucce-,
der au fiege de Ratisbone , v in t trouver l’empereur :
mais il n’obtint pas fon co n ien tcm en t, Se ce prince
donna l’évêchp de Ratiibone à Gebchard fon chapelain
.C e lu i-ci traita honnêtement T a gm o n que l’empereur
lui a voit recommandé : mais la diverfité de leurs
moeurs ne permit pas qu’ils demeuraflent lon g tems
enfemble, fie T a gm o n s’attacha à Henri alors duc de
B a v iè re , qui l'aima p a rticulie remen t,à caufe de la pureté
de fa v ie ; fie qui étant devenu empereur, le fit archevêque
de M agdeb ourg , au bout de dix ans, fuivanc
la prédiéfion de faint V o lfan g . Il fit de grands prefens
au roi fie à la reine, fieàceux qui le feryoient avec lui ,
pour témoigner fa reconnoiffance.
Le roi Henri paifa enfuiteà M e rfb ourg , pour con-,
ioler cette ég life veuv e depuis fi lo n g - tem s , fie la rétablir
dans fa première d ignité. C e fut là que T a g mon
fut facré archevêque de Magdebourg le jour de
la purification fécond d eF é v r ie r l’an 1004. Il fut facré
par V illig ifc archevêque de M ay en ce , du confentement
L i v r e C i n q u .a n t e - H u î t i e ’m ê ; 3 7 7
ment des füffragans de l’un & de l’autre qui fe trou- A n . 00g
yerent prefens, & du, légat du pape, qui y affifta. Il
auroit dû être ordonné par le pape même : mais l’état
des affaires ne lui permëttoit pas d aller a Rome. En
même tems le roi donna l’évêché de Merfbourg à V ig -
bert fon chapelain : lui rendant tout ce que Gifilier
avoit injuftement ote a cette églife ; & pour figne
d inveftiture, il lui mit en main publiquement lebâ-
ton paftofal de l’archevêque Tagmon : qui fàcra le
nouvel évêque ce jour-là même ' afïifté de quatre de
fes füffragans. Pour récompenser l’églife de Magdebourg
de cette d iftrad io n , le fo i lui donna une terre
de fon domaine, & une partie confidérable des reliques
de S.Maurice, qu’il tira de fa chapelle. On les
transfera folemnellement du mont S. Jean dans laville 5
& quoique l’hiver fut très rude & la terte couverte
de neige , le roi porta lui-même cette relique nuds
pieds.
Vigbert évêque de Merfbourg, naquit dans la T u -
ringe, & fut inftruit par Otric dans l’école de M ag debourg.
Son beau naturel étant cultivé par une bonne
éducation, 1 afchevêque Gifilier le prit à fon ièrvice,
je tint long-tems auprès de lui dans une- intime confiance
, & le fit archiprêtre. Enfin aïant écouté de mauvais
rapports contre lu i , il aliéna tellement V ig b e r t ,
qu il quitta tous les avantages qu’il avoit auprès de
lu i, & s attacha au roi Henri, dont il gagna les bonnes
grâces. Vigbert étoit bien fait & de belle taille ,
fa vo ix très belle;: de b o n co n fe il, éloquent, agréable
en conversation , d’une libéralité fans bornes. Il enrichit
fon églife de plulieurs terres , de quantité de livres
& d’autres meubles nççeiTaires au fervice' divin.
Tome XU» B b b