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S. Bernouard
cvéque d’Hddci-
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Sup. I- lv i . »
198 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Il fît le voiage de Rome fous le pontificat de Jean
X V . qui le reçut avec grand honneur. Jamais il ne ce-
lebroit la mefle, Se n’adminiftroit les facremens, fans
porter un cilice fous fes ornemens. A u x vigiles des
grandes fêtes il ne prenoit aucune nourriture, Se paf-
fo it le carême avec des moines, ordinairement dans
l ’abbaïe de G o r z e , attiré par la régularité de 1 obfer-
vance Se la tranquillité du lieu. La maladie des ardens
qui regnoit en Bourgogne, lui donna occafion d exercer
fa charité en affi liant ceux qui en étoient affligez ,
& quelquefois il en lavoit Se panfoit de fes mains juf-
qu’à cent par jour.
En un concile tenu au commencement du regne
de S. H e n r i, il dénonça hardiment Conrad ducd’Auf-
trafie fon parent, pour avoir époufé fa proche parente:
s’expofant à un grand péril par le reflentiment de ce
feigneur. Il pourfuivoit vigourcufement ceux qui pil-
lojent les biens des églifes Se des pauvres ; Se quand
ils méprifoient les cenfures eecleliaftiques , il emploient
les armes matérielles, faifant ravager leurs
terres Se abattre leurs châteaux. Il ne faifoit point 4c
difficulté de promouvoir aux ordres les enfans des prêtres,
quand il les en jugeoit d igne s, Se ordonna plus de
mille prêtres fans les clercs inférieurs. Après avoir ain-
iî gouverné vingt ans 1 eglife de M e t z , il mourut le
quinzième de Décembre i q o j . Se fut enterre a faint
Sympborien.
En Saxe Gerdag évêque d’Hildeshcim erant morr,
Bernouard précepteur du roi Otton III. fut élu d un
commun confentement pour lui fucceder ; Se prefeteà
' plulieurs autres nobles qui fervoient dans le elerge du
palais. Il fut facré par V illc g ife archeveque de Maien-
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ce fon métropolitain le quinzième de Janvier de l ’année
99}. in d iilio n fixiéme. Quoiqu’il fût encore jeune
, il palToit les vieillards en g ra v ité , donnoit à la prière
la plus grande partie des nuits,Se affiftoitaffiduëment
aux offices divins. Après lamelTefolemnelleil donnoit
audience,puis fon aumônier venoit, Se il faifoit diflri-
buer à plus de cent pauvres de la nourriture , Se quelquefois
de l ’argent. Il vifitoit les ouvriers qu’il faifoit
travailler fur différentes matières : à none il fe mettoit
à table avec beaucoup de clercs Se de laïques : mais
enfilence pour écouter la leSture,Se gardant une exaóte
frugalité.
Comme il avoit grand talent pour les arts, il les cultiva
avec foin lorfqu’il fut évêque. Il faifoit écrire des
livres,non feulement dans le monaftere de fa cathédrale
, mais en plulieurs autres lieux : enforte qu’il affem-
bla unenombreufe bibliothèque,tant de livres ecclefia-
iliques,que de philofophiques.il cherchoit à perfectionner
la peinture, la mofaïque , la ferrurerie,l’orfeyrerie,
recueillant avec foin ce que les étrangers envoïoient au
roi d’ouvrages les plus curieux ; Si faifant élever des jeunes
gens de beau naturel pour les former à ces arts.
Quoique très-appliqué à fes fo n d ion s ecclefiaftiques,
il ne laiffoit pas de fervir fi bien le roi Si l’é ta t , qu’il
a ttiro itl’envie des autresfeigneurs. LaSaxeétoitdepuis
long-tempsexpoféeaux courfesdes pirates S¿ desbarbares.
Il les avoit fouvent repouffez , tantôt par fes feules
troupes, tantôt avec le fecours des autres : mais ils
étoient maîtres des deux côtez de l’Elbe Si de la navigation
de cette riviere : en forte qu’ils, fe- répandoient
par toute la Saxe, Si venoient prefqUes jufques à Hil-
desheim. Pour les a r rê te r , il fit bâtir deux fortçreffes
P p iij