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L IX .
Le pape Léon
en France.
H i j t . de d ie . » . 7 .
5 ^ 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . "
p r ieur, tout jeune qu’il écoit, 8c l’en vo ya en A llem i-
gne , ou il remit dans les bonnes grâces de l ’empereur.
H e n r i, les moines de Paternac au diocefe de Laufane,
B y apprit la mort de fa jn tO d ilo n , 8c revint à C lu gn y
chargé de prefens, que l’empereur y envo yo it. O n procéda
a 1 eleétion d’un abbé : Adalman le plus ancien de
la communauté, nomma le prieur Hugues, tous fuivi-
rent fon avis; ainfi malgré fa refiftance , il fut élû 8i
reçut la benediétion abbatiale de Hugues archevêque
de Befançon le jour de la chaire de faint Pierre 1049.
n’étant âgé que de v in g t-c in q ans, 8c fut foixante ans
abbé de C lu gn y .
Il affiflaen cette qualité au concile de R e im s , que le
pape Léon IX. tint la même année. I la v o it promis à
Herimar abbé de faint R em i, d’aller faire la dédicacé
de la nouvelle é glife que cet abbé a voit b â tie ; 8c comme
Henri roi de F rance é to ità Laon à la Pentecôte d e là
même année 1049. l’abbé l'y alla trouver & le p r ia d ’ho-
norer cette dédicacé de fa prefence , 8c d’y faire aflifter
les évêques de fon royaume. Le roi le p rom it, & l’abbé
en voya des lettres par la France & les provinces v o ifi-
n e s , in v itan t les fideles de fe trouver à cette folemnité.
Le pape étant parti de Cologne v in t à T o u l à l’Exaltation
de la fa in teC ro ix ; & de là il envoya fes mande-
mens aux évêques 8c aux ab b e z , pour fe rendre â R e im s
le premier jour d’O é to b re , où ilprétendoit tenir un conc
ile après la dédicacé.
Alors quelques feigneurs laïques qui fe fentoient
coupables de mariages inceiiueux 8c d’autres crimes
contre la difcipline de l’é g life ; des évêques 8c des abbez
qui craignoient qu’on n’examinât leur entrée'
dans ces d ig n ite z , Scia conduite qu’ils y ayoïent tenue,
L i v r e C i n q j j a n t e - n e u v i e ’m e .
fepreiènterent au roi de Fran ce, que la gloire de fon
royaume feroit a v ilie , s’il permettoit au pape d’y exercer
fon autorité, 8c s’il afliftoit lui-même à ce concile,
qu’on ne trouvoit point qu’aucun de fes ancêtres eût
permis à un pape l’entrée dans les villes de France pour
un tel fujet. Ils ne connoffoient pas,fans d oute, le co n c ile
de T ro y e s teüu par Jean V i l . Enfin ils ajoûtoient,,
que la tenue des conciles demandoitdes tems paifibles
&c tranquilles; 8c qu’alors il y avoit de grands troubles,
par le peu de foûmifïïon de plufieurs fe ig n eu r s , qui
ùfurpoient les terres Se fes châteaux du roi m êm e .C ’e il
pourquoi il devoir p lutôt s’appliquera pourvoir au bien
de fon é ta t, qu’à tenir des conciles ; qu’il devoit faire
marcher contre les rebellés, les feigneurs de fôn royaume
, même les évêques 8c les abbez , qui y pofiedoient
de fi grandes terres. Et fur tout l ’abbé de faint R em i ,
qui enflé de fes r ich e fle s , aVoit eü la v an ité de faire
v en ir lé pape pour dediet fon églife. Gebuin év êque
de Laort, 8c Hugues comte de Brainé, étoient à la tê te
dé ceux qui s’oppoioiènt à ce concile. Le roi per-
fuadé de leurs raifons, manda au pape par l’évêque de
S en lis , que lu i , fes évêques 8c fès abbez, étoient oblig
e z à reptimer les rebelles; qu’ils ne pouVoientfe ren dre
au terme prefix pour le coticile , 8c qu’ainfi le pape
différât fa Venue en France à un autre tems , où le
t o i , délivré de fes affaires , pût le recevoir a v e c l’hon-
fteur Convenable. Le pape rép ond it, qu’il ne pouvoit
manquer à la promefTe qu’il a voit fait à faint Rem i ,
qu’il iroit faire la dedicaCe, 8c tiendroit le concile avec
ceux qui s’y troüveroient. Le roi ayant reçu cette ré-
ponfe , ne laiifa pas de marcher contre les rebelles avec
une grande armée, ou les évêques 8c les abbez le fui-
B B b b y