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180..
LIV.
C o n c ile d ’Or«
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SpiciUp. 740.
4 3 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
recicoient les noms des démons en forme de litanie ,
ju fq u e sà c eq u ’ilsviffentun démon defcendre tout d’un
coup entre e u x , fous la forme d’une petite bête. A uifi-
tô t ils éteignoient toutes les lumières, ôc chacun pre-
noit la femme qu’il trouvoit fous fa m a in , pour en abu-
fer. U n enfant né d’une telle c o n jo n d io n , étoit apporté
au milieu d’eu x , huit jours après fan a iflan c e , mis
dans un grand feu réduit en cendre. Ils recueilloient
cette c en d re , ôc la gardoient avec tant de v én é ra tio n ,
que les Chrétiens gardent le corps de J. C . pour le v ia tique
des malades. C e tte cendre avo it une telle v e r tu ,
qu’ il étoit prefque impoilible de convertir quiconque
en avoit avalé pour peu que ce fût.
C e récit a tant de rapport avec les ca lomnies , dont
on ch a rgeo it les premiers C h ré tien s , qu’il femble en
ê tre im ité : mais la chofeeft rapportée ainfi par un auteur
du tems. U n autre d it feulement, que ces h érétiques
portoient avec eux de la poudre d’enfans morts ,
ôc que s’ ils pouvoient en faire prendre à quelqu’un , ils
lerend oien t auifi tôt Manichéen comme eux.
Sur les avis d’Arefafte , le roi Robert ôc la reine
Confiance fe rendirent à Orléans , avec plufieurs évê-
. ques , entre autres Leoteric archevêque de Sens ; ôc le
lendemain on tira tous ces heretiques de la maifon où
ils étoient affemblez , & on les amena dans l ’é gü fed e
iainte Croix devant le r o i , les évêques ôc tout le c le r gé.
Arefafte fut amené avec eux , comme prifonnier ,
ôc p r en a n t le p r em ie r la p a ro le ,ild ita u ro i : Se igneur ,
je fuis vaflal du duc de Normandie , qui eft le vôtre ,
& c’eft fans fujet qu’on me tient enchaîné devant vous,
Le roi lui répondit : Dites-nous pourquoi vous êtes v e nu
i c i , afin que nous voïions s’il faut vous garder ou
L i v r e c i n q u a n t e - h u i t i e ’m e ; 431
Vous renvoïer comme innocent. Arefafte répondit :
A ïan t oiii parler d e là fciencc Se de la pieté de ceux
que vous vo ïe z ici avec moi dans les fers , je fuis v e nu
en cette v i l le , pour profiter dé leurs inftrucftions.
C ’eft aux évêques qui font aflis avec nous, à vo ir fi en
cela je fuis coupable.
Les évêques d irent: Si vous nous expliquez ce que
vous avez appris de ces g en s -c i, touchant la religion,
nous en j ugerons facilement. Arefafte répondit : C om mandez
leur , le roi ôc vous, de dire eux-mêmes en vo -
toe prefence , ce qu’ils m’ont enfeigné. Le roi ôc les
évêques le leür ordonnèrent : mais les heretiques ne
vou lo ien t point s expliquer ; ils difoient autre chofe
que ce qu’on leur demandoit, ils n ’entroient point dans
le fonds d e leu rd o é tr in e , ôc plus on les p r e ifo it , plus
ils emploïerent d’artifice pour s’échapper. Alors A r e fafte
voïant qu ils ne cherchoient qu’à gagner tems,
ôc à couvrir leurs erreurs de belles pa roles, leur dit :
J ai crû avoir des maîtres, qui m ’enfeignoient la v é rité,
&non pas 1 erreur: vu 1 afturance avec laquelle vous me
propofiez cette d o& r in e , que vous nommiez falutaire,
foûtenant que vous n’y renonceriez jam a is , par la
crainte des tourmens ni de la mort même ; ôc je vois
maintenant que vous n ofez l’avoüer, 8ene vous mettez
pas en peine du péril ou vous me laiifez. Il faut obéir au
roi ôc aux évêques, afin que je fçache ce que je dois fui-
v re ôc ce que je dois rejetter. Vous m’a v e z enfeigné,
que parle baptemeonne pouvoir obtenir la remiifion
des peches : Q ue J. C . n’étoit point né de la V ie rg e ,
n’a voit ni fouffert pour les hommes, ni été en fe y e li,
ni reflùfcite ; ôc que le pain 8c le v in , qui étant mis
fur l’aucel par les mains des prêtres, devient lefacre-
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