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b,u. 14 utrt. ja difcipline , ôc confervant une d ignité merveilleufe
t otn. 7 . p } 6 2. L J _ . O \ . rr •
MaiillJac. f, dans les aétions 6c fes difcours, elle ne lajfloit pas de
. montrer une mod eftie& une pudeur, qu iT auro it fait
paifer pour une v ie r g e , fi on n'avoit vû les princes fes
enfans. La nuit, outre l’office où elle affiftoit, elleprioit
long-tems devant 6c après. Jamais elle n’approcha de
l'autel les mains vuides,ioit du v iv an t du roi Ion époux,
fo it aprèsfa mort. Tous les jours elle préfentoit au pre-
tre fon offrande de pain 8c de vin pour le falut de- toute
Luïtfr. iv bîjt. l ’e g life : mais depuis qu’elle fut veuve, elle ne ceffa
jjfl 7" point de faire offrir le fa intfacrifice pour les pechez du
roi ion époux , en quoi elleffurpaffa toutes les-'femmes
de fon tems. Elle obferva toute fa v ie le huitième jour
d elà mort de ce p r in ce , le trentième & l’anniverfaire.
Vers l’an 94(>. elle foutint une rudepe rfe cution delà
part des princes fes enfans. Comme elle faifoit de grandes
aumônes, on leur rapporta qu’elle avoit confume
desiommesimmenfes des revenus de l ’état ; 6c la chofe
alla fi loin , que le roi Otton envoïoit des efpions pour
arrêter ceux par qui la reine fa mere envoïoit fes libera-
l it e z , les leur ôt er , 6c les m altraiter: On vouloir qu’elle
abandonnât les termes qu’elle avoit reçues en douaire,6c
q u e lle prît le vo ile de religieufe. Pour comblé d’afflict
io n , le prince Henri qu’elle aimoit u niquement, s’ac-
co rd o it avec le roiOtton contr’elle.Comme elle v it augmenter
de jour en jour leurs mauvais tra itemens, elle
laiffatout ce que le roi Henri lui avoit donné pour ion
douaire, 6c fe retira dans l’An g r ie ,qui faifoit partie de la
Veftfalie d’aujourd’hui. Mais quelque tems après le roi
Henri aïant eu de mauvais fuccés à la guerre, céda aux
exhortations d e là reine Editheifon époufe , des é v ê ques
6c des feigneurs, rappella lare inè ià mere* lui demanda
L i v r e c i n q u a n t e - s i x i e ’m e . 1/3
manda pa rd on, 6c lui rendit les terres qu’il lui avoit
ôtées. Le prince Henri fe reconcilia aufli avec e lle , ôc
elle ne l’aima pas moins que devant.
La reine Mathilde étant rétablie dans fa première
au to r ité , s’appliqua plus qu’auparavant aux aumônes
& à toutes fortes de bonnes oeuvres ; & avec le fecours
du roi fon fils , elle fonda plufieurs églifes & cinq mo-
nafteres , entr’autres celui de Palide ou Polden dans
l e duché de B ru n fv ic , où elle affembla trois mille
moines. Le roi O tton confirma cette donation par fes
lettres de l ’an 935.
La même année arriva la mort de Henri duc de Bavière
, dont la reine Mathilde fa mere fut fi affligée,
qu’elle quitta le peu d’ornemens qu’elle ayoit gardez
pendant fa v id u it é , & ne parut plus qu’en habit de
deüil. Elle ne vou lu t plus entendre aucune chanfon
profane, ni voir aucun jeu : elle n’écoutoit que des cantiques
tirez de l’écriture fainte , ou des vies des faints.
E lle faifoit donnera manger aux pauvres deux fois par
jour , & leur en diftribuoit encore pendant fon repas.'
Dans fes voïages elle fa ifo it porter des cierges pourdiff
tribuer aux églifes, & delà nourriture pour les pauvres;
& avoit chargé une religieufe qui la fervoit nommée
Richburge , de n’en laiffer paffer aucun fans aumône.
En toutes les villes où elle féjournoit l’h iv e r , elle faifoit
ail umer un grand feu pour les pauvres, qui duroit
toute la nuit. Elle redoubloit fes charitez le famedi;
parce que c’étoit le jour de la mort du roi fon époux : le
matin elle faifoit préparer un bain pour les pauvres &
les paffans, & quelquefois elle les fervoit de fes propres
mains : puis elle les faifoit entrer dans u se chambre
pu elle leur donnoic de la nourriture ou des habits ,
Tome X I I . V