
3oS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
guîh archevêque de Sens, venerable par fon âge 5c fa
dignité , fuyant comme les autre s , reçut un coup de
coignée entre les épaules, 5c eut peine à fe fauver tout
couvert de boue. Comme tout le monde rejettoit fur
A b b o n la caufe de cette violence , il écrivit pour s’en
juftifier une apologie adreffée aux deux rois Hugues
5c Robert.
Il fe p la in t , que parce qu’il s’efforce de foutenir les
intérêts de l’ordre monaftique, on en veut même à fa
vie ; 5c déclaré qu’il fe foumet fuivant les canons au
jugement des évêques. Il diftingue trois ordres entre
les ch rétiens, les laïques, les clercs & le s moines ; mais
il ne compte pour clercs que les diacres, les prêtres 5c
les évêques, 5c prétend que ceux des ordres inférieurs,
aïant la liberté de fe marier, ne font nommez clercs
qu’abuiivement. Enfin il foutient que l ’état des moines
eft le plus p a r fa it , parce qu’ils ne font occupez qu a
vacquer, comme M arie, à l’unique neceffaire. Il dit que
l ’églife n’étant qu’à D ie u , perfonne ne doit dire qu’une
églife lui appartient : par où il veut fans doute combattre
la prétention des évêques, 5c conclure qu’il n’importe
que les églifesfoient fervies par des clercs ou par
des moines. De là il prend occafion de parler contre la
fîmonie , 5c de réfuter la mauvaife défaite de ceux qui
difoient j qu’ils n’achetoient pas la grâce de l’ordination
, mais les biens temporels de l ’églife. C ’e ft, d it - il,
comme qui voudroit avoir le feu fans la matière qui le
nourrit.
Venant enfuite aux plaintes formées contre lui , il
dit : On m’accufe d’avoir eu des fentimens contraires
aux can on s , d’avoir excité les moines contre les év ê ques
, d’avoir fait perdre vos bonnes grâces à mon pro-
L l V R E C I N Q U A N T E - S E P T I E M E . 30.9
pre évêque, 6c d’avoir communiqué avec des excommuniez.
Mais à quel canon ai-je contredit, dans ce
concile, où à peine ai-je vù ouvrir un-livre ? Il parle
du concile de S. Denis. Q u ’avoient fait les évêques
contre moi en particulier, pour me donner feulement
la penfée de leur nuire ? V â que celui qui a été le plus
en péril m’étoit affeétionné, 5c celui à qui j’avois le
plus d’obligation. C ’eft Seguin archevêque des Sens.
Il vient à Arnoul d’O r le an s , 5c dit : Par quels dif-
cours vous ai-je féduits, pour ôter vos bonnes grâces à
ceux qui les méritent. Suis-je Dieu , qui change les
coeurs ? C ’eft vous-même qu’il accufe d’ingratitude :
e’eft vous-mêmes qu’il aoffenfezenufurpant nos biens,
dont vous êtes les protefteurs ôc les maîtres. Quant à
ce qu’il d it , que j ’ai communiqué avec des excommuniez
: il m’en a donné l ’exemple, puifqu’il a reçu les
mechans qui m’avoient attaqué de nu i t , après qu’ils
furent anathematifez par Seguin fon archevêque, par
Eudes évêque de Chartres, & par d ’autresperfonnages
de grande vertu. A b b on s’étend enfuite fur les réglés’
de l ’excommnication , fe plaignant de l’abus que l’on
en fa i fo it , 5c exhortant les rois à y apporter remede.
Ca r , di t - i l , a peine fe trouve-t-il quelqu’un dans v o tre
roïaumequi ne fo ite xcommunié, pour avoir mangé
avec un excommunié , ou lui avoir donné le baifer
de paix.
Il les avertit encore de quelques autres abus. Premièrement
, d it - i l , dans le fymbole de S. Athanafe ,
au lieu de dire que le S. Efprit n’eft ni f a i t , ni c ré é , ni
engendré, quelques-uns dîfent feulement qu’il n’eft ni
f a i t , ni créé : fous prétexte que dans la lettre fynodi-
que defaint Gregoirei, il eft dit que le S. Efprit n’eft ni