
4 2 5 H i s t o i r e E c o l e s i a s t i q u e ï
g e d’une terre ; 8i Bouchard l’aïant fait a b a tt r e , ets
emploïa les matériaux à bâtir un monaftere de chanoines.
Il fe fit auifi une maifon dans une fo rêt à deux m illes
d eV o rm e s ,p o u r fe retirer du tumulte des a ffa ire s -,
Si ce fut là qu’il compofa fon décret ou reciieil de ca-
in edi t. Colon» fiOtlS. Il donna des loix à la famille de faint Pierre ,
c’eft-à-dire aux habitans des terres de fa cathédrale ,
pour regler leurs affaires, tant c iviles que criminelles,
il fonda plufieurs monafte res, & par fes exhortations
plufieurs perfonnes illuftres quittèrent le monde pour
embraffer la v ie monaftique.Toute fois vo ïant que cette
ferveur alloit trop lo in , il appella un jour les freres
de toutes les communautés ■, Sc leur reprefenta 1 im portance
de fuivre chacun fa vocation de chanoine ,
de moine ou de la ïq u e , 8i de demeurer ferme dans 1 e-
ta t qu’on a embraffé.
L 'êv êq u e Bouchard ne v iv o it ordinairement que de
pain, de légumes & de fru its ,& n eb eu vo it que d e l eau.
Souvent il paffoit une partie de la nuit a vifiter les pauvres
par tous les quartiers de la v ille , & leur diftribuer
des aumônes abondantes. Il s’enfermoit tous les matins
avant le jour pour prier jufques à p r im e , Si cele-
broit tous les jours la meffe pour les viv an s Si pour les
morts. Il ne furvêcutque quatre ans au concile de Se-
lin g fta t; Si fe vo ïant près de fa f in , i l donna l’abfolu-
tion à tous ceux qu’il a voit excommuniés : puis il fe
b a ign a , fe fit rafer la barbe 8i la couronne , Si fe rev
ê tit d’habits propres. Il fit entrer fes vaifaux Si les
autres qui s’y t ro u v è r e n t , Si leur fit une exhortation
touchante fur la v an ité des grandeurs Si des richeffes
par fon propre exemple. Il mourut ainfi l ’an 102.6. Si
on ne lui trouva d’argent que trois deniers dans fon
L i v r e c i n q j j a n t e - h ü i t i e ’ m e . 4 1 7
gant : mais on trouva dans un cofret un c ilice très-rude
, Si une chaîne de fer ufée d’un côté à force de l’avoir
portée.
Vers le tems du concile d e S e lin g fta t, on découvrit
en France une dangereufe herefie; Si on la condamna
dans un concile tenu àOrleans cette même année i o n .
Il y avoit un feigneur N ormand nommé Arefa fle,homme
de probité , de bon confeil Si é lo q u en t, qui par
ce tte raifon avoit été fouven temploïédans d.esnégo-
tiations auprès du roi de Fiance Si des autres feigneurs.
Il avoit chez lui un clerc nommé Herbert , qui alla
étudier i Orléans , 8i ferendit difciple de deux clercs,
qui écoient en très-grande réputation de doètrine Si
de fainteté,8i faifoient de grandes aumônesdeurs noms
étoient Eftienne ôc Lifoy e . On les eftimoit à la cour :
• le roi Robert les a im o it, Si Eftienne fut quelque tems
confeifeur de la reine C o n fian c e , Si étoit ch e f de l’école
de faint Pierre Puellier : L ifoy e étoit chanoine de
fainte C r o ix , qui eft la cathédrale. Mais ils s’étoient
laiffé féduire, comme p lufieurs autres, par une femme
venue d’Ita lie, qui leur avoir communiqué une herefie
, dont le fonds étoit la doètrine des Manichéens.
Ils traitoient de reveries tout ce qu’on lit dans l’ancien
Si le nouveau te flam en t, touchant laT r in ité 8i la
création du monde: difant,que le ciel Si la terre avoienr
toujours été comme nous les vo ïo n s , fans avoir ni auteur
ni commencement. Ils n ioient que J. C . fût né de
la V ie rg e M ar ie , qu’il eût fouffert pour les h ommes ,
qu’il eût véritablement été mis dans le fepulcre, ni qu’il
fut reffufcité. Ils difoient en core, que le baptême ne
lavoit point les péchés, que le corps Si le fang de J. C.
ne fe faifoient point par la confecrarion du p r ê t r e ,
H h h ij
A n . io i r .
l u i .
M a n ic h é e n s en
F r a n c e .
to. i . Spicileg. p»
6 7 0 .
tom• 9. conc»f •
8 3 8 .
Labbe Mejl. eur.
A S61'
jid ema r . Chr.p.
1 8 0 .