
4^o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
puis le portier jufques à l’évêque : car ces heretiqües n e
vouloient aucun culte extérieur; ôctenoient pour in diffèrent
quels fuifent les miniftres de leur religion 5e
en quels lieux ils en fiffent l'ex e rcice : dans des b o is ,
dans des carrefours, dans des cloaques. Ils ne fe met-
toient point en peine non plus en quel lieu on les enterrât
: difant que les cérémonies des funérailles , n’é-
toien t qu’une invention de l’avarice des prêtres. L ’évê*
que les inftruifit enfuite fur la penitenee : montrant
qu’elle eft utile même aux. morts, pourlefquels pn fait
des prières , des aumônes, ou d’autres oeuvres pénales.
C a r , dit i l , un ami peut fupléer à la penitenee que fon
ami n’a pu accomp lir , étant prévenu par la mort.
Il paffe au m ar ia ge , & d i t , qu’il ne faut ni le défendre
generalement, ni le permettre indifféremment à
tous : parce qu’il n’eft plus permis à ceux qui fe font
une fois engagés au fervice de l’églife. Il montre que
l ’on doit honorer les falots confefTeurs auffr bien que
les martyrs. Il juftifiela pfalmod ie, la vénération de la
croix 5c des images: l’ordre des dignités ecclefiaftiquesr
Enfin il établit la neceffité de la g râ c e , contre la fauffe
juftice de ces heretiqües. Sur tous ces points,- il rapporte
autant qu’il eft poffible, des preuves tirées du nouveau
teftament, parlesdifcours SC les exemples de Je-,
fus -C h r ift 5c des apôtres: mais il en allégué auffi plu-
fieurs de l’ancien teftament.
Ce tte inftru&ion de l’évêque dura jufques à la fin du
jou r ; 6c comme il v it que les heretiqües paroiffoient-
convaincus,il leur ordonnadecondamner leurs erreurs;
ôc lui-même en prononça ainfi la condamnation avec
tous les abbés, les archidiacres 5c le clergé. Nous condamnons
5c anathematifons cette herefie , qui dit que
L i v r e c i n q u a n t e -n e u y i e ’ m e . 46T
le baptême ne fert de r ien , pour effacer le péché o rig inel
5c les péchés a ¿fuels: que les péchés ne peuvent être
remis par la penitenee; que l’é g life ,l’autel le facrement
du corps 5c du fang de No tre Seigneur , ne font autre
chofe que ce que l’on vo it des yeux du corps, regardant
ce facrement comme une chofe vile ; 5c qui rejette les
mariages légitimés. Nous condamnons cette herefie 5c
tous ceux qui la foûtiennent. Ils ajoutèrent une profef-
fion de foi contraire à ces erreurs, où ils difent en parlant
de l’euchariftie : Nous déclarons que c’eft la mêmè
ch a ir , qui eft née de la V ie r g e , qui a fouffert fur la
c ro ix , qui étant fortie du fepulchre, a été élevée au-
deffus des cieux , 5c eft affife à la droite du pere.
C e tte condamnation fut prononcée en latin : mais
parce que ceux qui avoient profeffé l’herefie ne l ’en-
tendoient pas bien , on la leur fit expliquer en langue
vu lga ire par un interprète ; ôc ils déclarèrent qu’ils ac-
quiefçoiènt à la condamnation Ôc à la profeflion de foi.
On la leur fit fouferire, comme ilsp o u v o ien t, enfa i-
fant une croix ; 6c tous les affiftans rendant grâces à
D ieu fe retirèrent avec la benediétion de l’évêque.
Il envoïa la- relation de ce fynode à un évêque vo ifin,
que l’on croit être R'enauld d eL ie g e ,p o u r leprécau-
rionner contre ces h eretiqües, qui avoient fû fe dégui-
ferfi bien dans fon diocefe , qu’il les avoit laiffé aller
impunis. Gérard ajoute: ceux qu’ils ayoient envoyés
chez nous pour en féduire d’autres , ayant été pris ,
refiftoient avec une grande diffimulation,5c on ne pou-
Voit tirer leur confeffion par aucuns tourmens, jufques
à ce qu’étant convaincus par ceux qu’ils avoient pref-
que infeétés de leur erreur , ils nous en expliquèrent
une partie,
M m m iij.