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recommandables par leur fcience & leur vertu. Ils revinrent
avec joie ; & le jour de faint Barthelemi le
chancelier T u rq u e tu lq u itta l’habit feculier,& fe revêtit
du monaftique au milieu des cinq anciens. Aufli-tôt le
roi lui donna le bâton paftorale,& Ceo lulfe évêque de
Dorcheftre qui étoit le diocefain , lui donna la benedi-
¿lion abbatiale. Le même jour le nouvel abbé & les cinq
anciens qui faifoient toute la communauté remirent le
monaftere entre les mains du r o i , qui donna les ordres
neceffaires pour rebâtir l’églife & les lieux réguliers.
Enfuite le r o i , l'abbé Turquetul & deux de fes
moines allèrent à Lon dres, où l’on tint un concile le
jour de la Nativité de la fainte Vierge , &c là le roi
donna folemnellement au nouvel abbé le monaftere de
Croiland,. afin de lui en aiïùrer la poffeilion â l’avenir,
L aéte de cette donation effc de l’an 948. foufcrit par
les deux archevêques Vulftan d’Y orc & Odon d eCan-
to rb e r i, & par quatre évêques & deux abbez , dont
1 un eit faint Dunftan. Turquetul ne voulut point rétablir
l’ancien droit d’immunité ou d’afile de ce mo-
naftere , pour ne point participer aux crimes de ceux
qui viendroient y chercher l ’impunité. Plufieurs hommes
lettrez le fuivirent dans fa retraite & dix prirent
1 habit monaftique : les autres craignant l’aufterité delà
réglé gardèrent leur habit feculier, demeurant toutefois
dans le monaftere. Car ils ne pouvoient fe réfoudre à
quitter le faint abbé. Dans la fuite il leur donna un logement
feparé avec une chapelle, où ils faifoient l ’o ffice
du jour & de la nuit aux mêmes heures que les moines.
Leur habit étoit uniforme & noir, mais ils n’obfer-
voient de la réglé que la continence & l’obéiiTance. La
plupart finirent, leurs jours dans cette communauté,
L i v r e c i n q j j a n t e - c t n q j î i e ’m e . 77
En Saxe Adaldague aïant été choifî pour l’archevêché
de Brème dès l’an 93 G. reçut le bâton paftoral du
roi Octon & le pallium du pape Léon V I I . mais il fut
ordonné comme fes prédeceifeurs par larchevêque de
Maïence ; parce que Ton fiége n’avoir point encore de
fuffragans. Il commença par obtenir dit roi la liberté
& l ’immunité de la 'v ille de Brème, contre lopprcf-
iîon des feigneurs : enfuite il s’appliqua à la million
qu’il avoit reçue du faint fiége comme fes prédecef-
feu r s , pour la converfion des infidèles. Son zelc fu t
appuie par celui du roi Otton auprès duquel il avoit
un grand c réd it, en forte qu’il le quittoit rarement r
fans préjudice toutefois d,ufervicede fon diocefe &c de
fa milfion.
Les Danois s’étant révoltez contre O t to n , ce prince
leur fit la guerre avec avantage, & réduifit leur roi
Harold a demander la paix , à condition de relever
de lui fon roïaume , & de recevoir la religion chrétienne
en Dannemarc. Harold fe fit auflî - tôt bapti-
fer avec fa femme & fon fils encore enfant dont le
roi O tton fut parrain. On rapporte auffi un miracle'
qui contribua a la converfion du roi Harold. Dans
un feftinou il é t o i t , il y eut eonteftation fur le culte
des Dieux. Les Danois difoient que Jefus-Chrift à la
vérité étoit un D ie u , mais qu’il y en avoir de plus
g rand s, parce qu’ils montroient aux hommes de plus
grands prodiges. Un prêtre nommé Poppon qui fu t
depuis évêque', foûtint que Jefus-Chrift étoit le feul
Dieu avec le Pere & le faint Efprit. Le roi Harold lui
demanda s’il vouloir donner en f i perfonne la preuve'
de cette créance. Il le promit, & le roi le fit garder. Le'
lendemain matin il fit rougir un fe r très-pefant,& comÀ
N. 748.
x t .
S . Adadafgu»
arch ev êqu e de
Breme.
Sup. .
sidam. itl. #iV
c. i.
V it lq . Itb* }■. p.
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D itmar. lib' z ,
p. l8. ;