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mort trois ans auparavant, étoit dans la même here--
fie, fuivant le témoignage des catholiques & des hérétiques
mêmes : c’eft pourquoi l’évêque Odalric le fie
ôter du cimetière, & jetter à la voirie.
O n brûla de même ceux de cette lèéte, qui furent
trouvés ailleurs: particulièrement à Touloule, comme
témoigne Ademar, moine d’Angoulême, auteur du
tems. Il ajoûte, que ces émiflaires de l’A n te - ch r ilt
étoient répandus en différentes parties de l’Occident r
& le cachoient avec fo in, leduifant tous ceux qu’ils
pouvoient, hommes & femmes. Il les nomme exprefo
fement Manichéens, & dit qu’ils commettoient en lè-
cret des abominations qu’il n’eft pas même permis de’
dire,& toutefois à l’ extérieur,ils feignoient d’être vrais-
Chrétiens. O n vo it encore que c’étoit des Manichéens,
par les raifons qu’emploie le moine Glaber pour réfuter
leur doctrine. II montre premièrement la neceflité
de croire un Dieu fouverain auteur de toutes les lub fi
tances corporelles & incorporelIes.il marque la fource
du m a l, en ce que la créature s’eft écartée de l’ordre
prelcrit par le créateur. Il dit que l’homme étant placé
au milieu, entre la créature purement fpirituelle, 8c
celle qui n’eft: que corporelle, s’eft abaifle au deflous
de lui : que Dieu pour le relever a fait de tems en tems
des miracles, & lui a donné les làintes écritures dont il
eft l’auteur : que quiconque blafphême contre l’ouvrage
de D ieu , ne connoît point Dieu : que par les
faintes écritures, nousconnoiflons la làinte T r in ité ,
particulièrement le Fils de Dieu, de qui, par qui & en
quiefttoutcequieftveritab lement.il vient enfuite à
l’incarnation,dont le d.flèin eft derétabliren l’homme
l’image deDieueffacée par le peché;& enfin il mon-
L i v r e c i n q u a n t e -h u i t i e ’ m e . 433
tre , que le mérité des làints, n’eft que de s’être attaché
à J. C . par la foi & la charité.
Vers le même tems il arriva un prodige en Aquitaine,
près la côte de la mer. Trois joursavant lalàint Jean,
il tomba du ciel une pluie de làn g , qu’on ne pouvoit
laver, quand elle tomboit fur la chair d’un homme,
fur de l’étofe ou fur de la pierre;mais fi elle tomboit fur
du bois on la lavoit bien. Guillaume duc d’Aquita ne
en manda la nouvelle au roi Robert, le priant par la
même lettre de confulter les làvans de fcn rdiaume,
fur la lignification de ce prodige. Le roi en écrivit à
Gauflin fon frere naturel archevêque de Bourges, le
priant de lui écrire promptement,fi l’on trouvoit dans
les hiftoires, qu’il fût jamais arrivé quelque prodige
femblable ; & ce qui s’en étoit enfuivi.
L ’archevêque Gauflin répondit au r o i, en rapportant
plufieurs exemples de prodiges femblables, tirés
des anciennes hiftoires donnant à celui-ci des lignifications
my fterieufes. Fulbert évêque de Chartres,
que le roi avoit aulfi confulté, ne lui rapporte qu’un
grand paflâge de Grégoire de Tours, avec une explication
lèmblable : qui montre qu’on ne mettoit pas
alors en queftion, que ces prodiges ne fignifiaflent
quelque choie.
Gauflin archevêque de Bourges étoit fils naturel du
roi Huges Capet. Il fut élevé des l’enfance à làint
Benoît fur L o ire , 8c difciple du lavant Abbon : après
la mort duquel, le roi Robert fon frere lui donna cette
abbaïe : nonobftant la réfiftance des moines, qui ne
vouloienr point le recevoir, à caulè de là nailfance.
Après la mort de Dâbert archevêque de Bourges, le roi
l'éleva encore à cette dignité l’an 10 13 . Mais le peuple
I i i ij
A n. 10 2 a.
L V I.
Gauflin archev.
de Bourges*
Frag. Duch. I %,
to. 4. 86. 4 .*
E p . 9 6 ,
E p .? ! .? , 901
Adem, Chr. p.
I7i.