
7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
* de regler toutes les affaires temporelles & fpirituelÎes
A n . 948. qu roïaume ; 6c ce fut par fon confeil qu’en un même
jour il donna à fept églifes des évêques qui furent fa-
H ^ crez enfemble par l’archevêque Plegmond. Après la
s8- mort d’Edouard, Turquetul continua.de fervir le roi
Edelftan fon f i ls , Si même à la guerre, où il montra
une valeur finguliere ; Si toutefois il fut affez heureux
pour ne tuer perfonne.il fervit de même le roiEdmond j
Si ce fut par fon confeil qu’il'rappellaS. Dunftan : car
ce faint prêtre étoit l’ami intime Si le confeffeur du
chancelier.
Le roi Edmond fu t tué le vin g t - fixiéme de M a i
5 4 6 . après avoir régné fix ans Si demi, Si eut pour fuc-
eeffeur fon frere Edrede troifiéme fils du roi Edouard-
La fécondé année de fon regne il envoïa le chance-'
lier Turquetul à Y o r c pour maintenir dans fon fervicô
la Northumbre, où il c raigno itun e révo lté . Le chancelier
logea en paffant au monaftere de Croiland ruiné'
SHf.n.ït. par lesNormans plus de foixante Si quinze ans aupara-
s«ï.uv.i.i.n. vant. T outefois il reftoit encore cinq des anciens;
moines , dont deux s’étoient retirez en d’autres com-
munautez : Les trois qui étoient demeurez à Croiland :
efperoient toujours que Dieu leur envoïeroit quelqu’un
pour rétablir leur maifon. Ils allèrent donc au-
devant du chancelier ; & comme le jour fin iffo it, ils le
prièrent d’entrer chez eux. Ils le menèrent d’abord
faire fa priere au petit oratoire qu’ils avoient drefféen
un coin de leur églife ruinée , lui montrèrent les reliques
de faint Gutlac, Si lui contèrent Ehiftoire de
leur d éfola tion , dont il fut fenfiblement touché. Puis
le mettant à leur hofpice , ils emploïerent toutes leurs
prpvifions à le traiter lui Si toute fa fuite le mieux
l
L i v r e c i n ojj a n t e- c i n qu i e’m e . 7;
qu’il leur fut poifible : le priant d’interceder auprès du “
roi pour rétablir cette m a ifon , fuivant la volonté du
roi Edelftan fon frere. Le chancelier le promit, Si d’y
donner même du lien. Depuis ce jour il leur fut uni
d ’une affeéltion fort ten d re , & publioit par tout leur
charité.
A u retour d’Y o r c il y logea encore , Si leur donna
v in g t livres d’argent : puis aïant rendu compte au roi
du fuccès de fon vo ïa g e , il l ’entretint auffi de ce monaftere,
& lui fit promettre de le rétablir. Alors il déclara
devant tout le monde qu’il vouloir s’y rendre
moine lui-même : de quoi le roi fo r t furpris, lui re-
prefenta qu’étant déjà avancé en âge, Si aïant jufques-
là vécu délicatement, ilau ro it de la peine à pratiquer
une vie fi auftere : de plus qu’il lui étoit neceffaire pour
les affaires de fon roïaume. Le chancelier répondit :
Seigneur, j’ai fervi les rois vos freres Si vous avec la fidélité
que je devois félon mon pouvoir , permettez
que je ferve Dieu du moins en ma vieilleffe : tant que
je vivrai mes confeils ne vous manqueront jamais :
mais certainement je ne porterai plus les armes. Sa
retraite étant réfo luë, il fit crier par les rues de L on dres
que ceux à qui il devoit fe trou va ien t tel jour en
tel lieu pour être paï'ez , Sc que s’il avoir fait tort à
quelqu’u n , il le repareroit au triple. Après avoir fatis-
fait tout le monde, il donnaau roi foixante terres dont
il étoit feigneur , à la referve de fix voifines de Croi-
îand , qu’il donna au monaftere pour offrir à Dieu la
dîme de fes biens.
Il vint a Croiland avec le roi la veille de l’Affomp-
îio n quatorzième d’Août 948. Il fitavertirles deux anciens
moines qui s'étoient retirez ailleurs,& quiétoient
K ij
N. 948.
/