
JJifl.tranfl. f&e. y.
Ü e n e d .p . z o o .
Mabillp ahf. ». 6.
P ff%‘ :
40 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ?
res , lui offrit de grands prefens, & l’obligea^nfih dé
recevoir la dîme de fes biens, pour la distribuer aux
monafteres & aux pauvres, & de fe charger du gouvernement
de toutes les abbaïes qu’il avoit fous fa puif-
fance.
Gérard reforma entre-autres le tnonaftere de Blan-
dinberg ou faint Pierre de Gand , fondé par faint
Amand , Si occupé depuis plus de cent .ans par des
clercs feculiers que Gérard en chaifa pour leur dérèglement
, fans avoir égard à la nobleffe dont ils fe
van to ient, & mit à la place des moines très-réguliers.
Les clercs furieux attentèrent à fa v ie , & vinrent l’attaquer
jufques dans l ’églife , comme il étoit à l’autel
: mais il les étonna par fa co n fian c e , & leur pardonna,
Il fit cette réforme l’an 5141. Si la communauté
devint nombreufe en peu de temps. Trois ans après
il fit apporter à faint Pierre de Gand les reliques de
faint Vandrille , de faint Anfbert & de faint V u lfran ,
qui avoient été tranfportées à Bologne fur la mer en
3/8. pendant les rayages des Normans. Vic frid évêque
de Teroüanne voulut s’oppofer à cette trajafla-
t io n , & conferver ce tréfor dans fon diocefe : mais il
fut obligé deceder.à la volonté du comte A rnôuld.
O n nomme jufques à d ix -h u it monafteres que Ge^.
rard réforma, Si dont les plus connus font faint Pierre
5c faint Bavon de Gand , faint Martin de T o u rn a i,
Marchienne , faint Vaaft d’Arras, faint Riquier , faint
B e r tin , faint Orner & faint Amand. D ’ailleuts il effc
certain que Gérard gouverna les monafteres de faint
Remi à Reims & de Moufon, Sur la fin de fa vie il
mit des abbez ou d’autres fuperieurs dans tous ces
paoiiafteres, Si fe retira à B ro g u e , pour en prendre un
L i v r e c i n q u a n t e - c i n q r i e ’m s . 41
fo in particulier. Enfin il y mourut en ?/<). letroifiéme
d ’Odtobre jour auquel l’églife honore fa mémoire.
Un autre moine illuftre du même temps étoit Jean ,
depuis abbé de Gorze. Il naquit à Vendieres entreMetz
Si T o u l , Si étudia fort bien la grammaire , l’écriture
fainte , les canons Si les loix civiles. S’étant donné à.
D ie u , il fit une confeflion générale , & reçut la peni-
rence que lui impofa Humbert reclus à V e rd u n , renomme
par fa vertu & fa fc ien ce ;& d ep u is ce tem p s jean
nemangeapoint de viande, & pratiqua des jeûnes très-
rigoureux. Ai'ant oiii parler d’un folitairenommé Lambert
, qui v ivo it dans la forêt d’A rg o n n e , il alla le trouver
, délirant ardemment de mener la vie d’ermite.
Mais Lambert étoit un homme ruftique Si ign orant,
d on t la pieté confiftoit à s’accabler de travail, quelquefo
is hors de raifon : vivant d’une façon fi extraordinaire;
qu’il etoit difficile de le voir fans rire. Il ne fe mettoit
point en peine de couvrir fon eprps , même pour fatis-
faire a la pudeur. Pour fa nourriture il faifoit fouvent
un pain qui lui durait deux m o is , Si dont il rompoic
tous les jours à coups de coignée un morceau qu’il pre-
n o it âu poids. Il m an g e o itq u an diln ’en p ou v o itp lu s ,
après deux ou trois jours de jeû n e , de jour ou de n u i t ,
fans aucune heure réglée, Quand la fantaifie lui pre-
n o i t , il alloit dans les villes Si les v illa g e s , puis tout
d ’un coup il fe renfçrmoit dans fa cellule, Il cotnmen-
Çoit quelquefois la meffe à minuit, quelquefois le foir
ou à la pointe du jour,
Jean de Vendieres ne laiffa pas de vivre quelque temps
avec ce fo lita ire , s’étant enfermé dans une cellule ,o ù
pluneurs perfonnes de Verdun le venoient voir pout
s’édifier par fes difeours. Ils lui cpnfeillerent de | f w '
Tome X I I . F
M a r t y r . R . 3.
05tT
XXVI.
S. Jean de Gorz
Vit a ». p- 3 6