
i o 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e *
contre les Sarafins, confulta le fa in t , qui lui fit répoffl-
fe , que cette entreprife n’étoit pas agréable à Dieu ;
mais, l’empereur ne voulant pas perdre la dépenfe de
cet armement, fui vit fon deifein 8c s’en repentit: ce
qui lui arriva plus d’une fois. L ’empereur lui envoïa
un jour le patrice Photius un de fes principaux minif-
tres, avec ordre de bien obferver fon vifage & tou t
fon extérieur; mais quand le patrice vouloir regarder
le faint homme , il ne pouvoir foutenir l’éclat de fois
v ifa g e , ce qui arriva encore à d’autres. Tou te fois cette
lumière n’étoic vifible qu’à ceux que Dieu vou lo ir
en favorifer. Paul pria ce patrice d’appliquer fur la
fainte image d’Edeffe un linge de même grandeur & l e
le lui envoïer. Quand on l ’eut apporté 8c déplié , le
faint homme y v it clairement l ’image femblabîe à l ’o -
riginal ; mais les autres n’y virent rien. Il emploïa fo»
crédit auprès de l ’empereur pour faire bannir loin de
C ib y rreo te 8c de M ile t les plus eonfiderables 8c les
plus dangereux des Manichéens.
Paul àvoit accoutumé de faire un fe fiin Je Dimanche
de l’oétave de Pâques, 8c d’y convier beaucoup demande.
L ’économe de la laure fe trouva une année-
fo r t embaraiTé, n’aïant ni farine , ni vin , ni légumes*
I l en avertit le faint qui lui reprocha fon peu de fo i ;
& dès le matin vinrent des mulets chargez de pairt
b lan c , de vin , de fromage , d’oe u fs , & de quantité-
d’autres provisions, envoïées par les voifins , entr’au-
tres par l’évêque d’Amazonte & fon clergé. O n voit p ar
là quels étoient les mets délicieux de ces feftins. U ne
des fêtes que Paul celebroit avec plus de folemnité ,
e toit celle de fainte Aecaterinemartyre, que l ’on c roit
être la même que Catherine ; & c’eft la preuve la plu$
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L i v r e c i n q u a n t e - c i n q u i e ’m ë . 107
ancienne que l ’on trouve de fon culte. Il avoir une t e l - ---------------
le affe&ion pour l ’aumône, qu’il donnoic to u t, jufqu’à ^ N .
fa nourriture 8c à fes habits ; & enfin il voulut une fois
fe fait vendre comme efclave en païs inconnu , pour
donner le prix aux pauvres.
Sentant approcher fa fin , il appella fon difciple, &
îui diéta des réglés pour les moines de la laure , puis .il
retourna à la montagne jufqu’au jour de faint Nicolas
iixiéme de Décembre , qu’il revint à la laure &c fit célébrer
la nielle plutôt qu’à l ’ordinaire. Puis il fe coucha
fur un lit contre fa eoûtume , & la fièvre le prit ; mais
il ne ceifa point de prier Dieu 8c d’exhorter les moines
fans vouloir nommer fon fucceifeur, qu’il laifla à leur
ch o ix. Il mourut l’an du monde 6 4 6 4 . indi£tion quato
r z ièm e ,q u i eft l’an de grâce le quinzième de
Décembre jour auquel l’églife Greque honore fa mémoire.
Il étoit de petite ta ille , ch au v e , la barbe courte,
le vifage pâle , mais très-agréable.
U n des moines aïant été délivré à fon tombeau du.
démon qui le poiïedoit : Simeon indigné du tumulte
q u ’il avoit caufé dans l’é g life , s’approcha du tombeau
d u fa in t , & lui di t , comme s’il eut été vivant : Eft-ce
là donc votre averfion pour la gloire humaine ? Votre
amour pour la folitude 8c pour la tranquillité î Vous
allez nousjetter dans des troubles infinis. C e lieu fera
b ien -tô t rempli d’hommes, de femmes 8c d’enfans : 8c
quelle liberté après c e la , quel repos aurons-nous 5 Si
vous prétendez nous troubler ainfi par vos miracles,
faites-le nous fça voir promptement : nous vous defcen-
drons de la montagne 8c vous laiderons en bas faire ce
q u il vous plaira. Depuis cette remontrance le faint ne
guérit çn public aucun pofledé, quoiqu’il fît plufieurs