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Enguerran ab2
bè de S. Ri
quier
450 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nés grâces du pape Benoît VIII. Les princes avoïent
un tel refpeét pour lui x que fouvent il accommodoit
leurs différends. Il pardonna à un moine qui avoit vo u lu
le tuer ; & le vo'iant fincerement converti , en fit
un de fes plusfideles diiciples.
l x i . U n autre abbé chér i du roi R o b e r t , fut Enguer ran
É| Je S. Riqu ie r . i ln ’étoit pas de grande n aiflance; mais
H H (. dès l’enfanc e il fit paroître une grande inc l ina t ion pour
Men. f. 4^4. Jes lettres. Il embraffala v ie monaftique dans 1 abbaïe
de C en tu le , qui aïant été fondée par S. Riquier v e rs
l ’an 71J.ÔC ruinée par les Normands dans le fiecle fuiv
a n t , v eno it d’être rétablie par l’abbé Ingelrad, auparav
an t moine de Corb ie . C e t abbe permit au jeune Enguerran
d’aller étudier à Chartres fous 1 eveque Fulbert
où il apprit la grammaire ,lam u fiq u e &. la d ialectique.
Cependant le roi Robert voulant faire par dévo
tion 1- vo ia ge de R om e , faifoit chercher des eccle-,
fia lliqu e s inftruits , pour l’accompagner j & fur la réputation
d’Enguerran, il le m en a a v e c l u i , & fut trcs-
content de fa doêtrine & de fes moeurs. C e voiage fut
en viron l an 102.0. & le roi réfolut des-lors de placer
En gu e r ran en quelque d ign ité e c c le fia fliq u e .
Etant retourné à ion monafte re, il y ranima les études,
enforte que l’on s’appliqua a chercher des livres , &
en tranfcrire de nouveau , & à inftruire la jeuneffe.
Cependant l’abbé Ingelrad m ourut, & toute la communauté
élut Enguerran pour lui fucceder, excepte quelques
uns qui s’y oppoioient,parce qu’ils etoient enflez
de leur nobleffe. Le ro i ravi de trouver cette occafion
d eplace rE n gu e r ran ,v int auflî tôt à S. R iq u ie r : mais
c e lu i-c i l ’aïant appris par avance , fe cacha dans les
bois.Lc roi étant a rrivé, le fit fi bien chercher, qu on le
L I V R E C IN QUANT E -HUI T I EME
trouva j & quand on le lui eût amené , il entra dans
l ’églife , & en préfence de tous ceux qui s’y trouvèrent
, il le mit en poffeifion , en lui faifant toucher
les cordes des cloches. Car les inveftitures fe faifoient
toujours par quelque fign e fenfible.
Le nouvel abbé eut grand foin de réparer les bâti-
mens du monaftere , d’orner l ’églife , & retirer les
biens ufurpez : d’empêcher par fa fermeté les ufurpa-
tions n o u v e lle s , & d’augmenter au contraire le temporel
, par diverfes donations qu’il reçut. Il é c r iv it
par le confeil de l’év êque Fulbert fon m a îtr e , la v i e ,
les miracles & la tranflation de S. Riquier en quatre
liv r e s , & com p o fa quelques ouvrages en vers. Il v é cut
jufqu’à l ’an 1045. G u y alors archidiacre, & depuis
é v ê q u e d’Amiens , fit fon épitaphe. Il a vo it été ion
d ifc ip le , ôcfut un poëce fameux en fon tems.