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A n. 1015. promit fous telle, caution qu’il v o u lu t , de lui fournir
tous les a n s , tant qu’ ils viv ro ien t l ’un & l ’autre, pendant
le carême la quantité necetíaire d huile d’o liv e s ,
pour faire le iaint crème. Cet exemple 8c celui de la
dédicace du monaftere de Loches , montrent que les
sup.im.m u . é.vêques de ce tems là , ne croïoient pas le pape au-
deifus des canons,
vin. il eft tems de reprendre la fuite de la v ie de faint
aeUfaîmRo.Y1C R om u a ld , fit de voir fabienheureufe fin. Après qu'il
muaid. eût quitté l’empereur O tton III. fit lui eût prédit fa
Sup, liv.iviunj8# » a io rc, il rl e ret• ira na P aren zo , v i*l11l e lri tuc' e dJans une peninfule
de l’I f t r ie ,.& y demeura rrois ans : pendant la
vit* n. 5î , p r e m i è r e defquels il fonda un monaftere, fit y établit
f ‘j f l il | |gf un a b b é , les deux autres années il demeura reclus. Là
Dieu l’é le v a àu n e fi haute perfeélion , qu il connoiiToit
l ’a v e n ir , Sc penetroit plufieurs myfteres de l’ancien 8c
du nouveau teilament. il y reçût tout d’un coup le
don deslarmes, aufquelles auparavant i ls ’excitoit inutilement:!
fit il lui dura tout le relie de fa v ie . Souvent
dans la contemplation il s’écrioit,tranlpprté de l’amour
d iv in ; Mon cher Jefes , mon doux Jelus , mon- defir
ineffable, douceur des faints , fuavité des anges ; Se
d’autrés paróles au-deftus du langage humain. Il ne
vouloir plus celebrer la melfe devant beaucoup de
mon de , parce qu’il ne pouyoit retenir l’abondance de
íes larmes ; Sc comme fi fes difciples avoient reçû le
même don, il leur d i foi c : Prenez garde de ne pas répandre
trop de larmes, elles affoibliifent la v û ë > & nqifent
à la tête.
y II fortit de cette re tra ite , .cédant à l’inlf ante priere
des freres de fes autres monafteres : mais l’é v êq u ed e
Parenzo l’ayant appris en fut fi affligé, qu’il fit publier,
L i v r e o i n q u a n t e - n e u v i e ’m b ; 465
que quiconque donneroit uriebarqueà Romuald pour
repalfer enIcalie, ne rentrerait plus à Parenzo. Il arriv
a deux barques de dehors dont les mariniers le reçurent
avec jo ie , s’eftimant heureux de porter un fi grand
tre for, mais dans le paflage il furvint une fi violente
tempête , que tous fe crurent prêts à périr : les uns fe
dcpoüilloient pour n a g e r , les autres s’attachoient à une
planche : Romuald aïant abaiffé fon capuce, 8c mis fa
tête entre fes genoux , pria quelque tems en filence ;
puis il dit à l’abbé Anfon , qui étoit près de lui de
déclarer aux mariniers qu’ils n’avoient rien à craind
re ; 8c peu de tems après ils arrivèrent heureufement
à Caorle.
Romuald v in t à fon monaftere de B ifo lco , dont il ».5*.
trouva les cellules trop magnifiques, fie ne voulut lo g
e r que dans u n e , qui n’avoit guere que quatre coudées.
N ’aïant'pu perfuaderà fes moines de fe foumet-
tre à la conduite d’un abbé ; il les q u itta , 8c envoïa
demander une retraite aux comtes de Camerin. Ils lui
offrirent avec grande joie toutes lès terres de leur é ta t,
déferres ou cultivées ; 8c il choifit un lieu nommé V a l
de C a ft ro , qui eft une plaine fertile 8c bien arrofée;
entourée de montagnes 8c de bois. Il y avoir déjà une
petite églife 8c une communauté de penitentes , qui
lui eederent la place. Romuald commença donc a y
bâtir des cellule s , 8c à y habiter avec fes difciples , 8c
il y fit des fruits incroïables. Qn venoit à lui de tous
cotez chercher la pén iten ce: les uns donnoient leurs
biens aux pauvres, les autres quittoient le monde entiè
rem en t, 8c embraffoient la vie monaftique; Lefa int
homme, étoit comme un feraphin, tellement embrafé
- de l’amour de Dieu , q u ’il l’aliumoit dans Les.coeurs de
Tome X I I . N n a