
ïj8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Francs, n'avons pas de plus grande injure à d ireâ un
63, homme , que de î ’appeller Romain. C e nom lignifie
parmi nous tour ce qu’on peut imaginer de baifeife ,
de lâcheté, d’avarice , d’impureté & de fourberie.
L ’ambafTadeur eutenfuite une conférence avec Léon
Curopalate frere de l ’empereur & quelques autres officiers
: qui lui dirent que pour parvenir à l’alliance qu’il
p rop ofo it, il fallo it qu’O tfo n remît à Nicephore, R a -
v en n e , Rome & tout le refte de l ’Italie vers la Grece ;
ou que s’il vouloir avoir fon amitié fans faire de mariage
, il JaifTât Rome en liberté & abandonnât les princes
de Capouë & de Benevent. Luitprand répondit 5
Q u i tient Rome en fervitude? A qui paie-t-elle tri but 5
L ’empereur Conftantin fondateur de cette ville , a d o n né
â l ’églife Romaine quantité de b iens, non feulement
en I ta lie , mais dans tout l ’O ccident & l’Orient : en
Grece, en Judée, en Perfe, en Mefopotamie , en C a l-
d é e , en Eg ypte & en L y b ie , comme témoignent fes le t tres
que nous avons. Pour ce qui eft en Ita lie , en S a x e ,
en Bavière , dans tous les roïaumes de mon maître appartenant
à l’églife Rom ain e , il a tout remis au pape ;
& s’il en retient aucune ville ou v illa g e , ou v a fïau x , ou
ferfs, je ne fuis pas chrétien. Pourquoi l’empereur votre
maître n’en ufe-t-il pas de même , en remettant à l ’é -
g life Romaine les biens qui font dans fes é ta ts , pour la
rendre plus libre & plus riche ? Bafile un des commif-
faires Grecs répondit ; Il le fe ra , quand il difpofera à
volonté de Rome & d e l ’églife Romaine,
Une autre fois Luitprand mangeant encore à la table
de V empereur avec plufieurs évêques & le patriarche ;
l ’empereur luipropofa diverfçs queftions de l ’écriture ,
puis il lui dit. Quels conciles receyez-yous ? Luitprand
L i v r e c i n q u a n t e - s i x i e ’m e . 1^9
fépondic : Ceux de Nicée , de Calcédoine , d’Ephefe ,
d’Antioche , de Carthage , d 'A n c y re , de C . P. L ’empereur
reprit en riant : Vous avez oublié de nommer
celui de Saxe ; mais il eft fi nouveau , que nous ne l’avons
pas encore dans nos livres. Luitprand répondit :
Comme on applique le remede fur la partie malade, il
a fa llu tenir ici les conciles, parce que les herefîes y ont
pris naiffance. Il eft vrai que la foi eft nouvelle en Saxe,,
auffi y eft-elle vigoureufe & foutenuë par les oeuvres
: ici il femble que la vieillefTe l’ait affoiblie & rendue
méprifable. Dans un autre repas où étoit Luitp
ran d, l’empereur Nicephore fît lire une homcîie de
S. Jean Ch ryfoftom e fur les adfces.
Le vingtième de Juillet les Grecs celebrerent la fête
du prophète Elie , c’eft-à-dire fon enlevement au c ie l,
& la celebrerent, dit Luitprand, par des jeux de théâtre,
I l dit que ce jour étoit un lundi, ce qui marque l’an
968'. A la fête de l ’affomption de la fainte Y ie r g e , arrivèrent
â C .P . des nonces du pape Jean , avec des lettre
s, par lefquelles il prioit l’empereur Nicephore , de
faire avec l’empereur O tton le traité d’alliance & le
mariage propofé. Les Grecs furent extrêmement irritez
, de ce que le pape dans fes lettres donnoit à Otton;
le titre d'empereur des R om a in s , &c ne qualifioit N i cephore
qu’empereur des Grecs. Que lle infolence, di~-
foient-ils, à un miferable barbare ? Comment la mer a-
t-elle fouffert un tel blafphême, fans abîmer le vaiffeau
qui le portoit ? Mais que ferons-nous à ces malheureux
nonces? C e font des gueux couverts de haillons, des et-
clavcs ruftiques : nous nous deshonorerions de tremper
nos mains dans un fang fi abjeél. On les mit donc en pri—
fo n , jufques au retour de l’empereur, qui étoit abfènt.-
A n . 968.
xxr.
N o n c e s d u papfc
m a l t r a i t e z à G. P<
M e n o l . H o .J u h