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8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
Par la leôture des peres, & particulièrement de la
réglé de faint Ben o ît, Odon conçue un grand defir de
pratiquer la vie monaftique : de il fu t lecondé en ce
deffein par un chevalier, nommé A d egr im , qui quitta
le fervice du comte Foulques, & vint demeurer
avec lui. Par tous les lieux de France où ils apprirent
q u ’il y avoit eu des monafteres célébrés, ils y allèrent
eux-mêmes, ou y envoïerent, & n’en trouvant point
où ils puifent vivre avec la régularité qu’ils cher-
choient, ils revenoient triftes à leur cellule. En e ffe
t depuis foixante ans les guerres civiles 8c les ravages
des Normands avoient ruiné la plûpart des monafteres.
Les moines avoient été partie tuez , partie
mis en fuite, emportant leurs reliques, 8c le peu qu’ils
pouvoient fauver de leurs livres 8c du trefor de leurs
égliiès. Ils fe retiroient aux lieux les plus sûrs,ou de-
meuroient errans, menant une vie vagabonde &m é -
prifable. S’ils pouvoient refpirer quelque p a r t , ils y
bâtiffoient des cabanes, où ils cherchoient plutôt à
fubiifter qu a pratiquer leur réglé. Quelques maifons
abandonnées parles moines,furent occupez par quelques
peu de clercs, qui ne laiflerent pas de les garder
quand les temps furent devenus meilleurs.
Les deux amis ne trouvant point en France de monafteres
à leur gré ; Adegrim refolut d’aller à Rome.
Mais en paifant par la Bou rgogne , il arriva à la Baume
ce nouveau monaftere de l’abbé Bernon. Il y fut
reçu félon la réglé de faint Benoît , dans la maifon
des hôtes, & voulut y demeurer quelque temps pour
apprendre les moeurs & les ufages de ce monaftere.
C ’étoit les inftitutionsde l’abbé Ë uticus ,c’eft-à-dire,
Benoît d’Aniane. Adegrim les aïant coniiderées en
donna
L i v r e c i n q ü a n t e - c in q u i e ’m e . p
donna avis à Odon : qui aufti-tôt l’alla trou v e r , portant
fes livres au nombre de cent volumes. Adegrim
fe renferma dans une cellule par lapermiftion de l’abbé
Bernon 8c y demeura trois ans : Odon comme fça-
vant fu t chargé de l ’école, c’eft-à-dire,de la conduite
des enfans qu’on élevoit dans le monaftere. Il avoit
alors trente ans : ce qui montre que c’étoit l’an pop.
Adegrim fuivant fon attrait pour la folitude fe retira
avec permiflion en un defert & fe logea dans une petite
caverne. Il vécut ainfi plus de trente ans, venant
feulement les dimanches au monaftere de C lu g n y ,
dont il n’étoit qu’à deux milles. Il y prenoit de la fa-
rine pour faire fon pain 8c quelque peu de fè v e s , 8ç
retournoit aufti-tôt à fondéfert, fouffrant les incom-
moditez du chaud 8c du froid , 8c quelquefois des
tentations violentes d’ennui 8c de defefpoir.
Pour Odon il eut beaucoup à fouftrir dans le mo- *. 2j»
naftere, dp la part de quelques mauvais moines,qui
pour ébranler fa vocation, feplaignoient de la duretc
a e l’abbé Bernon : ou lui faifoient à lui-même des reproches
& des in fu lte s , d on t il ne fe défendoit que ».3$
par une extrême patience. Il les droit à p art, leur de-
mandoit pardon profternéà lçurs pieds ; 8c np laiffoic
pas pnfuite de leur enfeignçr ce qu’ils defiroient & leur
faire tous les plaifirs qu’il pouvoit. A ïan t un grand
?ele pour la converfton de fes parens,il obtint la per-
miflion d’aller chez fon pere,& l’amena au monaftere
où il le fit recevoir. Il ht aufli prendre le voile à fa
merp. L ’abbé Bernon prévoïant qu’Odon feroit un ffifj
jour un hommeftluftre, le fit ordonner prêtre contre
fon gré par Turpion évêque de Limoges,prélat diftin-
gué par fa vertu 8t par fa fciepcc, Bernon lui aïant ep-
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