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fon ind ign ation, & il cherchoit les moyens de la fatif-
faire. Mais il lui vint unulcere qui le tourmenta pendant
trois ans , & lui confuma les parties que l’on ne
nomme point, avec une in fe& ion infuporrable. Il reconnut
que c’étoit la punition de Tes débauches , fe
repentit de Tes emportemens contre le faint ab b é , &
l’enyoïa prier de le venir v o i r , & lui donner fa bénédiction.
Le faint homme fe fit prier long-temps pour
l ’humilier à fon to u r , & n’y alla qu’au bout des trois
a n s , lorfqu’il fçût que le mal attaquoit déjà les parties
nobles.
Le gouverneur lui embraiTa les pieds fondant en lar mes,
& N il l ’aïant r e le y é j l lui fit la confelîion de tous
fes peche z,& le conjura de lui donner l’habit monafti-
que ; difant qu’il avoit fait voeu d’être moine. Le faint
lui répondit : Tous ceux qui ont péché après le baptême
, font obligez fans aucun voeu à embraifer la pénitence
: mais quant à vous donner l’h a b it , je ne fuis
qu’un fimple moine fans aucun ordre ecclefiaftique.
V o ic i un métropolitain, c’étoit celui de fainte Séverin
e , vo ici des évêques Bf des archimandrites, ç’eft à eux
d ’accomplir votre fouhait. Toutefois Eupraxius le
pria tant , qu’il lui coupa les cheveux de fa m ain , & le
revêtit de l’habit monaftique en préfence des évêques
& desabbez. Alors le gouverneur les pria à m anger, Si
les feryit à table lui-même , tant il fe trouva de force.
Puis il dilfribua de fa main aux pauvres tout ce qu’il
a v o i t , ou le légua aux églifes ! il affranchit tous fes ef-
claves &c mourut trois jours après plein de componction
Si d’efperance. Il avoit fait N il exécuteur de fon tefta-
ment : mais le faint homme ne voulut point s’embaraffcr
dans tant d’affaires, S£ s’en déchargea fur lç métropolj.-
L l V R E CI N QU A N T E-S E P T l e’m E. 139
Il délivra plufieurs poffedez , en leur faifant faire x -
l ’onétion de l ’huile par les prêtres, ou les envoïant à
Rome aux tombeaux des apôtres ; mais il ne vouloit t
pas leur faire le moindre figne de croix de fa main.
Quelque répugnance qu’il eût à venir dans le monde,
& en voir le tumulte , il ne laiffoit pas dansl’occafion
d’interceder pour le peuple auprès des magiftrats, afin t .m ..
de fauver les malheureux opprimez , & quelquefois
les coupables. Et il ne craignoit point de fouffrir pour
cet effet la fatigue de marchera pied & les incommo-
ditez des faifons. Plufieurs des officiers, qui venoient
en Italie , lui offraient de grandes fournies d’a rg en t ,
pour la fubfiftance de fa communauté, ou pour les
pauvres : mais il leur difoit : Mes freres feront heureux,
fuivant le pfeaume , s’ils vivent du travail de
leurs mains; & les pauvres crieront contre vous, comme
retenant leur b ien , & m’admireront commepoffe-
dant tout fans rien avoir.
Un eunuque de la chambre de l ’empereur 1ai’ant
prié de le venir v o ir , lui dit : Je n’ai point de parens,
& j ’ai de grands biens : j’ai réfolu de les donner à Dieu’
& de fonder un monaftere. Venez avec moi à Conftan-
tin o p le , je prendrai le faint habit de votre main, & je
vous ferai converfer familièrement avec les empereurs,
comme vous êtes ici avec moi. N il fit félon fa coutume
le figne de la croix fur fa poitrine, & répondit à
l ’eunuque : Votre deffein eft beau & agréable à Dieu,,
mais il ne me convient pas de quitter mon défert &c
les pauvres qui fouffrent avec mo i , pour me promener
dans les.villes, & me charger d’affaires. Manque-
t-on à Confhn tin op le de moines &. d’abbez , pour
donner 1 habit a ceux qui veulent quitter le monde î