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u t H i s t o i r e E c c l es i a s t i q u e .
qui avoit été abbé de Claffe. Ce prélat l ’exhorta à fui-
vre fon fajnt d e fir , & recommanda aux moines de le
recevoir fans hefiter : ce qu’ils firent appui'ez d’une
te^e au^°rité. Romuald avoit alors vingt ans, & H o -
neftus etqit entre dans le fiege de Ravenne l'an 571.
d ou il s enfujt que Romuald ne pouvoir être né plû—
viu».7. tôt que vers l’an <>;z. Il demeura environ trois ans
aumonaftere de ClaiTe ; mais voiant que l’obfervance
y etoit relachee, il commença a reprendre feverement
les m oin e s , leur mettant la réglé devant les yeu x. Indignez
de la hardiefle de ce jeune homme , ils refolu-
rent fa mort ; 6c comme il fe levoit la nuit avant les
autres pour prier, ils.vouloient le précipiter d’une ter-
raifc. Mais étant averti par un des complices , il évita
le péril.
Comme il avançoit de plus en plus dans le defir de
la perfeéHon , il apprit qu’il y avoit près de Ven ife un
ermite nomme Marin d’une haute fpiritualité. A ïan t
donc demandé le confentement de l ’abbé & des moines
de Claife , qui lui fut facilement accordé , il s’embarqua
pour l’aller trouver, & fe mit fous fa conduite,
Marin étoit un homme d’une grande fimplicité 6c d’une
grande pureté, mais qui n’avoit point eu de maître
dans la vie folitaire. IJ recitoit tous les jours lepfeautier,
ôç comme Romuald ne fçavoit rien quand il quitta
Je monde, à peine pou voit-il encore lire en ce temps-là,
Marin lui donnoit des coups de baguette fur la tête dix
• çô tégauche pour le corriger, 6c Romuald après l ’avoir
long-temps fouffert, lui dit enfin : Mon maître, frap,
p e z -m o i, s’il vous p la ît, du côté d ro it; car je n’entends
prefque plus de 1 oreille gauche. Marin admira la par
tience, 6c Je traita plus doucement.
L i v r e c i n q u a n t e - s e p t i e’m e . ZZ3
Pierre Urfeole alors duc de Venife , étoit monté à
cette dignité par le crime. V ita l Candidien fon pré-
deceifeur étant devenu fu fp e ft aux V én itien s , ilsconf-
pirerent contre lui & réfolurent de l’attaquer dans fon
pa la is , 6c le tuer avec toute fa famille. Mais comme il
fe tenoit fur fes gardes, ils s’aviferent de brûler la mai-
fon de Pierre Urfeole contiguë au palais, & lV fir en t
confentir, en lui promettant de le faire duc : ce qui fut
exécuté. Pierre aïant ainfi fatisfait à fon ambition, fut
touché du remords de fon crime, & demanda confeil à
un abbé nommé Guerin, qui étoit venu de C a ta lo gn e ,
allant en divers lieux faire des pèlerinages de dévotion.
Il confulta auffi Marin & R om u a ld ; ¿¿toustrois
conv inrent, qtie Pierre devoir renoncer non feulement
a. fa dignité mal acquife, mais au monde, 6c ernbraf-
[er la vie monaftique. Il fe déroba donc fecretement
a fa femme & à fa famille , avec un de fes amis nomme
Jean Gradenic : ils allèrent joindre les trois autres
& s’etant embarquez tous c in q , ils arrivèrent en C a talogne
au monartere de faint Michel de C u fa n , que
Guerin gouvernoit dès l ’an , 7 i . Pierre Urfeole & Jean
Gradenic s’y rendirent moines, mais Marin & R o muald
demeurèrent près du monaftere , continuant à
mener la vie éremitique, à laquellssils étoient accoutumez
, 6c au bout d’un an les deux autres fe joignirent
a euxi &
Romuald fe diftingua tellement par fon z e le , qu’il
devint bien-tôt leur maître, & Marin lui-même fefoû-
mit à fa conduite. Pendant un an Romuald ne prit
pour nourriture par jour qu’une poignée de poix chiches
cuits ; & pièndant trois ans lui & Jean Gradenic
vécurent du bled qu’ils recueilloient en labourant à la
II
Converfion de
Pierre Utieolc.
Afta, SS. Ben. fa '. î- />• 877. fa ,
gg&
II I .
Saint Romuald en
Catalogne,