
¡ .S i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Nos advcrfaircs d ifcn t , que pour la dépolition d’Ar-
n o u l , il falloir attendre le jugement de l’eveque de
Rome. Pourront-ils montrer que fon jugement foit
plus grand que celui de Dieu ? C ’cft qu’il luppofe que
le jugement canonique des évêques , eft le jugement
de Dieu ; mais la quelfion é to it , Il celui-ci devoit pal-
fer pour canonique. Il continue : Je dis ha rdiment,
que il 1evêque de Rome lui-même peche contre fon
frere, & étant averti plufieurs fo is , n’obéit pasalegli-
fe , cet évêque de Rome , fuivant le commandement
de D ieu , doit être regardé comme un païen, & un
publicain. Plus le rang eft élevé , plus la chûte eft dan-
gereufe.
Que s’il nous croit indignes de fa communion, parce
qu’aucun de nous ne veut juger contre l’é v an g ile , il ne
pourra pas pour cela nous féparer de la communion de
J efus -G hrift, ni nous ôter la vie éternelle. O n ne doit:
pas appliquer aux évêques ce que dit faint Grégoire ::
que le troupeau doit craindre la fentence du pafteur ;
fo it qu’elle foit jufte ou injufte. Car les évêques n e
font pas le troupeau , c’e ftle peuple. Vous n’avez donc
pas dû être fufpendu de la com mu n ion, pour un crime
que vous n’avez point confeiTé , &c dont vous n’e—
tes point convaincu ; ¿¿ on n’a pû vous traiter de reb
e lle , puifque vous n’avez jamais évité les conciles. I l
ne faut pas donner occafion à nos ennemis de d it e ,,
que le iacerdoce , qui eft un par toute l’églife , foit
tellement fournis à un f c u l , que s’il fe laiife corrompre,
par argent, par faveur , par crainte ou par ignorance,,
perfonne ne puiffe être évêque, fans fe foutenirauprès-
de lui par de tels moïens. La loi commune de l’é g liie ,
e ft l'é c ritu re , les canons & les décrets du faint fiegq
L i v r e c i n q u a n t e - s e p t i e ’m e .
qui y font conformes. Quiconque fe fera écarté de ces
loix par mépris, foit jugé fuivant ces loix : qui les ob-
ferve foit toujours en paix : Gardez-vous donc de vous
abftenir des faint myftcres -, ce feroit vous rendre coupable.
Gerbert écrivi t plus amplement fur ce fujet à Vildc ro-
de évêque de Straibourg , qui l’avoit prié de l ’inftruire p' l‘ h
de fon affaire. Ilia raconte ainfi : A rn o u l, qu’on dit être
fils du roi Lothaife , après avoir circonvenu fon évêque,
& l’avoir livré avec fa ville, c’eft lev êq ue dcLaon ;
après beaucoup de fang répandu, des pillages ¿¿ des incendies,
a été condamné dans un concile des évêques
de toute la Gaule. Enfuite après la mort de l’arebevêque sup. »
Adalberon aïant été reconcilié par le feul évêque de
L a o n , il a obtenu le iïege de R e im s ,en yû ë de la p a ix ,
en faifant aux rois ferment de fidélité, aveedes paroles
terribles. Mais à peine y avoir-il fix mois depnis fon
ordination, quand il livra la ville à l ’ennemi : qui profana
¿¿pilla le fanétuaire, & réduifit le clergé ¿¿le peuple
en captivité. Arnoul prononça anathême contre ces
p illa rd s , &c en fit prononcer autant par les évêques :
mais il ôta les terres de l’églife à fes vaffaux , qui lui
en avoient porté la fo i , pour les donner aux ennemis,
¿¿ fit marcher des troupes contre fon ro i, fous les en-
feignes de Charles. Cependant on avertit le pape par
des députez ¿¿ par des lettres fynodiques, de remedier
aux troubles fie l’églife ; mais il n’ÿ donne aucun ordre.
A in fi par délibération des évêques, Arnoul eft averti
de fe purger canoniquement, fans le vouloir faire pendant
dix-huit mois.. Enfin fe Tentant abandonné par-
fes plus grands proteékeurs, il vint trouver le r o i , ¿e lui
ayant fait de nouveaux fermens, il fut admis à fa ta-
N n iij,
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