
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u é .
roîc L’ plus vrai-femblable. Un pieux chevalier reve--
noit du pèlerinage de Jerufalem ; s’écanc égare de fon
ch em in , il rencontra un h e rm ic e ,q u i,a p p ren a n t qu’il
é io it de G a u le ,lu i demanda s’il connoiiïbit le monaf*
tere de C lu gn y , 8c l'abbé Odilon. Le pelerin ayant dit
qu’il le co n n o iffo it, l’hermite lui dit : Dieu m’a fait con-
noître qu’il a ie crédit de délivrer les ames des peines
qu’elles fouffrent en l’autre vie. Quand donc vous ferez
de retour , exhortez Odilon 8c ceux de fa communauté
à continuer leurs prières 8c leurs aumônes pour
les morts.
Quo iqu’il en foit de cette révélation , nous avons le
décret fait à C lu gn y , pour l’in ifitu tion de cette folem-
nité , en ces termes: Il a été ordonné par nôtre b ienheureux
pere Dom O d ilo n , du confentement 8c à la prière
de tous les freres de C lu g n y , que comme dans toutes
les églifes ,o n célébré la fête de tous les Saints le premier
jour de Novemb re , de même chez nous on célébrera
folemnellement la commémoration de tous les fidèles
trepaife z, qui ont été depuis le commencement
du monde jufques à la f in , en cette maniéré. C e jour
après le chapitre, le doyen 8c les celeriers feront l’aumône
de pain 5c de v in à tous v e n a n s , 8c l ’aumônier
recevra tous les reftes du dîner des freres. Le meme
jour après vêpres on fonnera toutes les cloches 8c orv
chanterales vêpres des morts. Le lendemain après matines
, on formera encore toutes les c lo ch e s , 8c on fera
l ’office des morts. La meife fera folemnelle ; deux freres
ehanreroru le tra iâ ;, tous offriront en p a rticu lie r,
8c on nourrira douze pauvres. Nous voulons que ce décret
s’obferve à p e rp é tu ité , tant en ce lieu que dans
tous ceux qui en dépendent; 8c fi quelqu’un fuit l’é-
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•xemple de cette inftitution , il participera à nos bonnes
intentions. T e le ft le décret de C lu gn y : cette pratique
paffa bien-tôt à d’autres é g life s , 8c devint enfin
■Commune à to u te i’églife catholique.
Saint O dilon favorifa 8c excita les études dans fes
monafteres. C e fut par fon ordre que Raoul Glaber
é c r iv it l’hiftoire du tems; 8c Odilon lui-même com-
pofa plufieurs é c rits, dont il nous refte la v ie de faint
M ay eu l fon predeceffeur, celle de fainte Adélaïde im-
peratrice, quelques lettres 8c quelques fermons fur les
principales fêtes. Il forma plufieurs d ifc ip le s , 8c fut
confuité par les plus grands períonnages de fon tems.
f?eu avant fa mort étant interrogé fur fon fucceffeur , nue. t*
i l répondit : Je le b iffe à la difpofitiotl de Dieu 8c au
choix des freres. Craignant peut-être que s’il mar-
quoit fon fucceffeur, comme avoient fait les quatre
;abbez,.fes predeceffeurs, l’ufage ne s’en établit à C lu g
n y , au préjudice de l’éleèfion ordonnée par la re g le d e
faint Benoît, Après fa mort Hugues fut élu tout d’une
voix.
Il naquit dans le diocefed’Autun l’an 1024. fon pere 1 viii.
Dalmace comte d eS em u r , vouloir l’élever pour les ar- bédeciug.y
mes;mais fa mere c royant q u ’il étoit deftiné au facerdo-
ce , vouloir l’élever pour l’églife. Son inclination fuivit
celle de fa mere ; il n e fep la ifoit point aux exercices des
chevaux 8c des armes, 8c a vo it horreur des pillages ,
alors fi frequens. Il obtint enfin, a vec peine, d’aller faire
les études auprès de Hugues fon grand oncle év êque
d’Auxerre 8c comte de Challón. A y an t commencé d’apprendre
la grammaire, il renonça au monde , 8c entra .
à Clugny dès l’âge de quinze anS.Quelques années après
faint Odilon v o y a n t fon mérité extraordinaire le fit
B B b b ij