
? t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
l(- l'ambaifade d’Efpagne. Il s’adreiTa à l’abbé de Gorze ,
qui lui donna deux de fes moines,mais l’un aïant manqué,
Jean de Vendieres s’offrit genereufemenc, pour
remplir la place , & fut agréé du roi. Etant arrivé à.
Barcelone avec ceux qui l’a ccompagnoient, ils attendirent
quinze jours, pour envoïer à T o r to fe q u i étoïc
la première ville de l’obéiiTancedesMufulmans. Auffi-
tô t le gouyerneur leur manda de venir en diligence : les
aïant reçus, il leur fournit abondamment toutes les
chofes neceifaires, & les retint un mois : jufqu a ce que
le prince eût donné les ordres pour les bien recevoir pat
tou t où ils de voient palier. Quand ils furent a Co rd ouë ,
qui étoit fa capitale , on les logea à une maifon éloignée
de deux milles du palais, où on les traita magnifiquement
, mais on les fit encore attendre quelques
jours.
Comme ils demandèrent à ceux qui prenoient foin
d’eux la raifon de ce retardement, on leur répondit,que
les ambalTadeurs d’Abderame avoient été retenus trois
ans par O tton : c’eft pourquoi ils dévoient être trois
fo is autant fans voir Abderame, c’eft-à-dire n e u f ans.
Cependant il venoit des gens du palais pour les vo ir
& s’informer du fujet de leur v o ïa g e , mais quelque
artifice qu’ils emploïaiTent, ils n’en purent tirer autre
chofe , iinon qu’ils diroient leur charge au roi en per-
fo n n e , & qu’il ne leur étoit pas permis de la dire à d’autres.
Les Arabes difoient : Nous fçavons déjà t o u t ,
vous apportez au roi des lettres contraires à nos loix;ô£
vous êtes menacez du dernier p é r il, car ces lettres font
venues à la connoiflance du roi. Ils difoient vrai. Car
un prêtre qui avoit accompagné l’évêque Efpagnol envo
ie par Abd erame, étant revenu avec les François a
L i v r e c i N Q u A N T E ' CINQdI 1 E,ME - W
avoit fait en forte de prendre copie des lettres d O tton,
ôî étant arrivé devant a Cordouë y les avoit fait connoître
à la cour.
Les François apprirent que chez les Mululmans * le
roi étoit fournis aux loix comme le peuple, & que la
première étoit ladéfenfe de parler contre leur religion.
Si un étranger le fa ifo it, il étoit puni de mort fans re-
miflion. Si le roi l’aïant oiii differoit la punition au lendemain,
il étoit lui-même puni de mort. Donc A bd erame
craignant pour lui le bruit fur ces lettres, qu’il
fçavoit être véritable-, envoïa aux ambaifadeurs François
un Ju if nommé Hafdeu qui s’adrefla à Jean, parce
qu’il étoit reconnu pour le porteur des ordres du roi
fon maître. Il commença par le raffiner, en lui difant,
qu’ils ne fouffriroient aucun mal, & qu’on les renvoïe-
roit avec honneur dans leur païs. Il leur donna plufieurs
avis touchant les moeurs de la nation, &c la maniéré de
fe conduire avec eux. Q u ’ils, empêchaffent les jeunes
gens de leur fu ite , de faire ou dire aucune infolence,
parce que tout feroit aufli-tôt rapporté au roi ; & qu’ils
s’obfervaflfent fur tout à l’égard des femmes : qu’ils
n’excedaifent en rien ce qui leur feroit preferit, L’arn-
bafladeur Jean le remercia de fes bons avis, & après
plufieurs difeours, infenfiblement le J u if entra en matière,
& demanda le fujet de l’ambaffade. Jean le lui
découvrit enfin,& lui d itla fu b ftan ced e la lettre. I le ft
dangereux * dit le J u if de la préfenter au roi : prenez
garde même à ce que vous direz à ceux qui viendront
de fa part. Je crois que vous fçavez la feverite d elà loi
des Muiulmans.
Quelques mois après on leur envoïa un évêque nommé
Jean, qui leur propofa de la part du roi de venir à
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