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578 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
peres, fans jamais donner dans aucune nouveauté'. Be-
renger étant revenu à T ou rs , fut reçu dans le chapitre
de iaint Martin du vivant du roi Robert, & quelque
tems après y fut Maître-école ;• car on y nomme ainii
cette dignité. Il étoit archidiacre d’Angers dès l’an
1040. mais il ne cella pas pour cela d’enièigner àTours;
& il y eut pour dilciple Euièbe, autrement Brunon,qui
fut évêque d’Angers en 1047.
Cependant Lanfranc moine du Bec en Normandie,
commença à enièigner dans ce monaftere avec un tel
iîiccés, qu’on y venoit de toute la Gaulé. Berenger.
chagrin de ièvo ir abandonné, ièmit à publier des opinions
fingulieres de théologie, aufquelles il n’avoitpas
fait tant d’attention dans la jeunelfe, & dont il avoit
été juiques alors détourné par d’autres études. Il cher-
choit les dogmes qui pouvoientpar leur nouveauté le-
faire admirer & lui attirer des dilciples. Ainfi il combattit
les mariages légitimés & le baptême desenfans;
mais il attaqua principalement la doétrine commune
de l’égliiè touchant l’euchariftie, relevant jean Scot
& rejettant Pafcafe, auteurs du neuvième iiecle dont
j’ai parlé en leurs tems.
Lanfranc l’ayant appris, témoigna publiquement,
qu’il condamnoit l’erreur de Berenger ; furquoi Berenger
lui écrivit en ces termes: J ’ai appris, mon frere Lanfranc,
une cholè qu’Enguerran de Chartres aoüidîre,
& dont je n’ai pas dû manquer de vous avertir : C ’eft
que vous delàprouvez & que vous tenez même pour
hereriques les lèntimens de Jean Scot fur le facrement
de l’autel, qui ne s’accordent pas avec ceux de votre
favori Pafcafe. S’il eft ainfi, mon frere, en portant çe
jugement précipité, vous n’avez pas bien uiédel’eipric
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que Dieu vous a donné & qui n’eft pas méprifable ; car
vous n’avez pas encore aifez étudié l’écriture S“ , avec
ceux que vous eftimez les plus habiles. Et maintenant
quelque peu inftruit que je fois, je voudrais vous entendre
fur cefujet, fi j’en avois la commodité, en pre-
fence de tels juges convenables, ou de tels auditeurs
que vous voudriez. En attendant né regardez pas avec
méprisce que je vous dis. Si vous tenez pour heredque,
Jean dont nous approuvons les fentimens fur l’euchariftie,
vous devez tenir pourheretiques faint Ambroi-
fe , faint Jerôme, faint Auguftin ,pour ne point parler
des autres. Avant cette lettre, Berenger en avoit écrit
une autre à Lanfranc, dés-lors prieur du Bec, qui ne lui
ayant point été rendue 5 fut lue de plufieurs perfonnes ,
& leur donna occafion de ioupçonner Lanfranc d’être
dans lesièntimens de Berenger: ce qui montre que ce
n’étoit pas la lettre que je viens de rapporter.
Le premier qui écrivit contre Berenger,fut Hugues,
évêque de Langres, qui le traite de très-reverend prêtre,
parce que l’églifc n’avoit encore rien prononcé contre
lui. Il rapporte ainfi l’opinion de Berenger. Vous dites
que le Corps de J. C. eft de telle forte en ce facrement,
que la nature & l’elfence du pain & du vin n’eft point
changée ; & vous rendez intellectuel ce corps que vous
aviez nommé crucifié ; en quoi vous le déclarez mani-
feftement incorporel, & vous fcandalifez toure l’églifè.
Car fi la nature du pain & du vin demeure réellement
après la confecration, on ne peut comprendre qu’il y
aitriende changé; & f i ce qu’ily a d e p lu s ,fe fa itp a r la
feule puiifance de l’entendement, on ne comprend pas
comment ilfu b fifte , puiique l’entendement examine
feulement les chofes, & ne les produit pas. Il finit en
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