
2-9 6 H I S T O’I r e E c c l e s i a s t i q u e.
F égiife qu’il a pillée d’abord pour fatisfaireà fes paillons
A n . 9 9 f . /- ■ i l j j > r } hmomaques. Il demande comment un étranger lans
crédit comme lu i, a pû le rendre maître d’une ville 11
grande & il peuplée ? il s’objeébeenfuite, qu’une affaire
de cette importance ne devoit pas être jugée fans con-
fulter le faint llege. A quoi il répond, que le pape a etc
inftruit de to u t , & qu’on a attendu fes ordres pendant
dix-huit mois. Q u ’enfuite les-évêques de Gaule ont encore
eu ce refpeâ: pour le faint llege,de ne juger Arnoul
que fur fa propre confefllon,après laquelle il n’étoirpas
po'ffible de le tenir pour innocent. Ilrev ien tà dire,que
les évêques de Gaule l’ont chargé malgré lui de l’archevêché
de Reims -, & que fi toutes les réglés n’ont pas
été obfervées en cette affaire, il faut s’en prendre au
malheur du temps & aux hoftilitez publiques, dont les'
évêques mêmes n’étoient pas à couvert.
C e difcours de Gerbert étoit plus éloquent que fince-
re,comme on peut juger par ce que j’ai rapporté,fur tout
de fes lettres. Après qu’il l’eut prononcé,il le donna par
écrit au légat de qui il reçût la lettre du pape. Alors les
évêques fortirenx du co n c ile , & tinrent confeil avec le
duc Godefroi. Puis ils appellerent Gerbert, & le prièrent
de faire conduire avec honneur aux rois de France
Jean moine de l’abbé Léon. Gerbert le p rom it, & ils
dénoncèrent un concile que l’on devoit tenir à Reims
le premier de Juillet. Celui de Moufon fembloit f in i ,
qua'nd des évêques vinrent dire à Gerbert de la part du
légat Léon, qu’il eûc à s ’abftenir de l’office divin juf-
qu’au concile de Reims. Comme il s’en d é fen d o it, ils
vinrent trouver le légat , & Gerbert lui reprefenta ,
qu’aucun évêque ou patriarche, ni le pape même, n’a-
vo jt le pouvoir d’excommunier perfonne , s’il n’étoit
L i v r e C I N Q U A N T E - S E P T I E M E . 2.97
convaincu par fa propre confeffion ou autrement ou •
s’il ne refufoit de comparoître : qu’on ne pouvoir rien A n . 99/.
lui reprocher de femblable, & qu’il étoit même le feul
des évêques de Gaule qui fût venu au concile. E n fin ,
que ne fe Tentant point coupable, il ne pouvoit fe réfoudre
à fe condamner lui-même.
Nonobftant ces raifons , Gerbert céda aux remontrances
de Liudolfe archevêque de Treves , dont il
connoiffoit la probité & la modeftie. C e prélat l’exhorta
fraternellement à ne point donner à fes ennemis
occafion de icandale , comme s’il vouloit réfifter
aux ordies du pape : lui confcillant de -s’abftenir par
obéiffance de la célébration de la meffe jufqu’au premier
de J u ille t , où l’on devoit tenir l’autre concile.
Gerbert y c o n fen t it , Sc on fe leparaainfi après le concile
de Moufon : mais celui de Reims ne fe tint pas
fi-tôt ; & tant que le roi Hugues v é c u t , Gerbert demeura
archevêque de R e im s , & Arnoul prifonnicr à
Orléans.
^ L ’évêque de Metz étoit alors Adalberon II. fils de xxxvm
Frideric duc de Lorraine & deBeatrix foeur du roi Hu- 1 f dalb,eron u -
r - i l r r / 1 V I . . . éicq uc de Metz.
gues-Capet. Il fitfes etudes a l abbaïede Gorze,&après vit* bai. lMc
la mort d e l eveque Thierri,fa mereBeatrix obtintpour tc-'t-67°■ ^
lui l ’évêché de Metz de l ’imperatrice Adeleïde,pendant x Z f .? ,/ “ ' *'
le bas âge d O tton I I I . Il fut élu le feiziéme d’O étobre
984. & facré le dimanche vingt-huitième de Décembre
jour des Innocens par Ecbert archevêque de Treves.
Il le fit aimer de tout le monde, même des Juifs ; &c
aima tellement les moines, que les feculiers fe plai-
gnoient qu’il leur donnoit tous fes foins. Il rétablit le
monaftere de S. Symphorien, & quelques autres, &
1 hôpital de M e tz , où il y mit des religieufes.
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