
i »? H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
l’ordination s’étoit marié. E t enfuite : Suppofez qu un
homme bigame avant la clericapure, après le facer-
doce abandonné à plufieurs fem m e s, guerrier , parjure
, chaifeur, y v ro g n e , foit mis fur le fiege âpoftoli-
que de Rome , comme Dieu le peut permettre : fi je
vais me plaindre à lui de quelquê injuftice , & qui l
écrive pour ma défenfe à celui qui m’a fait tort : celui-
s j. ci ne dira-t-il pas qu’il voit une paille dans 1 oeil de fon
frere , & ne vo it pas une poutre dans le fien ? Mais un
tel pape ne le fera pas, il n’ofera condamner celui dont
77 les fentimens font conformes aux fiens. V o ila d o n
vient ce mépris fi général des canons ô^de l’évangile
même. O n croit inutile d’obferver les moindres préceptes,
quand on fe fen t coupable d’avoir violé les plus
grands. Qfie gagnera-t-on à n’avoir point de chiens de
ch a ife , fi on a plufieurs concubines ï Si on s’abftientde
donner des coups de poing ou de bâton , & que 1 on
tue les ames par des abfolutions injuftes , ou par le
fcandale î
Il releve enfuite le malheur de ceux qui non feulement
négligent le miniftere de la prédication, mais
p/. 40.5.16. fe l’interdifent eux-mêmes par leurs crimes fuivant le
T' reproche de l’écriture. Enfuite il ajoute : Faut-il après
cela nous é ton n e r , que les feculiers ne foient point
frappez des menaces que nous tirons de l’ecriture ou
des canons : quand ils voient que nous rions en les
lifa n t ,& q u e nous nous obftinons à lesmépnfer. C ’eft
auifi pourquoi ils font peu de cas de nos excommunications
& de nos. abfolutions, parce qu’ils voient
que nous femmes nous-mêmes excommuniez par les
canons.
#.*87- Dans la fécondé partie de ce t ra ité , Ratifier infifte
L i v r e c i n qjj a n t e - s i x i e’m e . 197
fur r incontinence du clergé, comme fur la principale
caufe du mépris des canons. Gar à peine , d it - il, trouve
t-on quelqu’un digne d’être élû évêque , ou d'im-
pofer les mains à celui qui eft élû. N e voulant pas quitter
ce vice d’incontinence, ils comptent le reftepour
rien ; & de-là vient que de toutes le nations baptifées.,
ce font les Italiens qui méprifent le plus les canons :
parce qu ils font les plus impudiques, & fomentent ce
vice par l’ufage des ragoûts & l’excès du vin : enforte
que les clercs n’y font diftinguez des laïques, qu’en ce
qu’ils fe rafent la barbe & le haut de la tê te , & font à
l ’églife quelque fe rv ic e , pour plaire aux hommes plutôt
qu’à Dieu.
* Rathier étant rétabli à Verone , n’y demeura pas
en repos. Il ne pouvoir s’empêcher de reprendre,
fuivant le .devoir de fa charge, fon clergé, qui ne
voulo it pas fe corriger , car il n’y en avoit aucun qui
ne fût concubinaire pu blic , ou encore pis. Ils étoient
choquez de fon premier traité adreilé à l ’évêque de
Parme -, & comme Rathier les preffoit de quitter leurs
fe/nmes, fuivant les canons & l’ordre de l’empereur:
la plûpart alleguoient leur pauvreté, qui leur rendoit t
ce fecours neceifaire, parce que l’églife ne leur don-
noit point de gages. Pour y remedier, Rathier prit
connoiifance des biens de l ’églife de Verone ; & il
trouva qu’ils étoient fuffifans , s’ils euflent été bien
partagez. Mais ceux qui rendoient le moins de fervice
a l ’sglife en avoient de refte tandis que ceux qui
fervoient le plus en recevoient peu ou rien. Et fi
quelqu’un vouloit s’en plaindre , ils lui difoient : J’ai
attendu la mort de mes prédeceffeurs pour jouir de ce
que j’ai maintenant: attendez aulïi la mienne. Il avoit
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