
8z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
témoin de leurs doétes entretiens. Ifraël évêque Ecof-
fois qui étoic un de fes maîtres, en parloir comme
d’un faint ; les Grecs qu’il faifoit venir pour l’inftruire
l ’admiroient , 8c rapportaient chez eux les merveilles
de fa conduite.
Il étoit fort occupé à fecourir les malheureux qui
fans ccife recouraient à l u i , fans toutefois lp détourner
de fes études. Il com p o fo it, il d n fto it, il culti-
vo it l’élegance de la langue Latine 8c l’infpiroit aux autres
; mais fans iafte 8c avec une gravité polie. Il s’ap-
pliquoit même après les repas, à laleéhire 8c à la méditation
, 8c menageoit très-foigneufement les matinées.
Il Iifoit férieufement jufques aux comédies ; ne
s’attachant qu’au ftile Si comptant pour rien la matière.
Comme la cour.du roi fon frere étoit ambulante
, il faifoit porter avec lui fa bibliothèque , Si gar-
doit fa tranquilité au milieu de cette agitation : s’occupant
même dans les marches. Il étoit très-attentif
aux divins offices ; Si voïant fon frere Henri s'entretenir
pendant la meffe avec Conrad duc de L orraine ,
il prédit que leur amitié produirait de grands maux..
T o u t ce qu’il y a v o it en ce temps-làdevêques ou d’hommes
pieux qui avoient quelque grand deifein pour la
religion , regardoient Brunon comme leur a p p u i, Si
ne croïoient pas leur autorité fuffifante pour faire le
bien , fans le fecours de la fienne.
Son premier gouvernement ecclefiaftique fu t la conduite
de quelques monafteres qu’il reçut étant encore
fo r t jeune. Il s’en ièrvit pour les réduire a l’obfervan-
ce reguliere, partie de g ré , partie de force ; 8c pour
les rétablir dans leurs anciens privilèges par l ’autorité
du roi fo n frere m e ferefervant rien du revenu pour
L i v r e c i n qjj a n t e - c i n q^u i e m e . 8 j •
lui ou pour les liens que ce que les fuperieurs lui offri rent
volontairement. Entre ces monafteres étoit celu
i de Loresheim, que le roi Henri avoit refufé à un
feigneur qui le demandoit à contre-temps. Car dans la L»upr.4. biß.
guerre que lui fit au commencement de fon regne C' IS'
■Giilebert duc de Lorraine foutenu par le roi de France,
un comte très-puiffant, 8c qui lui avoit amené de
grandes troupes de fes vaffaux,voïant le roi abandonné
de plufieurs de fiens , crut qu’en une telle occafion il
ne lui pourrait rien refufer. Il lui envoïa donc demander
l’abbaïe de Loresheim, dont les grands revenus lui
aideraient à entretenir fes troupes. Le roi dit qu’il lui
ferait réponfe de bouche : le comte accourut croïant
a vo ir obtenu ce qu’il demandoit. Le roi lui dit en pre-
fence de tout le monde : Les biens des monafteres ne
font pas deftinez à entretenir des gens de guerre; 8c
d’ailleurs votre demande eft plutôt une menace qu’une
priere : c’eft pourquoi je ne vous accorderai jamais ni
cette g râ c e , ni aucune autre. Si vous voulez vous re- *
tirer avec ceux qui manquent à la fidélité qu’ils me doivent
, retirez-vous au p lûtôt. Le comte chargé de con-
fu fion fe jetta aux pieds du r o i, reconnoiflant la grandeur
de fa faute.
V ic fr id a r ch e v êq u ed eC o lo gn e é tan t mort en p3-3.île ebrm xra.
clergé , les nobles 8c tout le peuple s’accordèrent à de- ' i g 1 '
firer que Brunon lui fuccedât. Sa jeuneffe étoit balancée
par la maturité des moeurs ; l ’éclat de fa naiffance par
î ’humilïté 8c la douceur ; fa fcience par la fageffe & la
modeftie; fes richeifes par fa libéralité. Il fut donc élû
tout d’une voix ; mais on craignoit que cette place ne parût
au deffous d’un fi grand prince. L’éleétion fe fit félon
la coutume avant que le prédecelfeur fut enterré, & on
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