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Xiatth-v.
136 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
domeftique un livre qu’il avoit à la main, 5c lui fit lire
cette fentence : que de dix mille ames, à peine s’ers
trouve-t-il une dans le temps préfent, qui forte entre
les mains des anges. Us commencèrent à dire tout d’une
vo ix : A Dieu ne plaife, cela n'eft pas vrai : celui
qui l ’a dit eft hérétique. C ’eft: donc en vain que nous
avons été baptifeZ, que nous adorons la croix : que
nous communions tk. portons le nom de chrétiens. N il
voïant que le métropolitain &c le domeftique ne dr-
fo ient rien à ceux qui parloient airifi , répondit doucement
: Que direz-vous fi je vous montre que S. Bai
lle , S. C h ry fo ftom e ,S . E p h tem,S.Théodo reStudite,
S. Paul même &c l’évangile difent la même chofe |
Dieu ne vous a point d'obligation de ce que vous ve^
nez de dire. Vous n’oferiez faire profelfion d’aucune
herefie, le peuple vous lapideroit. Mais fçaehez , que
fi vous n’êtes vertueux & très-vertueux , vous n’éviterez
point la peine éceinelle. Ils furent touchez de ce
difeours, & commencèrent tous à foupirer & à dire
Malheurs à nous pécheurs que nous fommes.-
Nicolas protofpataire lui dit : Mon pere , pourquoi
l ’évangile dit-il : Celui qui donnera à un de fes moindres
un verre d'eau froide ne perdra pas fa récompen-
fe ? Il répondit : Cela eft dit pour ceux qui n’ont rieir,
afin que perfonnene s'exeufe fu re eq u ’il n’a pas de bois
pour faire chauffer l’eau. U n autre lui dit : Mon pere,
je voudrais fçavoir fi Salomon eft fauvé ou damné. N if
fçaehant que c'était un débauché,, lui dit : Et moi je
voudrais fçavoir fi vous ferez fauvé ou damné. Que
nous importe à vous & à moi que Salomon le foit ?
x C ’eft pour nous qu’il eft écrit : Quiconque regarde
une femme pour la defircr à déjà commis l ’adultere^
L i v r e c i n egua n ï e - s e p t i e ’ m e . 237
Quant à Salomon, nous ne trouvons nulle part dans
l ’écriture , qu’il fe foit rep en ti, comme nous le trouvons
de Manaffés.
Un prêtre fc leva en fu ite , & dit : Mon pere , de
quel arbre Adam mangea-t-il dans le paradis ? Il répondit
: D ’un pommier iauvage.. Tous fe prirent à, rire,
& N il leur dit : N ’en riez p a s , la réponfe eft conforme
à la demande, Comment vous dirions-nous ce
que l'écriture ne nous a point découvert 5 A u lieu de
penfer comment vous avez été fo rm é , comment vous
avez été mis dans le paradis, les préceptes que vous
avez reçus & que vous n’avez pas gardez ; qui vous
a fait chaffer du paradis, & comment vous pourrez
y rentrer : au lieu de tout cela vous me demandez le
nom d’un arb re , & quand vous l’auriez appris, vous
demanderiez enfuite quelle en étoit la rac ine, ou les
feuilles ou l’écorce, & s’il étoit grand ou petit. Après
quelques-autres entretiens, ils fe retirèrent, &lemê -
tropolitain lui-même dit | que ce caloyer étoit un
grand perfonnage.
Eupraxius gouverneur de Calabre avoit fondé à conrafion
Roffane un monaftere de filles, qui étant tombé en dé- tEupraiius.
cadence , lorfqu’Eupraxius fut retourné a C . P. S. Nil P-So-
a voit pris foin de le rétablir. Toutefois des gens mai
intentionnez dirent à Eupraxius, que N il avoit pillé
ce monaftere : ce qui lui fit écrire des lettres menaçantes
contre le famt. U revint en Calabre comme gouv
e rn eu r, & tous les abbez de la province vinrent avec
des prefens le complimenter & lui demander fa protection.
II n’y eut que Nil qui n’y alla point ,& demeura
en p ix dans fon monaftere, priant Dieu pour
le falut du gouverneur. C e qui augmenta beaucoup
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