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2. c. 20.
Stip. IÌV.Ì.V. t).
38.
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S . M a y eu I p ris par les barrafins.
Syr. Uh. h i . c. i o .
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186 H i s t o i r e E c c i e s i a s t i q u e .
pas d’avoir une grande affeétion pour les monafteres ;
& il gemifloic fouvent de voir les" moines mener une
vie feculiere. H e ld r ic , qui comme ]'ai d it , après a-
voir été un feigneur confiderable en Ita lie , avoit tout
quitté pour fe rendre moine à C lu gn y , procura à
l ’empereur la connoiflance particulière de l’abbé Mayeul.
C e prince le fit donc venir près de lu i, & le prit
tellement en affeétion, qu’il voulut lui donner le gouvernement
de tous les monafteres qui dépendoient de
lui en Italie & en Germanie. L ’imperatrice auroit voulu
le fervir comme la moindre femme ; il étoir refpeété
& aimé de tous les feigneurs, c’étoit le confident de
l ’empereur, & tous ceux qui avoient des affaires auprès-
du prince, recherchoient fa médiation. En ce temps-là,
c’eft-à-dire,vers l’an 966. il reforma l'abbaïe de Claife
près de Ravenne dediée à S. Apollinaire, & y mit un
abbé ; & à la priere de l’imperatrice, il rétablit le mo-
naftere de S. Sauveur près de Pavie , nommé du Ciel
d’o r , fondé par le roi Luitprand, & fameux par les reliques
de faint Augu ftin.
S. Mayeul fit un autre voïage à Rome en 973. & à
fon retour il prédit aux freres qui l’accompagnoient ,
que l’empereur Otton le grand mourrait cette même
année. Aupaffagedes Alpes il fut pris par lesSarrafins
de F re flin e t, avec une grande troupe de gerfs de divers
païs qui fe croïoient en feureté à la fuite d’un fi faint
nomme. Les Sarrafins mirent aux fers tous ceux qu’ils
prirent, & le faint abbé en v o ïa n tu n , qui du haut
d’une roche lançoit un dard fur un de fes ferviteurs ;
mit la main au devant, reçût le co u p , & en porta ht
cicatrice toute fa vie. Il ne craignoit point la mort :
mais il étoitfenfiblcment affligé de ne pouvoir fccou-
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rir tant de captifs , arrêtez à fon occafion. Toutefois
il obtint par les prières envers D ieu , qu’ils n’en firent
mourir aucun. Comme ils le menoient à leur logement
les principaux d’entrc-eux lui rendoient honneur,d’autres
s’en mocquoient & parloient avec mépris de la
religion chrétienne.
Alors le faint abbé commença à leur montrer par de
forces raifons l’excellence de notre religion & lafaufl’eté
de la ieu r : ce qui les irrita à tel p o in t , qu’ils lui mirent
les fers aux pieds., & l’enfermerent dans une grotte
affreufe. Là il demandoit à Dieu la grâce du martyre :
mais il eut un fo n g e , qui lui fit croire, qu’il ferait délivré
: & il trouva fur lui le traité de l’aifomption de
la fainte V ie rg e , attribué dès-lors à faint Jerôme , que
lesSarrafins lui avoient laiifé par mégarde,en lui ôtant
les autres livres. Il compra combien il reftoit de jours
jufques à l’aifomption , & il trouva qu’il y en avoit
vingt-quatre , c’eft-à dire, que c’étoic le vingt-troifié-
me de Juillet. Alors il pria la fainte Vierge d’interceder
auprès de fon fils, afin q u il célébrât cette fête avec les
C h ré tien s , après quoi il s’en d o rm it, &c à fon réveil il
fe trouva libre de fes fers. Les infidèles étonnez de ce
miracle , n’oferent l’attacher davantage & commencèrent
à le refpeéter. Ils lui demandèrent s’il éroit alfez
riche dans fon païs , pour fe racheter lui & les fiens. Il
r ép o n d it , qu’il ne pofledoit rien en ce monde qui lui
fût propre , mais qu’il commandoic à des gens qui a-
voient de grandes terres & beaucoup d’argent. Alors ils
l ’exhorterent eux-mêmes à envoïer un des fiens pour
apporter fa ran çon , 3C la taxèrent à mille livres pefant
d ’argent, afin que chacun d’eux en eût une livre. L abb e
Mayeul envoïa donc un de fes moines avec une lettre
A a ij