
H i s t o i r e E c c i e .s i a s t i q .u e .
pafloit le carême en pèlerinages. Les aumônes o rd in a l
»fe. î.7i. res duroi Robert à Paris, à Orléans, & aux autres villes
o ù il iejournoit, étoient de nourrir trois censpauvres.,
& quelquefois jufquesà mille, leur faifant donner
du pain & du v in en abondance. Encarême, quelque
part qu’il fû t , on donnent tous les jours à cent o u
¿eux cens pauvres du pain, du v in & du poiflon. Le
jeudi fàint il en fir v o it au moins trois cens le genou
en terre, donnant à un chacun du pa in, des légumes,
du poiflon & un denier; & cela à tierce. Il enfaifoit
aurantàfexte, puis il fervoir cent pauvres clercs, d on nant
à chacun douze deniers 8c chantant toujours des
pfeaumes. Enfin après fon repas, revêtu feulement d’un
cilice, il 1 avoit les pieds à cent foixante ou plus, & donnoit
deux fols à chacun. Ces fous 8c ces deniers étoient
d’argent. En l’honneur des douze apôtres il njenoit par
tou t avec lui douze pauvres, qui marchaient devant
montées fur des ânes ôc loüant Dieu.
Ce bon roi portoit la compaflion pour les pauvres &
la patience , jufques à laiflèr prendre en fàprefence l’argenterie
de la chapelle, 8c iouffrir que l’on coupât les
ornemens d’or ou de fourures qu’il portoit fur lui.
Helgaud moine dePleury, qui a écrit fa vie , en rapporte
plulieurs exemples,comme fes plus belles aérions.
p. *& Il dit auffi qu’à Compiegne, le bon prince fît arrêter le
jeudi faint douze hommes, qui avoient conjuré contre
fà vie : qu’il les fit garder dans la maifon de Charles le
Chauve , nourrit fplendidement, & le jour de Pâques
leur fit donner la communion. Le lundi ils furent jugez
& condamnez tout d’une vo ix : mais le roi leur fit grâc
e , en confideration de la nourritute celefte qu’ils
avoient reçûë, 8c k s ren v ô ia , fe contentent de leur
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défendre de rien faire de femblahle. Pour prévenir les t- '■
faux fermens alors fî frequens, il avoir fait faire un reliquaire
de criftal, orné d’or , mais fàns reliques, fur
lequel il faifoit jurer ks feigneurs ;& un autre d’argent
renfermant un oe u f de g r ifó n , où il faifoit jurer les gens
du commun, comme fi la validité du ferment n’eût dépendu
que des reliques.
Mais ce prince faifoit mieux paroîcre fon zele dans
le choix des évêques. C a r , dit G laber, quand un fie- GM- lii' 111
ge étoit vacquant, il ne fbngeoit qu’à le remplir d’un
digne fe je t , fut-il de la plus baffe naiflàoce. Ce qui lui
attira 1 indignation 8c la defbbéiflance des feigneurs de
fon roíanme , qui ne choififToient pour cesplaces que
des nobles comme eux: car laplûpart,à l’imitation des
ro is , fe rendoient maîtres des éfeétions. Le roi Robert
rrouvoit donc fouvent de la réfiftance de la part des feigneurs
fes vaflàux : mais il étoit en paix avec les princes
fouverains fes voifins, fçavoir l’empereur Henri, Ethel-
red roi d’Angleterre, Raoul roi de B ou rgogne , & Sanche
roi de Navarre.
Son amitié avec l’empereur parut principalement
¿ans leur entrevue de l’an 10 2 3. près de la Meufe qui fé- Si*ei- art-loit
paroit leurs états. Plulieurs de leur fuite difoient, qu’il GUb’ ,M‘
« ’étoit pasde leur dignité de paffer l’un du côté de l'au t
r e , & qu’ils dévoient fe vo ir fur des barques au milieu
de la riviere: mais l’humilité & l’amitié fincere l ’emporta.
L ’empereur Henrifelevade grand m a tin , &
paflà avec peu de fuite du côté du roi Robert : ils s’em-
bradèrent tendrement, entendirent la meffe célébrée
par les évêques, & dïnerent enfemble, L e roi offrit à
j ’empereur de grands prefens en o r , en argent '& en
pierreries, avec cent chevaux richement,enharnachés,
K k k fi j