
84 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
envoïa au roi Octon quatre députez du clergé de la cathédrale
8c quatre laïques pour lui demander fon con-
fen tement, qu’il accorda, &c envoïa aulu-tôt Brunon
fon frere a C o lo gn e . Il y fut reçu avec une joïe extrême,
ordonné évêque &c intronifé dans fon fiege. Le roi
lui donna en même temps le gouvernement du roïaume
de Lothaire. Les premier foins de l’archevêque Brunon
furent d’établir l’union entre routes le communautez
qui dépendoient de fon fie g e , retrancher la fupcrfluite
des habits &c la diveriité des ufages, &C faire eelebrer
l ’office divin avec toute la décence pofhble.
Cependant l’évêché de Liege vint à vaquer ; & I archevêque
Brunon le donna à Ratifier chaffé de V é ro n
e , dont il faut reprendre l ’hiftoire. Hugues roi d Italie
fon perfecureur aïant été chaffé en 545- il fut délivré
de prifon ; puis arrêté de nouveau par Berenger
alors maître de l’Italie, à la pourfuite de Manaffes archevêque
de Milan. On le tint trois mois & demi en prifon
, puis’on le mena à Verone , où Milon qui y avoir
été intrus à fa place & ordonné évêcjue , le reçut par
a r tific e , pour exclure Manaffés, craignant qu’il ne rap-
pellâc le roi Hugues. Milon feignoit de reconnoître
Ratifier pour légitimé évêque de Verone ;■ mais en e ffe
t il lui donnoit tous les chagrins qu’il p o u vo ir , protégeant
contre lui les clercs, les vaffaux &c les ferfs de
l ’é g life , enforte que Ratifier ne p o u v o itn i tenir de fy-
n o d e , niaffifter au chapitre, ni rien ordonner, ni feulement
parler de rien corriger ; &c étoit fi meprife,
q u ’un jour comme il faifoit une o rdina tion, 1 archidiacre
& tout le clergé le laiiTerent feu l, & s’en allèrent
dans une autre églife. Enfin l’archevêque Ma-
naffés ordonna évêque de Verone un clerc de fon dio-
L ï V R E C I N Q U A K T Ê - C I N Q U J I E ’ i l E . 8 ;
cefc d’ Arles, Milon qui étoit l’auteur de tous ces mauvais
traitemens, feignoïc cependant fi bien d’être le
protecteur de Ra th ie r, que dans le roïaume de L om bardie
la plupart le regardoient comme fon meilleur
ami - ' e/ • • i ■
Rathier fouffrit deux ans cette perfecution, qui luti
fenibloit plus rude que celle du roi Hugues ; mais il
craignoit d’abandonner fon troupeau comme un paf-
teur mercenaire. Enfin le roi Lothaire lui envoïa dire s
qu’il fortît de la ville pour ceder la place à Manaffés
qui vouloit envahir le fiege de V e ro n e , outre tant d’autres
qu’il avoit déjà. Le roi ajourait : Je vous avertis en
ami de vous retirer, plutôt que de vous expofer à être
mutilé ou tué par la trahifon de Milon , ou tout au
moins arrêté & emmené où vous ne voudriez pas. R a thier
quitta donc Verone & fe retira en Provence chez
un feigneur nommé Ro fta in gd ont il intruifit le fils ,
& comp o fa p o u f lui une grammaire qu’i l .incitula/erun*-
dorfum : voulant dire qu’elle garantirait les écoliers du
foüet. Pour recompenfe de ce feryiee on donna a Rathier
un évêché en Provence ; mais il le quitta pour
retourner à l’abbaïe de Lobes vers l’an 241.■
Richer qui étoit alors évêque de Liege le reçut fa vorablement
; & ’ quelque temps après le ro iO tto n l’ap-
pella pour fervir à l’inftrudion de Brunon fon frere.
Il fut regardé comme le premier des fçavans de cette
cour , tk Bru’non.crut lui avoir tant d’obligation de fes
inftruétions,.qu’après la mort de Farabert il lui procura
l’évêché de Liege en j k j . vers le même temps qu’il
fut lui-même ordonnéarehevêquede C o lo gn e . Il crut
que Rathier par fa do£trine& fon éloquence feroit utile
non feulement, à l’éghfe de Liege, mais encore à plufo
lc u in , s.
c . z Jï.
C.
V ita Bruti, c, ¿8
Fole. c. xy