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A n. 1049. voient malgré eux, excepté ceux qui craignoient de retí»
dre compte au pape de leurs aétions. Car ceux-là mar-
choient'vôlontiers à la guerre. O n amenoit avec eux
l’abbé de faint Rem i bien affligé : mais après un jour
de marche, on lui permit de retourner ch e z lui.
Le pape étant parti de T o u l , arriva à Reims le jour
de faint M ic h e l, accompagné des trois archevêques, de
T r e v e s , de Lyon 8c de Befançon; de Jean évêque de
P o r to , 8c de Pierre diacre 8c prefet de Rome. T ro is
évêques de France qui fe trouvoient à R e im s , favoir
ceux de Senlis, d’Angers 8c de N e v e r s , allèrent au dev
an t de lui en proceffion , fuivis du c le rg é , des abbe.z
8c des moines; 8c le reçurent à faint R em i, qui étoic
alors hors des murailles. A l’entrée d e là v ille il fut reçu
par l’archevêque de Reims 8c fon c le rg é , 8c conduit
à l ’églife métropolitaine; il s’affit dans le fiege de l’ arch
e v ê q u e , qui fe mit à fa d ro ite , 8c l’archevêque dê
T re v e s à fa gauche. Le pape celebra la meife , puis l’arch
ev êque de Reims lui donna à dîner d an s le g ran d p a -
lais près de l’égtife.
Décède f-e lendemain dernier jour de Septembre , le pape
Remi'■ H craig nant foule du peuple, fortit la nuit pendant matines
, accompagné feulement de deux chapelains 8c
retourna à faint Remi ; où il fe baigna 8c fe fit ra fe r ,
pour fe préparer à la eeremonie du lendemain ; puis il
s’enferma dans une maifon joignant à l’égfife , 8c y fit
dire la meiTe devant lui. Car la foule écoit fi grand e ,
que les moines mêmes ne pouvoient faire l’office dans
l ’églife. C ’eft qu’il étoic v e n u , non-feulement du voi-
fin ag e , mais des pays é lo ig n e z , une mulcitudeinnombrable
de l’un Sc de l’autre fexe , 8c de toutes cond itio
n s , des villes 8i delacampagne. T o u s s ’empreiToienç
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à baifer le tombeau de faint R em i, 8c à y mettre leurs A n. 1049.
offrandes ; Sc ceux qui n e pouvoient en approcher, les
jectoientde lo in , enfortequ’il en étoit comblé. Quand
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ils é toient trop fatiguez de la fo u le , ils venoient tour-
à-tour refpirer dans le parvis ; 8c là le pape fe montroit
à eux du plus h au te ta g ed e la maifon , où il s’étoit enfe
rm é , leur donnoitfa benediétion, Scieur faifoit une
exhortation morale ; ce qu’il fie par trois fois en cette
journée.
Le fo i r , par ordre du p a p e , on fit fortir tout le monde
de l ’églife de faint R em i, pour y celebrer l’office de
la n u it; mais le peuple demeura dehors en foule avec
quantité de lumières. Lelendemainma tin, lepapereçût
dans l’églife le corps de faint C o rn e ille , que le clergé de
Compiegne avoit apporté, à caufedes violences que l’on
faifoic à leur églife. A tierce le pape revêtu poncifica-
lem en t, alla au tombeau de faint R em i avec les eneen-
foirs 8c les c ro ix , accompagné des quatre archevêques
8c de plufieurs abbez. On tira la châffe du fa in t ,q u e le
pape porta d’abord lui même fur fes épaules; 8c l’ayant
donnée à d’autres, il fe retira dans une chapelle ; on ouv
r it les portes de l’é g life , le peuple entra en foule , en-
forte qu’il y en eut d’étouffez 8c d’é c ra fe z , on porta le
corps faint dansla v ille , fendant lapreffeavecbeaucoup
de peine , 8C on le dépofa dans l’églife métropolitaine
de N ô tre Dame. Le lendemain, fécond jour d’Oétobre,
on le portaautour d e là v ille ; 8c cependant le pape avec
les évêques, faifoient la dédicace de l’églife du monaite-
r e , où le corps faint fut rapporté 8c defeendu par une
fenêtre , à caufe de la foule. Le pape ne le fit pas en co re
mettre à fa plac e , mais furie grand autel, pour y demeurer
expofé pendant le concile, 8c tenir en plus grand
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