
i 7 o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
*-----------— blables de S. Grégoire pour montrer qu’il approuvoit-
A N. 5>5>i* que les évêques coupables fuflent jugez fur les lieux ,
fans avoir recours au faint fiege. En effet le leéteur a
pù voir dans toute cette hiftoire, que c etoit 1 ancien
droit; & qu’il n’avoit été troublé que par les fauifes
decretales. Mais Arnoul ne les fçavoit pas diftinguer
des vraies ; & de là venoit fon embaras,
f.6>. Il continue : Ne parlons point des cas où perfonne
ne fe plaint. Que ferons-nous ii les feigneurs, qui ont
les armes à la main, découvrent que l’on corrompe leurs
femmes ? Si les rois irritez convainquent un évêque du
crime de lezemajefté , &c qu’ils voient que par çollufion
nous emploïons de longues procédures & des chicanes
embarailées pour les joüer ? Emploieront-ils de 1 argent
pour fe faire rendre juftice à Rome : &i le coupable
manquera-t-il d’offrir aux Romains des montagnes
d’o r , s’il efpere par-là fe tirer d’affaire ? Il apporte en-
fuite lesexemples de Gilles archevêque de R e im s , fous
le roi Childçberc,& d’Ebbon fous Louis le Débonnaire,
dépofez fans la participation du pape ; & il conclut que
les caufes évidentes, &i où il n’y a point d appel au
faint fiege , doivent être terminées par le concile de
la province. Sur ce que la prétendue lettre de Damafe
dit , qu’il n’eft pas permis de tenir un concile fans
l’autorité du faint fiege , il dit : Quoi donc fi les armes
des barbares ôtent la liberté d’aller a Rome , ou
f.yi, fi Rome fujette à quelque barbare fuit la paillon de
fon maître , pour être aliénée de quelque roïaume ; il
ne fe tiendra point de conciles, ou tous les çveques
du monde attendront , au préjudice de leurs pr inces,
les ordres de leurs ennemis ? Le concile'de Nic e e ,
ii reipecfé même par l’çgUfç Roma in e , ordonne de
tenir
A N,
L i v r e ç i n q u a n t e - s e p t i e ’m.e. 171
tenir les conciles deux fois l’année, fans faire mention
de l ’autorité du pape.
Mais pour ne point difputer, honorons l ’églife R o maine
plus que ne faifoient les évêques d’Afrique, & la
confultons iî l’état des roïaumes le permet , comme
on a fait en cette caufe d’Arnoul. Si fon jugement eil
jufte , nous le recevrons en paix : s’il ne l’eft pas, nous
fuivrons ce que l’Apôtre ordonne,de ne pas écouter un g*i. i.s.
ange même contrel évangile. Que fi Rome fe tait,comme
elle fait à prefent, nous confulcerons les loix. Car
ou nous adreiïerions-nous, puifqueRome femble a ban-
donnée de tout fecours divin & humain, & s’abandonner
elle-même ? Depuis la chute de l’empire elle a perdu
1 eglife d’Alexandrie & celle d’Antioche ; & pour
ne rien dire de l’Afrique & de l’Afie , l’Europe même
commence à la quitter, l’églife de C . P.s’eil fouftraite,
le dedans de l'Efpagne ne connoît point fes jugemens.
O ’eit donc cette révolté dont parle l’Apôtre non feu- i.ryf. 5.
lement des nat ions, mais des églifes. Car on voit les
approches de l’Antechrift , dont les miniftres ont déjà
envahi les Gaules, & nous accablent de toutes leurs
forces. Il finit en difant qu’on doit confulter les canons,
pour voir combien il faut d’évêques pour en juger un ;
& comment on doit juger celui qui ne veut pas fe défendre,.
Ce difeours d’A rnoul d’Orleans pris à la r igueur,
contient fans doute quelques propofitions excef îives,
& qui femblent tendre au mépris du faint fiege. Mais
nous ne trouvonsgueres enee temps-là d’écrivains parfaitement
exaôts dans leurs expreiïions, ni même dans
leurs penfées ; &: il eft jufte d’expliquer favorablement
évêque yejnerable par fon âge & fon
xxvr.
Reflexions fur ce
difcoucs,
"J'orne XII. M m