
ÿsj H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ ---------- lui coupa les cheveux , 8c on l’obligea à prendre la vie
A n . 94y. monaftique tour vieux 8c infirme qu’il étoit. Il a vo it
régné vingt-fix ans. On lotie fa charité pour les pauvres
, dont on rapporte des exemples remarquables ; il
a vo it grande confiance aux m oin O e s*, & fonda des monalleres.
Mais ces bonnes oeuvres font obfcurcies par
fon ingratitude envers l’empereur Conftantin fon gendre
, & l’intrufion’ irreguliere de fon fils Theophy-
la été fur le fiege de C . P. Outre qu’on l’accufoit de,
mauvais commerce avec l’imperatrice Zo e mere de
C o n ftan tin , & qu’il laiiTa un bâtard nommé Bafils
d’une concubine Bulgare.
Romain fu tvang épeu de temps après defes deux fils
Etienne 8c Conftantin. Car l’empereur Conftantin
Porphyrogenete , averti qu’ils avoient aulfi confpi-
ré contre lu i , & jugeant bien qu’ ils l’épargneroient
moins qu’ils n'avoient épargné leur pere, les fit arrêter
le vingt-feptiéme de Janvier fui vant l’an 94J. comme ils
étoient à table avec lui. Ils furent emmenez en exil
dans les ifles voi fines-, & on leur fit couper les cheveux
comme à des clercs. Peu de temps après aïant obtenu
permiifion d’aller yoir leur p ere, ils vinrent à
l ’ifle P ro té , 8c le voïant revêtu de l’habit monafti-
que , ils furent fenfiblement touchez. Le vieillard
Ifa. l. 2. pleura, 8i dit ces paroles de l’écriture : J’ai engendré &
élevé des en fans, 8c ils m’ont méprifé. Il fut çonfolé
dans fon exil par deux moines de grand mérité , Ser-
gius 8i Polyeuéte. Celui-ci fut depuis patriarche, Ser-
gius étoit neveu du fameux Photius ; mais plus illuf-
îre par fa vertu que par fa naiifance , 8c fa fcience n’é-
yoit pas moindre que fa vertu. Il avoit un grand dif—
¡pernetnent, une grande fe rm ç té , beaucoup d’agrément
L i v r e c i n q u a n t e - c i n q u i e ’me. 5 7
ment dans fes manieres 8c dans fes difcours 8c une
grande humilité. Romain étant encore empereur l’a-
vo it toujours auprès de lu i , 8c l’honoroit comme fon
pere fpirituel.
Conftantin fon fils aïant voulu fie révolter dans fon ». 1
e jf il, tua celui qui commandoit íes gardes , 8c fut tué
lui-même. C e que Romain aïant vû en fonge le mê- B,4.
me jo u r , il envoïa à tous les. mona fteres 8c à toutes
les laures , jufques à Jerufalem 8c à Rome ; 8c aïant
aifemblé trois cens moines au lieu ou il é to it, le Jeudi
Saint il fe prefenta dans l’éghfe fans tunique 8c fans
manteau lorfquele prêtrealloit faire l'élevationdupain
facré. Il tenoit un papier où étoient écrits tous fes péch
e z , & les declaradevant tout le monde. Les moines
crierentÆjyne eleifon en verfant des larmes ; 8c Romain
leur demanda l’abfolution s’inclinant à chacun d’eux,
ils la lui don n è ren t, il communia ; 8c comme ils a l-
îoient fe mettre à table , il donna à un petit garçon
une corde 8c un fouet-dont il lui frappoit les pieds en
difant : Entre mauvais vieillard ; 8c il s’aifit après, tous
les autres, pleurant &gemiffant. Il envoïa fa confeifion
cachetée aux autres caloïers ou moines ■, particulièrement
à Dermocaïte abbé du mont Olympe avec deux
cens livres d’o r. Celui-ci fit jeûner tous fes moines pendant
deux femaines, après lefquelles on prétend qu’il
eut révélation que les pecbez de Romain étoient effac
e z , 8c qu’ouvrant fa confeifion il netrouva qu’un papier
blanc. Il le montra à tous les moines, qui envoïe-
rent à Romain une abfolution par écrit, 8c elle fur e n terrée
avec lui.
Nonobftant cette penitencc Romain ne laiffà pas
de confentir à une conjuration , que forma le patriar-
Tome X I I . H