
1*4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
IJ-9H- Tes intérêts. Car le roi Louis d’Outremer étoit mort eft
954. le quinzième d’O c to b r c , après avoir régné d ix -
huit a n s , & en avoir vécu trente-cinq , & fon fils Lo-
thaire âgé de treize ans lui a voit fuccedé. Sa mere Ger-
id.96i. berge eut au commencement de l’an 9 6 1 . une conférence
avec Brunon archevêque de Co lo gne , dont elle
étoit foeur ; & il lui recommanda d’empêcher que H u gues
ne rentrât dans l’archevêché de Reims. On tint
pour ce fujet un concile dans le diocefe de M e a u x , ou:
fe trouvèrent treize évêques des deux provinces de
Reims & de Sens, dont l ’archevêque y préfida. H u gues
avoit quelques évêques pour lui ; mais les plus
oppofez à fon rétabliffement étoient Roricon de Laon
& Guibuin de Cha alons , qui foutenoient qu’un homme
excommunié par tant d’évêques, ne pou voient être
abfous par un moindre nombre. O n convint de con-
iulter le pape, qui la même annee déclara que Hugues
avoit été excommunié, tant par lui que par tout le concile
de Rome , & par un autre concile tenu à P a v is ,
Brunon archevêque de C o lo g n e , aïant fait fçavoir au
clergé de Reims cette réponfe du pape,, on élut pour
archevêque Odalric fils d’un comte nommé Hugues y
& cette élection fut approuvée & foutenuë par le roi
Lothaire , la reine fa mere, & l’archevêque Brunon
fon oncle. Odalric fu t donc ordonné à Reims par G u y
évêque de SoilTons, Roricon de Laon , Guibuin de
Chaalons , Hadulfe de N o y on & V ic fr id de Verdun»
cür.mx.Wavm. C e lu i-c i avoit été ordonné au concile de M e au x , quoique
Berenger évêque de Verdun fut encore viv ant &c
en poileiïion , & cela fans la participation de l ’archevêque
d eTreve s fon métropolitain, parce que ces évêques
reg,ardoient Berenger comme leur ennemi, qui ne
L i v r e c i n q u a n t e - s i x i è ’me. î t j
Vouloir point affifter à leurs conciles.
Le pape Jean X I I . oubliant bien-tôt le ferment qu’il
avoit fait à l’empereur O tto n , envoïa à A d a lb e r t, qui
s’étoit retiré à Freffinet chez les Sarrafins, & lui promit
avec ferment de l’aider contre l ’empereur. L ’erm
pereür qui étoit à Pav ie, extrêmement furpris de cette
réconciliation du pape, avec un homme qu’il haïf-
foit fi fort auparavant, envoïa à Rome pour en fçavoir
la vérité. Les citoïens Romains dirent tout d’une
vo ix à fes envoïe z : Le pape Jean haït l’empereur ,
qui l’a délivré d’A d a lb e r t, par la même raifon que le
diable haït fon Créateur. L ’empereur ne cherche qu’à
plaire à D ie ü , & à procurer le bien de fon églife &
de l’é ta t , le pape Jean fait tout le contraire. Témoin
la veuve de Rainier fon v a ifa l, à qui par la paiTiorï
aveugle qu’il a pour e lle , il a donné le gouvernement
de plufieurs v ille s : & de plus des croix & des calices
d’or de l’églife de faint Pierre. Témoin Eftiennette!
qui vient de mourir , en fe délivrant de l’enfant
qu’elle avoit eu de lui. Le palais de Latran, autrefois
l ’habitation des fa ints, eft devenu un lieu in fâm e , ou
il loge fa concubine foeur de celle de fon pere. Il n’y a
plus de femmes étrangères qui ofent venir vifi'ter l’é->
glife des apôtres : fçaehant que depuis quelques jours
il a abufé par force de quelques-unes, mariées, veuves
& vierges. T o u t lui eft b o n , belles ou non , richesoü
pauvres. Les églifes des apôtres tombent en ruine, i l
pleut fur les autels, & ceux qui y entrent ne font pas
en sûreté de leur vie. V o ila pourquoi Adalbert con-;
yient mieux au pape que l’empereur.
Otton aïant appris cette réponfe des Romains, dit'
en parlant du pape : I l eft je u n e , il pourra fe corriger'
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A n . 9 <i'3.
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J e a n X I I . f e .reW
v o i c e c o n c r e
p e r e u r .
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Supl. JBegm. fiÆ
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