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— ------------ Ôc du peuple ; mais il le refufa conftamrnent, & con-
A N . 548. c u t m ê m e dès lors la penfée de quitter le monde. C om me
le monaftere de Clu gn i eft dans le voifinage de
M â co n , Mayeul y faifoit de fréquentes vifites , du
temps de l’abbé A imard , ôc y avoit fouvent des entretiens
fpirituels avec les moines ; qui de leur côté le fou-
haitoient pour confrere comme un homme capable de
les o-ouverner un jour. Celui qui contribua le plus a 1 y
attirer , fut Hildebrand prévôt du monaftere, qui refufa
deux fois d’en être abbé. Enfin vers l ’an 943-
M ay eu l embraffa la vie monaftique dans cette fainte
communauté.
Il ne s’y diftingua que par fes v e r tu s , fur tout 1 obeif-
fance & l’humilité. L ’abbé le fit bibliothécaire ôc apo-
crifiaire : la première charge lui donnoit l’intendance
des études -, ôc il s’en fervoir pour détourner les moines
de la leéture des poètes profanes, même de Virgile.^ La
fo n c tio n d’apocrifiaire comprenoit la garde du treior
de l’églife & des offrandes, ôc le foin des affaires du
dehors. Mayeul fu t envoie à Rome en cette q u a lité , Ôc
pendant ce voïage étant à Y v ré e i l guérit par l’onétion
de l’huile fainte le moine Heldric qui l’accompagnoit.
I l avoit été des premiers de là cour du roi d’Italie ; mais
attiré par la réputation de M a y eu l, il quitta fa femme,
fes biens quiétoient grands & la charge, ôc v in tfe rendre
moine à C lu g n i. <.
La fixiéme année depuis que Mayeul y fu t en tre ,
c’eft-à-dire l ’an 948. l’abbé Aimard fe Tentant vieux &
aveugle , ôc craignant que fes infirmitez ne fuffent
caufe de quelque relâchement dans l’obfervance,le déclara
abbé du çonfcntement de toute la communauté.
Et afin que Mayeul ne pût s’en e x cu fc r , il prit le
confeil
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confeil de quelques eyêques ôc de quelques abbez. -
Nous avons l’aóte autentique qu’il en fit dreifer, où il ■ P4 --
déclare, qu’il lui donne le gouvernement du monaftere
de Clugn i avec toutes les abbaïes & les autres lieux
qui en dépendent. C e t aéfce fu t foufcrit par Main-
bolde évêque de Mâcon & par deux autres évêques,
par deux abbez , & par cent trente moin e s , foit de
C lu g n i, foit des monafteres voifins. Letolde comte
“de Mâcon & avoüé ou p'rote&eur de l’abbaié de C lu gni
donna fes lettres d’approbation. Par cet aôte A i-
mardprenoit plutôt Mayèul pourcoadjuteur que pour
fucceffeur : car on trouve Aimard nommé comme ab-
be dans plufieurs chartes des années fuivantes jufques
en 964.
La même année 948. fe tint un concile à Londres, „ x x x ?*r,,
\ . - p . r r . t i / , . « ■ T u r q u e t u l a b b e
ou 1 urquetul rut fait abbe de Croiland pour rétablir ^ croUand.
ce menaftere. Il étoit neveu du roi Edouard le vieux, ritaf*c- s-Aii-
filsd ’E telvard fon frere, & naquit l’an 887. Le roi fon * ? ? ^
oncle lui propofa plufieurs mariages avec des filles de
ducs ôc de comtes, qu’il refufa toutes par l’amour de
la continence : c’eft pourquoi le roi jugeant qu’il fer-
viro it utilement l’é g jife , le vouloit preferer â tous les
autres pour remplir les principaux fiéges d’Angleterre.
Il lui offrit l’évêché de Vincheftre : mais Turquetul
s en déclarant indigne , le'fit donner â Frideftan fon
frere de lait. Le roi lui offrit encore l’evêché de D o r -
cheftre par le confeil de l’archôvêquePlegmond : mais
il le refufa avec la même fermeté, & le fit, donner à
Ceolulfe fon chapelain.
Le roi voiant donc que content de fon patrimoine
il etoit fans ambition Ôc fans intérêt, le fit fon Chancelier
comme très-capable par fa fageffe ôc fa fidélité
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