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i p 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
en Gaulois, c’eft-à-dire, comme je c rois , en Roman
ou Latin vulgaire d’où notre langue eft venue. Il dit
que le pape Jean , aïant inutilement invité les évêques
des Gaules à tenir un concile à A ix -la -C h ap e lle , puis
venir à Rome; avoit enfin indiqué le concile dans la
province de Reims, V o u lan t apprendre par fon légat
ce que l’on difoitde part Si d’autre touchant lad épo fi-
tion d’Arnoul Si la promotion de Gerbert. Puis il tira
une bulle fcellée en plomb, qu’il ouvrit devant tout le
monde , Si en fit la leéture.
Enfuite Gerbert fe leva , Si dit : J’ai toujours eu ce
■jour devant les y eu x , Si je l’ai toujours defiré , depuis
qu’au péril de ma vie j'ai reçu le facerdoce, par le con-
fèil de mes freres. T a n t j’étois touché du falut d’un
peuple qui p e r iffo it, Si de l’autorité par laquelle je me
croïois en sûreté. Je me fouvenois avec plaïfir des té-
moiunaces de votre bienveillance , que j avois tant
de fois éprouvée ; quand j’appris avec une grande fur-
prife , que vous étiez mal contens de moi ; & votre
indignation me fut plus terrible , que ne l’avoit été le
fer. des mes ennemis. Maintenant puifque Dieu m’a
fait la grâce de me trouver devant ceux a qui j ai tou jours
confié le foin de mon fa lu t, je dirai en peu de
mots ce qui montre mon. innocence. |
Après la mort de l’empereur O t to n , je réfolus de ne
point quitter le fervice de mon pere Adalberon , qui à
mon infçû me choifit pour le facerdoce, Si en moulant
me défigna pour fon fucceffeur en prefenc de personnes
illuftres. Mais la fimonie fit qu’Arnoui me fut préféré ;
Si je ne b iffai pas de le fervir fidelement plus qu’il n’é-
toità propos ; jufqu’a ce que çonnoiflant clairement fa
je v o lte , je renonçai par écrit à fon amicié , §cje l’abandopnai
L i v r e c i n q u a n t e - s e p t i e’m e .
donnai avec fes complices,fans autre efperance ni autre
intérêt que de ne point participer à fes crimes. Après
qu’il eut été long-temps pourfuivi Si cohtumacé , fui-
vant lesloix de l ’églife , comme il ne reftoit que de le
punir par les loix du prince , Si le chaffer de fon fîeg.e
comme rebelle : mes confrères Si les grands me preffe-
rent encore de prendre foin d’un troupeau difperfé Si
déchiré ; je différai long-temps,Si ne cédai qu’avec pein
e , fçaehant bien les maux qui memenaçoient. V o ilà
devant Dieu quelle a été la fimplicité de ma conduite.
On m’accufed’avoir trahi mon maître, de l’avoirmis
en prifon Si ufurpé fon fiege. E toit-il mon maître, lui
à qui je n’ai jamais prêté aucun ferment î Si je l’ai fervi
pour un temps, je l’ai fait par ordre de mon pere A d a lberon,
qui me dit de demeurer dans le g life de Reims,
jufqu a ce que je viffe la conduite de celui qui en feroit
évêque. Pendant q u e je l’o b fe rv o is , je devins la proïe
des ennemis, Si je perdis tout ce que je cenois de votre
libéralité Si de celle des feigneurs : encore les ennemis
m’aïant dépoiiillé, eurent regret que je leur euffe échappé
en vie. Depuis que j’ai quitté-ce rebelle , je n’ai eu
aucun commerce avec lui ; Si n’avois garde de le livrer,
puifque je ne fçavois où il étoit. Quant à la prifon, j’ai
depuis peu prié le roi mon maître en prefence de témoins
dignes de fo i , de ne le pas garder un moment en
prifon à mon fujet. Car fi votre jugement dépendoit
de moi, Arnoul feroit réduit en état de ne me pas nuire:
fi vous jugiez contre mo i , ce qu’à Dieu ne plaife, que
m’importeroit qu’Arnoul ou un autre fût archevêque
de Reims.
Gerbertrépond foiblement au reproche d’ufurpation,
difant qu’Arnoul ne doit pas être appellé l ’époux d’une
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