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Mat th. z x n i . 8.
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ïi^c. 11.
134 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .:
manda Ton frerc. Ii ne vouloit point que ion monafé
tere eût rien au delà du neceiTaire, difant que ce fur-
plus n’étoit qu’avarice. T rois de ces moines aïant un
jour mangé hors de la maifon , il leur dit : Etes-vous
mes efclaves pour vous cacher ainfi de moi ? Vous,
êtes mes freres, notre pain eft votre travail ; & per-
fonne ne vous contraint à rien faire contre votre v o lonté.
Sa communauté c ro iifa n t, il ne voulut jamais
prendre le titre d’abbé ou d’hegumene , pour mieux
obferverle précepte de l ’évangile , de ne point fe nommer
maître : mais il donna le titre d’hegumene à d’autres,
dont le premier fu tPro clus , homme très-fçavant
dans les auteurs facrez 5c profanes, & qui laiifa lui-
même plufieurs écrits.
U n grand tremblement de terre qui arriva dans la
Campanie & la Calabre,aïant prefque renverfé la v ille
de RoiTane : S. N il voulut aller voir ce défaftre de fa;
patrie. Mais pour fe d éguiier, il mit autour de fa tête
une peau de renard, qu’il avoit trouvée en chemin , &
portoit fur l’épaule fon manteau pendu a fon bâton-
Les enfans lui jettoient des pierres, & crioient après
lui : A u caloyer Bulgare , d’autres l ’appelloient Franc
ou Arménien. Le foir s’étant remis à fon état ordinair
e , il entra dans la grande ég life , pour prier la fainte
Vierge fa patrone. & fut reconnu de quelques prêtres,,
qui fe jetterent à fes pieds, fort furpris de fon arrivée..
Après les avoir confolez par fes difeours de p ie té , il
demeura avec un nommé C an ifc a s , dont il avoir été
difciple, l ’exhortant à quitter le monde , car il avoit
toujours mené une vie fort pure. Mais il ne put le
perfuader , à caufe de l’avarice qui le dominoit ; 5c il
mourut quelque temps aprè s, avec un repentir inu-
L l V R E C I N Q J I A N T E - S E P T I E’ME. i j j
cîle de ne l’avoir pas écouté.
Il faifoit fouvent reflexion fur la douceur de la fo-
litu d e , & le dégagement de la parfaite pauvreté,fans
foins comme fans biens ; 5c il trouvoit qu’en vivant
avec les autres, loin d’avancer dans la vertu on recule:
leur converfation même lui é^toit à ch a rg e , parce
qu’elle le détournoit de la contemplation 5c 4e l’occupation
intérieure. A cespenféesiloppofoit ce précepte
dè l’Apôtre : Que perfonne ne cherche fon avantage , lC „ ¿11+.
mais celui des autres pour leur falut. Il réfolut donc
d éprouver fes difciples par quelque commandement
deraifonnable ; & s’ils y obéiffoient fans examen,prendre
le parti de demeurer avec eux. U n jour après l’office
du matin, il leur dit : Mes Peres,nous avons planté
trop de vignes, 5c ce n’efl: qu’avarice d’avoir plus que
îe neceiTaire : venez-en couper une partie. Us y con-
fen t ir en t , & aïant pris la coignée fur fon épaule il les
mena a la plus belle de leurs vignes 5c du plus grand
rapport. Ils.lefuivirent tou s ,& fe mirent à couper depuis
le matin jufqu’à tierce. Alors voïant leur obéif-
fance , il promit à Dieu de ne les quitter de fa vie.
Mais le bruit de cette aéfion s’étant répandu d’un côté
jufques au M on t-A th os , & de l ’autre jufqu’ en Sicile,
perfonne n’y pouvoir rien comprendre, 5c on l’inter-
pretoit diverfement.
U n jou r com m e ilé to itàR o flan e un peu ind ifpo fé , n eft y.*” -
T h eop h y la é fe métropolitain de Calabre & ledomefti- Ti-eophyhae &
que Léon tous deux gens d’efprit & fçavans, vinrent le
Voir avec des magiftrats, des prêtres & u n e grande par- ?
tie du peuple • a deffein de lui faire des queftions fur
î écriture , plucot pour l’éprouver que pour s’inftruire.
Apres qu ils iè furent faluez & a flis , N il donna au
G gij