
r4i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
—— qu’il étoit inutile de prier le s fa in ts , foit martyrs, foie
An. i o n . confclpeurSt £ nfin que les oeuvres de pieté étoient un
tra vail in u tile , dont il n’y a voit aucunerécompenfe a
efperer : ni aucune peine à craindre pour les voluptés
les plus criminelles. Ils condamnoient le mar ia ge , ôc
an. défendoient de manger de la chair. H erbert a ïan tap -
pris cette doéfcrine, croïoit etre arrive au comble de la
fageffe ; ôc quand il fut retourné en Normandie chez:
Arefafte fon maître , il s’efforça par 1 affeétion q u i f
avoir pour lu i , de l’attirer à fes fentimens rdifantqu il
n’y avoit point de v ille comparableàOrleans , pour la.
fcience ôc la pieté. Arefafte aïant apperçû fon erreur,
en avertit Rich a rd duc de N o rm an d ie , ôc le p riad’e-
crire au roi Robert : pour lui découvrir le mal cache-
dans fon roïaume , avant qu’il y fît plus de progrès ; ôc
l ’exhorter a donner à Arefaite lui meme^le fecours ne-
ceffaire pour y remedier. Le roi furpris d'une iî étrange
n o u v e lle , manda q u 'A refaite fe rendit à Orléans en-
d iligence avec Herbert ion c le r c , lui promettant toute
forte d’a ffi fiance.
Arefafte fe mit en chemin fu iv a n t l’ordre du roi ; Ôc
paifantà Char t r es , il vouloicconfulter fur cette affaire
l’évêque Fulbert célébré alors pour fa d od r in e : mais îL
apprit qu’il étoit allé à R om e par d évotion. Il s’adreffit
au treforier de l ’églife de Chartres nomme Ebrard
homme fage ; & lui 3Ïant découvert le fujet de fon
voïage , il lui demanda ion co n fe il, fur les moïens de
combattre ces h e re tiq u e s , ôc de fe g arantir de leurs artifices.
Ebrard lui confeilla d aller tous les matins a 1 e-
o-life faire fa priere , pour implorer le fecours de Dieu ,.
& fe fortifier par la iainte communion : puis qu’aïant
fa it le fign ed e la c ro ix , i l allât trouver ces heretiques,
L i v r e c i n q u a n t e -h u i t i e ’ m e .’ 42?
qu’ il les écoutât fans les contredire en r ie n , ôc fît fem-
blant d’être leur difciple.
Qu and Arefafte fut a r r iv é àO r le an s , il p ratiqua de
point en point tout ce qu’Ebrard lui avoit eonfeillé; ôc
dans la maifion de ces nouveaux maîtres , il fe tenoit
affis le dernier comme le moindre de leurs difciples.
D ’abord ils lui donnoient des exemples ôc des compa-
raifons tirées de l’écriture, ôc l’exhortoientà rejetter la
mauvaife d od r in e qu’il avoit crue jufqu’alors , pour
recevoir la leu r, comme venant du S. Eiprit. Et voïanc
qu’il rendoit g râces à Dieu de tout ce qu’ils lui difoienr,
ils crurent l’avoir g a g n é , ôc commencèrent à lui découvrir
leur d od r in e : fans l’envelopper comme auparavant
d’expreflion de l’écriture. Il leur demanda en
quoi il devoir mettre fon efperance, puifqu’ils lu id é -
f ndoient de croire la paffion de J. C . ôc l’efficace des
facremens de baptême ôc d’euchariftie ; ôc ils lui répondirent
: V o u s a v e z é té jufquesici dans l’abîme de l’erreur
avec les ignorans ; ôc vous venez d’ouvrir les yeux
de l’efp.rit à la lumière de la vérité. Nous vous o u v r irons
la porte du falut ; ôc quand vous y ferez entré ,
vous ferez purifié de tous vos pechezpar l’impofition
de nos main s,. ôc vous ferez rempli du don duS. Efprit,
qui vous fera penetrer la profondeur des écritures. En-
fuite étant nourri d’une viande celefte , vous verrez
fouven t avec nous les anges, ôc par le fecours-de ces
vifions , vous pourrezen un moment vous tranfporter
où il vous plaira , ôc vous ne manquerez j amais de r ien,
parce que Dieu fera toujours avec vous.
C e qu’ils appelloient la viande celefte fe faifoit en
cette maniéré Ils s’aifembloiept certaines nuits dans
une malfon marquée , chacun une lampe à la main, ôc
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A n .1022.
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