
1 4 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
------------— êtes frere du d u c , ils vous obéiront plutôt qu’à mo i ,
A n . 9S9. vous pourrez les réduire par l ’autorité de votre frere :
votre n o b le ife , vôtre fcience & la faintetéde votre
profeffion vous rendent digne de l’épifeopat, je vous
le cede volontiers ; ôc je folliciterai le pape de vous l’accorder
de mon vivant. En parlant ainfi il lui mit entre
les bras le bâton paftoral qu’il tenoit. Mais Straquaz
le jetta par terre avec indignation, ôc dit : Je ne
fuis ni digne ni capable de l’épifeopat, je fuis moine &
mort au monde. L ’évêque lui répondit rSçachez, mon
fre re , fça ehez, que ce que vous ne voulez pas fairç
maintenant à p rop os , vous le ferez en fuite, & ce fera
à votre perte,
xv. Adalbert vint à Rome en 989. & le pape Jean X V ,
M<jaibprtaRo. Je quitter fon peuple rebelle, plutôt que
d e fepe rd re av eclui. A ïan t doncréfoludepalferlejreftç
de fa vie en païs étranger , il commença par diftribuer
tout fonargent auxpauvres. L'imperatriceTheophanie
mere d’Otton II . quiregnoit alors fe trouva dans le mêT
me temps à Rome ; ôc fçaehant que 1’éygque Adalbert
vouloir aller en pçlerinagç à Jerufalem, elle Je fit venir
fecretement &c ly i donna tapt d’a rg ep t, que le jeune
Gaudence frere d’Adalbprt le pouvoit à peipe lever de
terre. Elle Pobligeoit à le prendre pour la dépenfe de
fon voïage ; mais le faint évêque le diftribuy tout 311X
pauvres la nuit fuivante,
A ïan t renvoie fes gens en Boheme, il changea
d ’h a b i t , acheta un âne , pour porter le bagage ^ôc fe ’
mit en chemin avec trois perfonnes feu lem en t, pour
plier à Jerufalem. Ilpaffaau M o p t -C a f f in ,& y fu t r e ç p
pv e ch on n eur , fans être connu. Quelques jours après
pomme il ep vouloir partir l’abbé Manfipn fuccelfeur
d’Aligerpç
L i v r e c i n q u a n t e - s e p t i e ’m e . 149
d ’Aligerne le vint trouver avec les principaux du mo-
nàftere, ôc lui dit : Vous entreprenez un long voïage ôc
plein de grandes diftraétions 1 il eft bon de quitter le
m o n d e , mais-il n’eft pas avantageux de changer de
place tous les jours. Il vaut mieux fe fixer en un lieu,
iuivant les maximes de nos peres. Adalbert reçut ce
confeil comme venu du c ie l, ôc réfolut de s’arrêter au
M ont- Caffin pour y paffer le refte de fa vie.
Mais un des principaux du monaftere lui dit un jour
ayc cplus d ’a ffe â io n que de diferetion : Mon pere,vous
ferez très-bien de prendre ici l ’habit monaftique , ôc
demeurer avec nous : car comme vous êtes évêque ,
vous confacrereznos églifes, ôc ordonnerez nos clercs.
A d alb e r t voiant qu’il étoit découvert, fut fenfîble-
ment affligé de ce difeours; ôc aulfi-tôtil a lla àV a ld e -
luce confulrer S. N il fur ce qu’il avoit à faire. S. N il
connut d’abord par quel mouvement il a g iifo it ,& d it
depuis, qu’il n’avoit jamais vû perfonne plus fervent
dans l’amour de Dieu que ce jeune homme: Mais il lui
dit : Je vous recevrais, mon fils,dans macommunauté,
iî ce n’étoit-lui nuire fans vou s fe rv ir. V o u s v o ïe z à
ma barbe ôc à mon habit que je fuis Grec ôc étranger ;
& le heu que nous habitons appartient à ceux que vous
quittez : fi je vous reçois ils me chaiTeront, ôc vous ferez
encore plus incertain du lieu de votre retraite. Je
vous confeille deretourner à R om e , & d’aller trouver
de- ma part 1 abbe Léon : avec une lettre par laquelle je
le prierai de vous garder chez lui, ou du moins de vous
recommander à l’abbé de S. Sabas,
Adalbert étant revenu à Rome , s’informa du monaftere
de l’abbé L é o n , & apprit que c’étoit celui de
£. Alexis. Léon voulant l ’éprouver, le rebuta d’abord,
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Chr. Cdjf. lib. 11.
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