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— très quelques évêques de Gaule 8c de Germanie. Le
N‘ ' concile fe tint à Ingelheim dans l ’églife de faint Remi
lefcptiéme de Juin 548. indiétion fixiémeeri prefence
des deux rois Otton 8c Louis. Le légat Marin y préfi-
d o i t , 8c i ly a v o i t trente-deux évêques lui compris, fça-
vo ir cinq archevêques, V ic fred de C o lo g n e , Frideric
de Maïence, Robert de T r e v e s , Artaud de Reims ,
Adaldague de Hambourg; & vin g t-fix évêques, dont
les plus connus font S. Udalric d’A uib ourg & Adalbc-
ron de Metz ; la plupart étoient d’au-de-là du R h in . I l
y avoit bon nombre d’ab b e z , de chanoines 8c de moines.
Le légat lut la lettre de fa commiiïïon où le pape
lui donnoit toute fon autorité 8c à laquelle les rois , les
évêques & tous les aiïïftans declarerent qu’ils étoient
prêts d’obéïr.
Enfuite le roi Louis fe leva d’auprès du roi Otton J
Sc de fon confentement propofa fa plainte au concile
contre Hugues comte de Paris, difant : J’ai été appelle
d Angleterre par les députez de H ugues 8c des autres
feigneurs de France pour prendre pofTefïîondu roïau-
me qui m’étoit échu par la mort de mon pere. J’ai été
reconnu & facré roi par les fuffrages & les acclamations
de tous les feigneurs 8c de toute la nobleifc de
France. Hugues toutefois m’a chaifé , m’a pris frau-
duleufement, & m’a retenu prifonnier un an entier ;
& je n’ai pû obtenir ma liberté qu’en lui laiflant la
v ille de L a o n , qui reftoit feule à la reine Gerberge
pour y tenir fa cour avec mes ferviteurs. Si on prétend
que j’aïe commis quelque crime qui méritât un tel traitement,
je fuis prêt à m’en purger au jugement du concile
, & fuivant l’ordre du roi O tto n , ou par le combat
iingulicr.
L i v r e c i n q u a n t e - c i n q j j i e ’me. 6 - j
Après que le roi Louis eut fait fa plainte, l’archevê -
que Artaud fe leva 8c fit lire la fîenne en forme de let- ^ Nl iH 8*
tre adreflée au légat Marin & à tout le concile. Il y dé- L/.uiv.*. J7.
duit tout au lon g ce qui s’étoit paifé touchant l’archevêché
de Reims depuis la mort d ’Hervé 8c l ’ordination
de Seulfe : 1 intrufion de Hugues, fon ordination,
fon expulfion , laperfeçution qu’Artaud avoit fouffer-
te jufques à être réduit à vivre vagabond 8c fe cacher
dans les bois ; parce qu’il ne vou lo it pas renoncer à fon
i ïe g e , 8c rendre fon pallium. Enfin il rapportoit ce
qui s’étoit fait aux deux conciles de Verdun 8c de
M ou fon . Après que ce libelle eut été lû & expliqué en p.^u
langueTudefque en faveur des rois, Sigebolde diacre de
l ’archevêque Hugues entra dans le concile avec des lettres
qu’il avoit apportées de Rome, & déjà prefentées au
concile de Moufon : difant qu’il les avoit reçûës à R o me
du légat Marin qui étoit prefent. Marin montra
les lettres que Sigebolde a voit portées à Rome, & les fit
lire devant le concile. Elles contenoient que Gui évêque
de So iffons , Hildégaire de Beauvais, Raoul de
Laon 8c les autres évêques de la province de Reims
les avoient envoïées pour demander au pape le réta-
bliffement de Hugues & l’expulfion d’Artaud. Mais
Raoul de Laon qui étoit nommé dans cette lettre 8c
Fulbert de Cambrai foutirent que jufques là ils ne
l ’avoient jamais vû ë , ni confcnti à l ’envoïer à Rome.
Sigebolde ne put leur répondre rien de folide , quoiqu’il
criât beaucoup 8c les chargeât de calomnies. Sur
quoi le légat Marin demanda qu’il fût jugé canoniquement.
Après qu’il eut été convaincu d’avoir avance
des faufletez, on lut les canons contre les calomniateurs,
8c le concile jugea qu’il devoir être dépofé 1 Si