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Sup. livt t v n .
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5 2 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
Conrad, & fon fils Cafimir la quitta quelque tems
après, pour venir en France ; & Te rendit moine à
Clugny fous de nom de Charles. E nPo lo gne, comme
il n’y avoit point de maître, le défordre étoit extrême
: la religion encore nouvelle iè trouvoit en grand
péril, les évêques réduits à iè cacher, les égliiès expo-
iees au pillage. Bretiflas duc de Boheme , ennemi des
Polonois, profitant de l’o cca fion, entra dans le pais,
prit les meilleures villes, entre-autres Gnefne, qui étoit
la capitale ; d’où par le conlèil de Severe évêque de
Prague, q u il’accompagnoit, il voulut enlever le corps
du martyr S. Adalbert leur évêque : mais les Polonois
prétendent que les clercs de l’égliiè de Gnefne trompèrent
les Bohémiens I & leur donnèrent à la place le
corps de iàint Gaudence frere de iàint Adalbert. Les
richeflfes de cette égliiè, qui étoient grandes, furent pillées
; entre-autres un crucifix d’or du poids de trois
cens livres, trois tables d’or enrichies de pierreries,
dont le grand autel étoit orné. Ce pillage de l’églife de
Gnefne arriva l’an 1038.
L ’année fuivante Eftienne, qui en étoit archevêque
de l’avis des autres évêques de P o lo gn e , envoia une
députation à Rome pour fe plaindre de ce iàcrilege. Le
pape Benoît IX* aiant délibéré iur cette affaire, on
conclut que le duc Bretiflas & l’évêque Severe feroient
excommuniés, jufques à l’entierereftitutiondes ch o ies
làintes. Toutefois pour ne pas les condamner iàns
les o ü ir , ils furent cités à Rome ; & y envoïerent des
députés, qui les excuferent fur la dévotion pour de 11
precieuiès reliques, & fur le droit de la guerre. Ils
promirent que ce qui avoit été pris feroit rendu r-mais
depiiis aiant gagné par prefens les cardinaux, ils obtinrent
L i v r e c i n q u a n t e -n e u v i e ’ m e : |$gfj
tin ren t l ’abfolution de leur p r in c e , fans faire aucune
xeftitution.
D ’un autre côté les Polonois ennuïés de l ’anarch
ie , réfolurent de rappeller Cafimir fils de leur dernier
roi î mais ne fachant ce qu’il étoit deven u , ils envoïerent
en Allemagne vers la reine Rixa fa mere ;
4jui leur dit qu’il v iv o it encore , mais q u’il etoit moine
à Glugny : où par la permiffion de l ’abbé faint O d i-
lo n , ils parlèrent a C a fim ir .N o u s venons, lui dirent-
i l s , de la part desfeigneurs &c de tou te lan ob le ifede Polo
g n e , vous prier d’avoir pitié de ce royaume, d’en v e nir
appaifer les d iv ifion s , &c le délivrer de fes ennemis.
Cafimir répondit: qu’il n’étoit plus à lui, puifqu’il n’a-
vo it pu même leur parier fans l’ordre de fon abbé. Ils
v-inrentdonc a faint O d ilo n , qui après avoir pris con-
fe il leur repondit : qu il n’étoit pas en fon pouvoir de
renvoïer un moine profès & ordonné diacre: & qu’ils
dévoient -s’adreifer au p ape, qui feul avoit dans l’églife
la puiiTanceiouveraine.
Les députez de Pologne allèrent à R om e ,.& aïant
eu audiencedu pape Benoît IX . ils lui repreienterent
le trifte état de leur pais , &£ le beloin qu’ils avoient
du prince C a fim ir , pour la confervation du roïaume
& de la religion. Le cas étoit nouveau & la demande
extraordinaire : toutefois après avoir bien con fulté ,
le pape crut devo ir l ’accorder. Il difpenfa donc C a fimir
de fes voe u x , lui permettant non feulement de
fortir du monaftere & de rentrer dans le mon d e , mais
de fe marier ; a condition que les nobles de Pologne
païeroient tous les ans au faint fiege chacun un denier
de redevance. Ainfi Cafimir retourna en Pologne, où
fl fut reconnu r o i , & époufa Marie foeur du prince
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