
314 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
8c des curiofitez inutiles, Ladiftraétion quecaufele
travail détourne ces penfées 8c une infinité de maux;
8c rien n’eil tel que de manger fon pain à la fueur de
fon vifage. Quelques-uns des moines ne pouvant
goûter cette feverité du S. abbé demeurèrent à Val-
deluce : mais ils tombèrent dans la divifion , l’indépendance
8c le déiordre ; 8c enfin on les en chalïa
entièrement.
». Cependant S.Nil avec Eftienne Scies autres qui le
fuivirent, trouva près de Gaëteunlieudefert, aride
ôe é croit dont il fut charmé; 8c s'y logea. D'abord ils y
manquoient de tout:mais bien-tôt plufieurs freresie
joignirent à eux , 8c ils furent dans l’abondance par
leur travail affidu, accompagné de piàlmodie continuelle,
de frequentes.genuflexions,d’une abftinence
volontaire Se d’uneobéïffance fans contrainte. Le S.
vieillard croiiToit en ferveur à mefure que fes forces
corporelles diminuoient, 8c ne relàchoit rien de fes
aufterités, ni pour fes infirmicés , ni pour fon grand
âge,car il vécut jufquesàquatrevingt-quinze ans .Ja-
mais il ne but ni ne mangea avant l’heure réglée, jamais
il ne mangea de chair,ni ne fe baigna,Son abftinence
étoit tellement ^ournéeen habitude,qu’il n’au-
roitpûla rompre quand il auroit voulu. Souvent il
avoitdesabftradtions d’efpritqui i’empêchoient de
voir ceux qui étoient préfens;Sc cependant il recitoit
quelques pfeaumes,ou quelques paroles de la liturgie,
comme le Sanéîus.Quand il étoit revenu 8c qu’on
lui demandoit ce qui lui étoit arrivé ; il répondoit :
Je fuis vieux, mon enfant, jeradote, je fuis obfedé
du démon, 8c je ne fais ce que je fais.
La princefte de Gac te pria fon mari qu’ils allaffent
L i v r e c i n q u a n t e -s e p t i e ’ me ;
ënfemble voir le S. abbé. Faifons-lui favoir auparavant,
dit le prince, de peur qu’il ne le trouve mauvais
, qu'il ne s’enfuie 8c que nous ne le perdions Car
on favoit qu’il évitoit avec grand foin la rencontre
des femmes, & que jamais aucune n’entroit dans
ion nronaftere.il répondit à celui qui vint de la part
du pnnce:Pour Dieu aïez compaifion de moi: quand
j etois dans le monde j’ai-été agité du démon: j?ai été
guen depuis que je fuis moine , mais fi je vois une
femme, le démon revient auffi-tôt.me tourmenter.
Cette reponfe ne fitqu’enflâmmer davantage Je defir
de la princefte ; 8c elle fit tant, qu’il lui permit de le
venir voir, mais à condition qu’elle ne feroit fuivie
d aucune autre femme Le S.homme après l’avoir un
peu entretenue de la pureté,de l’aumône8c delà crainte
deDieu, larenvoïa avec joie. La rencontre des
grands delà terre lui étoit fort à chargeai l’évitoit
foigneufement comme une fource de vanité ; 8c il
n’avoit de commerce avec eux, même par lettres
que pourles fecourir dans leurs befoins 8c leurs5
mauvaifes affaires.
L’empereur Otton célébra à Rome lafète de pâques
qui cette annee 998.fut lcdix-feptiémed’Avril;8ca-
pres l’oètave il fit attaquer avec dès machines 8c des
echellesjafortereffeoû Crefcence s’étoi renfermé,
ceft a dLrelechateauS.Ange^uipaftoitpourimpre-
nable L empereur craignant delà manquer,émPloïa
unAllemannommeThamme,qu’ilcheriffoitjufques
a le taire-manger a fon plat & le vêtir de les hubits.
Celui- la, patordre de l'empereur,8c de concert avec
lapape,promu fûreté àCrefcence avec ferment:mais
quand il fut forti de fa forcereffe, l'empereur lui fit
S s jjj
An 91)8 .
LIl
S. Romuald
presJ’empereur.
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99 S.
Vtta S. Rom. n.
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