
| j p H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
L’empereur Michel Paphlagonien fe Tentant preffé
de Ta maladie, & deTeTperant d'en g u é r ir , Te fit couper
les ch e / eu x , & reçut l’habit monaftique des mains du
moine C o fm e , qui étoit toûjours avec lui & Tainiloit
de Tes confeils, Enfin il mourut, témoignant de grands
fentimens de penitencedes crimes qu’il avoit commis
contre fon prédeceffeur : car du refte il avoit affezbien
vécu il mourut le dixième Décembre 1 an du monde
6550. de J. C . 1041. indiction dixième,aïant regnefep t
ans & huit mois. Z o é Te trouva ainfi délivrée de l’eunuque
Jean, qui gouvernoit fous le nom de Michel
ion frere. Elle eût bien voulu regner feule ; niais
voïant qu’il ne lui étoit pas poffible, elle adopta pour
ion fils un autre M ic h e l, neveu du défunt empereur,
furnommé C a la fa te , parce que le patrice Eftienne fon
pere avoit été calfateur des navires : mais elle lui fit
promettre fous les plus terribles fermens, que toute fa
Vie il la tiendroit pour ia maîtreffe gç fa rriere, & ne
feroit qu’executer fes ordres,
Toutefois au bout de quatre mois le nouvel empe*,
reur fe laiffa perfuader d’entrer en défiance de l ’impe-
ratrice Z o é , S i de craindre qu’elle ne le fift périr com me
fes deux prédecefleurs : car on prétendoit qu’elle
les avoit empoifonnés. Il réfolut de la prévenir ; &c
croïant s’êtreaifuré l ’affeétion du peuple, il envoïa de
nuit Z o é dans l’iile du p r in c e , fit arrêter le patriarche
A lexis j 8i le lendemain lundi d’après l’o étave de P â ques
il fitlire au peupleune d é cla ra tion, pourjuftifier
fa conduite. Mais le peuple s’écria : Nous ne voulons
point pour empereur le parjure Calafate,mais l ’heritie-
re de 1 empire notre mere Z o é . Onràppe lla Theodora
foeurde Z o é , du monaftere où elleaVoit été enfermée
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malgré elle ; & Michel après avoir eflàyé de fe foûte- T~--------
nir par la force, fut réduit à s’enfermer dans le monaf- N,I04 2*
tere de Stude , & y prendre l’habit monaftique le mercredi
de la même femainevingt-uniémed’ A v r il, 1042.
Mais le peuple l’en tira de force, lui creva les y e u x , &
le relegua dans un autre monaftere»
Z o é v o u lo it encore regner feule, mais le peuple l’o bligea
d’aflbeier à l’empire ià foeur T h eod o ra , & elles
regnerent environ trois mois enfemble. Ce fut la première
fois qu’on vit l’empire fournis à deux .fem m e s rfel"usMal' tJ?'
& néanmoins tout trembloit devantelles,tant on avoit
de reipeé/t pour le iàng de Baille le. Macédonien. Z o é
quoique plus vive dans iès iêntimens, étoit plus retenue
à parler, mais elle étoit libérale jufques à la pro<-
digalité : Theodora plus tranquille,parloir plus & don-
noit moins j mais ni l’une ni l ’autre n’étoit capable de
gouverner. Elles mêloient aux affaires les plus férieufes
vies amuièmeus de femmes, & leur principale occupation
étoit de compofer des parfums. C ’étoit l’unique
plaifir de Z o é :, fon appartement étoit unlaboratoire,
ou on v o y oit un grand amas de drogues aromatiques,
& des fourneaux allumez, même: dans la plus grande:
chaleur de 1 ete. Elle ne laifloit pas d’avoir de la-pieté
au moins extérieure ; & honoroit particulièrement la
fàmeuiè image de J. C . nommée antiphonetés, qu’elle
avoit ornee avec grand ibin.Elle le profternoit iouvent
.devant cette image, fe frappant la poitrine, & répan-
dant beaucoup de larmes r elie lui parloit comme à une
perfonne vivante, & félon que l’image lui paroiffoita-rv
voir plus oumoins d’éclat, elle droit des pré/àges pour
l ’avenir.
Enfin au bout de trois mois, Z o é y it elle-même la»
Tome X II». * . Ÿyy