
¿f i s H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
toutefois il demeura quelque temps auprès de ce prince.
Si témoigna fouvent depuis, qu’il n avoit gueres vu.
de vertu pareille à la fienne. Enfin Brunon lui permit
de fuivre fon inclination. .Il retourna en Suabe , il fut
reçu avec une très-grande joie par (es parens, qui le
regardoient comme le foûtien de la famille , Si lui o ff
froient toutes les commoditez temporelles : mais il les
quitta pour aller fe cacher dans le monaftere d’Enfidlen
•* M v 'A l M fond d’une obfcure forêt , I y embraiTa la vie mo-
jiaftique, fous la conduite de l ’abbé Grégoire Anglois
de naiffance, qui avoir tout, quitté pour y venir fervir
Dieu . I
La réputation de V o lfa n g luiattira.biem-totplulieurs
d ifc ip le s , qui venoient des monafteres v o ifin s , recer
vo ir fes inftruéjions ; Si faint Udalric étant venu vifiter
à fon ordinaire les moines d’Enfidlen , goûta tellement
le mérité de V o lfa n g , qu’il le prit en affed ion fingUr
liere , Si quelque temps après l’ordonna prêtre maigre
fa réfiftance. U n jour comme V o lfan g étok en prière,-
faint Otmar à qui il fe recommandoit ftiuvent,lui apparut,
Si lui dit : V ou s fortirez pauvre de cette provin*
ç e , Si dans une autre, ou vous-ferez eiçile potjr la
caufe de Dieu , vous ferez pourvu d’un afiez riche évê^
ché. Si vous y faites votre devoir ? vous entrerez dans
la vie éternelle au bout de yingt-deuz ans. Si vous
fortirez de cette vie dans un lieu où on honore ma
jnemoire. - , - , . , t
Encouragé par cette vifion 8i poulie du zele de la
converfion des infidèles', il fortit du monaftere avec la
permiffion de l’abbé , & paifa dans la Pannonie pour
prêcher les Hongrois e n '971. Mais Piligrim évêque de
Paflau, voïant qu’il n’y faifoit point de f r u i t , le retira
de
L i v r e c .i n q u a n t e - s i x i e ’m e .1 153
de cette entreprife, Si le retint quelques jours auprès
de lui. Pendant ce féjour il reconnut fi-bién le mérité
de V o lfa n g , qu’il difoit à fes confidéns : O qu’heureu-
fe fera l’églife qui aura un tel évêque! Je veux demander
pour lui l’évêché de Ratifbone. O n lui répondit
: Comment cet homme pauvre Si inconnu pourra
t-il obtenir cette dignité préferablement à tant de
perfonnes illuftres Si connues*de l’empereur ? Les ju-
gemens de D ie u , reprit l’évêque, font bien differens
de ceux des hommes. Je m’adrefferai au marquis, en
qui l’empereur a grande confiance, Si je le prierai de
faire enforte , que fans ayoir égard aux brigues Si en
vûe de la récompenfë.éternelle , on tnette en cette place
cet homme fi d ign e ,d e quelque condition qu’ilfo it .
La chofe fut ainfi executée. L ’empereur O tton II. par
le confeil du marquis en voïa ordre d’élire V o lfa n g pour
évêque de Ra tifb one, Si enfuite le lui amener bon-gré
mal-gré à Francfort , où il devoit palier la fête de
Noël.
Les envoïez de l’empereur trouvèrent encore V o l fang
auprès de l’évêque de Paffau ; mais il ne fongeoit
qu’a partir pour retourner en fon païs. A ïant appris
l ’ordre du r o i , il v it bien que cette affaire étoit l ’o u vrage
de le v êq u e . I lfe rendit à Ratifbone avec les envo
ïe z , où le clergé Si le peuple d’un confentement
unanime l’élurent canoniquement, Si l’envoïerent à
la cour avec une députation de leur part. Etant en
prefence de l’empereur il fe profterna à fes pieds ,
proteftant de fon indignité , mais le prince malgré fa
répugnance l ’inveft'it de l’évêché par le bâton pafto-
ral. V o lfan g retourna à Ra tiib on e , où il fut intronifé
par le clergé Si le p eu p le , Si façré par fon metropo-
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