
L.
More d'Agapie
Il Jean XII. pape
F r o d . C b r . 5 5 4 .
V . B a rp n a n . ^ y ç .
"Baron, e x M f.
an. 9)7'
II.
More de Theo-
pnvl cfe. Po-
îveucfe patriarche
de C . P.
C e d . p. ¿ 5 8 , C'.
Su p. n. K .
58 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
Le pape Agapit II. mourut l 'a n u s , après avoir tenu
le faint fiege près de dix ans. Le patrice Alberic étoir
mort dès l ’an <>54. & fon fils O & a y ien quoique clerc,
lui avoitfuccedéen fa dignité & fo n autorité dans R o me.
Après la mort d’Agapit les Romains l’exciterent
à fe faire élire pape , quoiqu’il ne fût âgé que de dix-
huit ans au plus. Il prit le nom de Jean X I I . & c’e ft le
premier pape qui ait changé de nom ; comme il avoic
joint cette dignité à la puiffance temporelle dès l’année
fuivantes>;7. il aifemblaune armée,tant de fes troupes,
que des fecours qu’il tira du duché de Spolete, & marcha
contre Pandolfe prince de Capouë : qui fecouru
par Gifulfe prince de Salerne , réfifta au pape Jean, &
l ’obligea à retourner chez lui. Le .pape envoïa enfuite
demander la paix au prince de C ap o u ë , qui l’accepta,
& ils firent alliance.
A C . P. le patriarche T h eo p h ilad e mourut Icvingt-
feptiéme de Février in d id ion quatorzième, l ’an du
monde 6 4 6 4 . de Jefus-Chrifi 956. ayant tenu le fiege
vingt-trois ans, & vé cu environ quarante. Car il fu t
mis en poiTeffion de cette dignité dès l’âge de feize ans.
T an t qu’il demeura fous la conduite d’au tru i, il parut
fage & modéré : mais dès qu’il fut en âge d’agir par
lui même , il s’abandonna aux ad ions les plus criminelles
& les plus honteufes. Il mettoit en vente tous
les ordres de l’églife & les promotions des évêquçs. Il
étoit paifionné jufques à la folie pour la chalfe .& pour
les chevaux , dont il av’oit plus de deux mille , & ne
les nourriffoit pas de fo in & d’o r g e , mais de pignons,
de n o iiettes, de piftaches, de dattes, de raifins fecs &
de figues trempées dans d’excellent vin , avec les parfums
les plus exquis. Un jour de je u d i- fa in t, comme
L i v r e c i n q j j a ü ï t e - c i n q u i e ’me. 99.
il célebroit la meife, celui qui avoit foin de fon écurie
, vint lui apporter la nouvelle qu’une telle cavale ,
celle qu’il eitimoit le plu s , venoit de mettre bas. lie n
fut fi r a v i, qu’aïant achevé la liturgie le plus vite
qu’il put, il alla tout courant à lecurie voir le nouveau
poulain , & revint à la grande églife achever le refte
de l’office. Il introduifit la mauvaife coutume de danfer
dans les églifes aux grandes fêtes avec des contorfions
indecentes, des éclats de r ir e , & des chanfons triviales.
Enfin courant a ch e v a i, ilfe froifTa contre une muraille
& cracha du fane. Après avoir été à la mort , il *4 '-
r . • - i i - • a t - ^ ¡ 6- n . n . le porta mieux, mais il ne le corrigea p a s , & continua
de vendre les évêchez', d’aimer fes chevaux , &
mener une vie molle & indigne de fon rang. Il traîna
ainfi deux ans,& fon mal fe tourna en hydropifie dont
il mourut.
Son fucceifeur fut Polyeuéte eunuque né & élevé à
C . P. Il embraffa dès l ’enfance la vie monaftique & la
pratiqua long-temps avec réputation : auffi les motifs
qui portèrent l’empereur Conftantin à le choifir pour
patriarche , furent fa fcience non commune, fa vertu
& fon afnour pour la pauvreté. Il fu t ordonné le troi-
fiéme jour d’A v r il la même année 956. par Bafile archevêque
de Cefarée en Cappadoce ; car l’empereur ir-
rifé pour quelque fujet contre Nicephore archevêque
d’Heraclée, ne lui permit pas de faire cette ordination.
O n en blâma fort l ’empereur, l’archevêque de Cefarée
& même le patriarche Polyeuéte, comme n’aïant pas
dû fouffrir d’être ordonné contre les réglés. C a r B y zance
n’çtoit originairement qu’un évêché fuffragant
d ’Heraclée : ç’eft pourquoi quand il fut devenu fiege
patriarcal, l’archevêque d’Heracléeconferva fon droit
N ij