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A n . i o ü ,
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4 3 î, H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
m e n t , par l’opération du S. Jiijpric , ne pouvoit etre
ch an g é au corps ôc au f a n g d s j .Ç , I I I
Après qu’Arefafte eut ainfi parle, G uerjn ev eque de
Beauvais s’adreffa à Eftienne & à L ifo y e , comme aux
docteurs des autres , ôc leur demanda fi c ’écoit la leur
créance. Ils déclarèrent hardiment qu ils croïoient ain-
il depuislong-tems. Et nous nous attendons, ajoutèr
en t - ils , que vous ôc tous les autres embrafferez cette
d o d r in e , qui eft la pure v é rité. L’éveque leur du : J. Ç.
a voulu naître de la V ie r g e , parce qu’il l’a pu ; Sc il a
youlu fouffrir en fonhumanité pour notre lalut , ann
de reiTufciter par la vertu de fa d iv in ité , 5c nous montrer
que nous reftufciterons auifi.
Ils répondirent : Nous n’y étions pasprefens, Sc nous
fie pouvons c roire que cela foit vrai. L evêque de Beau-
yais leur dit : Croïez-vous avoir eu un pere ôc une me-
re ? Ils en convinrent ; 5c il reprit : Si vo.us çroiez etre
nés de vos parens, lorfque vous n e t ie z p a s , pourquoi
ne voule?-vous pas c ro ire , que le P ie u engendre de
Dieu fans mcre , avant tous les fiecl.es foie ne d une
V ie r g e , à la fin des tems, par l’opération du S. E fprit ?
Jlsrépondirent : C e q u i répugne l i a nature, ne sa c c r -
de point ayeç la création. L’évêque reprit : A v an t que
rien fe fît par la nature, ne croïez-vous pas que Dieu le
pere a tout fait de rien par fon fils? Ils répondirent :
Vous pouvez dire ces contes à ceux qui ont des penfées
terreftres , ôc qui croient les inventions des hommes
charnels, écrites fur la peau des animaux : pour nous
qui avons une loi écrite parle S, E fp r jt, dansl’homme
intérieur,Se qui n’avons d’autres fentimens,queçe que
nous avons appris 4 e Dieu meme , c eft en vain
que vous nous parlez ainfi : finiiTez 5c faites de nous
ce quç
L i v r e C i n q u a n t e -h u i t i e’m e . 4 3 5
Ce que vous voudrez. Nous voïons déjà notre ro i, Â T' régnant dans le Ciel, qui nous appelle de la main à des N,I° 22* triomphes immortels.
O n diiputa contre eux depuis la première heure du lv.
jour jufques à none, c’eft-à-djrejufques à trois heures brû“ écn‘
après midi : & on fit tous les efforts poffibles pour les g u î .
tirer de leur erreur. Comme on les vit endurcis, on
leur déclara, que s’ils ne changeoient, ils feraient aufi
fi-tot brûles par ordre du r o i , du confentement de
to u t le peuple. Us dirent qu’ils ne craignoient rien, &
qu’ils ibrdroient du feu fans aucun mal , ils fe mo-
quoientmeme de ceux qui les vouloient convertir.
Alors on les fit revêtir chacun des ornemens de fon ordre,
& auffi-tot les eveques les depofèrent: la reine par
ordre du roi fe tint à la porte de l’églife, de peur que le
peuple ne fè jettat dedans pour les tuer: mais comme
on les en faifoit fortir, la reine d’une baguette qu’elle
avoit à la main creva un oeil à Eftienne, qui avoit été
ion confefTeur. O n les mena hors-de la ville, fous une
cabane,où o n a vo it allumé un grand feu.Ilsyalloient
gaiement, difant tout haut qu’ils ne defiroient autre
chofe.De treize qu’ils étoient, il n’y eut qu’un clerc &
une religieufe qui fe convertirent : les autres furent
brûlésavec la poudre abominable, dont il a étéparlé.
Tou te fois , quand ils commencèrent à ièntir le feu,
ils fe mirent à crier qu’ils avoient été trompés, & qu’ils
avoient eu de mauvais ientimens de Dieu, ièigneur de l’univers. Quelques-uns des aflîftans touchés de leurs
cris,’ vouloient les retirer du feu, mais il n etoitplus
tems 5 & ilsfurent tellement réduits en cendres, qu’on
ne trouva pas même leurs os. O n découvrit que le Adtmnt
chantre de l’églife d’Orleans, nommé T h eod at, &
Tome X L i ü
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