
i<i8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
■--------------- eft maintenant tellement a bai île & chargé de honte &
A N. 9 9 1 . d’ignominie ? C ’eft notre faute, oui la nôtre; c'eft que
nous ne cherchons que nos intérêts, 8c non ceux de
Jefus-Chrift.
Car fi dans tous ceux que l ’on choifitpour l’épifco-
p a t , on examine la gravité des moeurs, la vertu & la
fcience : que ne doit-on pas chercher en celui, qui veut
paroître le doéteur de tous les évêques? Pourquoidonc
met on dans le premier fiege celui qui ne mericeroit
pas la derniere place dans le clergé ? Qui pcnfez-vous
que foit cet homme ailis fur un thrône élevé, éclatant
par l’or 8c la pourpre , dont il eft revêtu ? S’il eft delti-
tué de charité, & feulement enflé par la fcience, c’eft un
Antechrift aflis dans le temple de Dieu, 8c fe montrant
(. ihff.ii. 4 . comme s’il étoit Dieu. Que s’il n’a ni charité ni fcience
, il eft dans le temple de Dieu comme un idole, &£
le confulter , c’eft confulter le marbre. Attendons tant
que nous pourrons la converfion de nos fuperieurs, 8$
cependant voïons où nous pourrons trouver la nourriture
de la parole divine. Quelques-uns de cette
fainte aifemblée font témoins que dans la Belgique 8(
la Germanie, provinces fi proches de nou s , on trouve
des évêques exceftens dans la religion. C ’eft pourquoi
fi la divifion entre les rois ne nous empêchoit ,
ce feroit plutôt là qu’il faudroit chercher le -jugement
des évêques : qu’à Rome où tout eft v é n a l , &
où les jugemens fe rendent au poids de l’or. Si quelqu’un
d i t , fuivant Gelafe , que l’églife Romaine juge
de toute leglife , 8c que perfonne ne la juge elle,
même , qu’il nous mette à Rome un pape dont le
jugement ne puiife être réformé. Encore les évê,
ques d’«Afrique l’o n t - i ls jugé impoifible, quand ils
L i v r e c i n q u a n t e - s e p t i e ’me. 1 6 9
ont dit : Peut - on croire que Dieu infpire la juftice ---------------
à quelqu’un d’entre nous,8c qu’il la refufe à une infi- A n . 991.
nité devêques aflemblez en concile ? Mais à prefent E f iji. 00m. Afr.
qu’à R ome , i l n’y a , dit on , prefqueperfonne qui étu-
die : de quel front ¿feront- ils enfeigner ce qu’ils n’ont
pas appris ? Quand même on pourroit en quelque façon
tolerer l’ignorance dans les autres évêques, elle eft
intolérable dans un pape, qui doit juger de la f o i , des '
moeurs, de la conduite des évêques : en un mot de l’é-
glife univerfelle. S. Grégoire dit : Si quelque évêque fe
trouve en faute, je n’en fçai point qui ne foit fournis au f “?' L Xïïvi' "■
faint fiege; mais quand ils font leur devoir, l’humilité
demande qu’ils foient tous égaux.
Mais fuppofons qu’il y ait maintenant à Rome un Éÿk;
Damafe , qu’a-t-on fait contre fon décret ? Il parle de
la prétendue lettre de ce pape aux évêques d’Afrique ,
8c continue ainfi : Son premier article, fi je m’en fou-
viens b ien , étoit que les caufes des évêques 8c toutes
les grandes affaires de l’églife doivent être portées au
pape. Celle-ci lui a été portée non feulement par les
évêques, mais par notre prince ; 8c on a donné au pape
toute la liberté de s’inftruire de la vérité , 8c d’en rendre
fon jugement, pendant un très-long efpace de
temps. Nous n’avons entrepris de juger la caufe, que
quand nous n’avons plus efperé qu’il la jugeât, preifez
de l’obligation de fatisfaire aux befoins du peuple par
1 ordination d’un archevêque. Il eft vrai que Datnaie
ne lailfe aux métropolitains que l’examen des caufes
majeures, 8c s’enrefc rve la décifion ; mais S. Grégoire
aïant appris la dépofition de Paul évêque de Tiete , ne
fe plaint point qu’on l’ait dépofé fans fa participation.
Arnoul apporte encore d’autres autoritez fem