
V. M a b i l i » [ a c . j .
p. 991. 903,
XLX.
Manfon abbé
de Mont-Cailìn.
Sup. ». HChron.
C a jf. lib .
li. c. \%
M a b i l i , [ a c . 5. p.
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
duc étoit alors G e ifa , dont il baptifa le fils Eftienne,
depuis îlhiftre.par fa fainteté. —
Le faint évêque affligé de l’indocilité de fon peuple ,
le quitta une fécondé fois ôc r e t o u r n a à Rome dans ton
mon a itéré de S. A lexis & S. Boniface, fous la conduite
de l'abbé Léon, le même qui fut légat en France. En ce
monaftere il y avoir des Grecs qui Envoient la regle^de
5 B a file ,& des Latins qui fuiyoïent celle de S., B en o it ,
6 de chacune des deux n a tion s , on en remarque quatre
diftinguez par leur mérite. Les quatre Grecs etoient
l ’abbé Grégoire, le pereNil ; j’entends faint N il de Roi-
fane , Jean infirme , Stratus homme d’une fimplicite
antrelique. Les quatre Latins é to ie n t , Jean remarquable
par fa fagefle , Théodore par fon filence , Jean par
fon innocence , Léon fimple , mais toujours prêt a prêcher.
C e dernier avoir été ab b éd eN on an tu le en Lom-
bardie ; ôc après avoir gouverné ce monaiterc deux ans,
l ’avoit remis à l’empereur Otton , lui rendant fon bâton
paftoral II étoit venu à Rome fe rendre fimple moine
à S. Boniface où il finit fes jours | j g H compte entre
les faints. Il ne faut pas le confondre avec Léon abbe
du même monaftere.
Aligerne abbé du Mont Caffin étant mort en ?8<L
Manfon lui fucceda & gouverna ce monaftere pendant
dix ans. Il étoit abbé de S. Magne près de Fondi, & fu t
élû abbé de M on t-C a ffin , plûtôt.par le crédit de Pan-
dolfe prince de Capouë fon coufin , que par le con-
fentement des moines : en forte que quelques - uns des
principaux aimerent mieux fordr,que de demeurer tous
fa conduite. De ceux - là deux furent depuis abbez
du Mont-Caffin,trois allèrent àJcrufalem,cinqenLom-
bardie, où ils fondèrent cinq monafteres de leur o b -
fervance
L i v r e c i n q u a n t e - s e p t i e ’m e . 303
fervance. L ’abbé Manion prit grand foin du temporel
de l’abbaïe, ôc en augmenta les biens par plufieurs donations
faites de fon temps; mais il vivoit plûtôt en fei-
gneur qu’en moine. Il avoit plufieurs cavaliers à fon
feryiee , Ôc plufieurs domeftiques vêtus de foïe , & al-
loitfo tiv en t à la cour de l’empereur.
Un jour faint Nil l’étant venu v o ir , le trouva au monaftere
de faint Germain, qui étoit au bas de la montagne
dans une fituation agréable , & environné de belles
eaux. Là Manfon , après s’être baigné , dînoit avec
les principaux du grand monaftere ; ôc comme faint
N il l’attendoit dans l’églife , il oiiit joiier de la harpe
dans la falle du feftin , ôc dit à fes compagnons :
Souvenez-vous de ce que je vous dis, mes freres, la
colere de Dieu i1b tardera pas à venir fur ces gens-ci.
A l lo n s , fortons de ce lieu. L ’année n’étoit pas encore
paffée , quand on vit l’accompliflement de fa prédiction.
Car l ’abbé Manfon fe rendit fi odieux aux habitans
de C a p o u ë , principalement à caufe d’une fortereffie
qu’il avoit fait bâtir, qu’ilsréfolurent fa perte, prétendant
qu’il vouloit s’attribuer la principauté. Ils furent
appuïez dans ce deifein par Adalberic évêque des
M a r ie s , qui aïant donné fon évêché à un fils bâtard
qu’il a vo i t , vouloit avoir pour lui-même l ’abbaïe du
Mont-Caffin. Il traita donc avec quelques mechans
moines ôc avec quelques citoïens de C a p o u ë , ôc leur
promit cent livres d’a rg en t, monnoïe de Pavie, s’ils le
rendaient maître de l’abbaïe du Mont-Caftin , après
avoir fait perdre la vûë à Manfon. Il devoir leur païcr
comptant la tn o itiéd e la fom m e ,& l’autre moitié quand
ils lui mettroient dans la main les yeux de l’abbé.
Tome X I I . Q_q
Vita N i li p 14;.
Chr. c. 16•