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Plaintes de Ratifier
c e n t r e r a
clesgé.
S ftc il', ta. 2. p . t é l .
154 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q o je .
litain Frideric archevêque de Salibourg accompagné
de fes'fuffrà^ans. Saint V o lfa n g garda l’habit & la vie
monaftique dans l’épifcopat.
Ratifier évêque de Verone tant de fois chaifé & réta
b li, mourut enfin en cette année 274. A ïan t été
obligé de quitter Liege en 956. il demeura deux ans^
en repo s, & en 958. il retourna en Italie :.où quelque
temps après l ’archevêque Brunon, par l ’autorité de
l’empereur O tton I .fo n frere, lui procurafon rétabliflc-
ment dans le fiegé de Verone. Rathier écrivit en ce
temps-là un traité qu’il intitula Phrenefîe, parce qu’il
s’y emportoit furieufement contre Baudri ion fuccef-
ièur dans la chaire de Liege. Car Rathier ne feignoic
pas de Te traiter lui-même d’infenfé , ôc de fe dire des
injures. Nous n’avons plus de ce traité, mais nous en
avons deux autres de Rathier écrits dans le même temps?
l’un du mépris des canons, adrefle à Hubert évêque de'
Parme ; l’autre eft la conclufion prife à L ie g e , c’eft-à«
dire, une proteftation contre fon expulfion de cette
e g life , où il rapporte Tes raifons de n’y pas renoncer
volontairement. Le premier traité eft divifé en deu»
parties. Dans la première Rathier fe plaint que le clergé
de Verone l’a autrefois ch a ifé , le voulant réduire
pour toute fonédon à la confecration & l’application
du faint chrême. Il rapporte plufieurs canons, pour
montrer que l’évêque doit gouverner le temporel de
1 eglife aufli-bien que le fp ir itu e l, ôc fou tient qu’i l
doit pourvoir à l a fubfiftance de fon clergé , pour en
être le vrai pafteur, ôc avoir moïen de s’en faire craindre
ou aimer. C e fo n t , d it - il, les clercs qui partagent:
entr’eux les revenus de l’églife , mais à leur g ré ,,fé lo n
qu’ils font les plus puilfans. Il n’y a que les prêtres.
L i v r e c i n q u a n t e - s i x i e ’m e . 19;
Sc les diacres qui ont p a r t, pour avoir de quoi s’enrichir
& fe révolter contre l’évêque : pour fe rendre
maîtres des autres, & les obliger à fe ranger de leur
pa rti, fous peine de les chaifer de l’églife. Cependant
les foudiacres,les acolytes & les autres moindres clercs
n ’ont pas de quoi v iv r e , de quoi fervir & garder l’ég
life i de quoi étudier ; ôc ils s’en co n fo len t, en ne
faifant point leurs fo n d io n s , ôc efperant à leur tour
traiter de même les autres, quand ils feront devenus
diacres ou prêtres. On voit ici comment les fo n d ion s
des moindres ordres ont commencé à s’anéantir faute
de rétribution , parce que le clergé fuperieur s’eft attribué
tout le revenu deséglifes.
Rathier s’o b jed e : Eft-ce donc le miniftere d’un
évêque de mefurer du. bled & du v i n , ôc de diftri-
buer de l’argent à des clercs ? Il rép on d , qu’il n’eft
pas necéiTaire qu’il le falfe par lui-même: & qu’il doit
le faire par des prêtres ou des diacres, fuivant l’ancienne
inftitution. Il chercha enfuite- d’où vient ce mépris
fi général des canons, depuis le-moindre laïque
jufques à l’évêque ; & en trouve la caufe dans le refroi-
diflement de la charité ôc la corruption des moeurs,
qui fait regarder comme impollible l’obfervation des
réglés. I l rapporte plufieurs exemples de la corrup- f
d o n du clergé. Quand je fu s , d it- il, transféré à Liege,
un évêque m’objeèfcoit les canons contre les tranfla-
tions , ôc lui-même étoit adonné au vin & au j e u ,
avoit des chiens ôc des oifeaux pour la chaife , ôc
n’obfervoit point la refidence. J ’en ai vû deux fe reprocher
mutuellement, que l’un portoit les armes &
l ’autre avoit une concubine : que l'un avoit commis un
adultéré àvant fon o rd in a tio n , ôc que l’autre après
B b ij