
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-— -------' ne qu’il é to it’, fufpendit fon jugement avec beaucoup
A n . 1050. prucjence. & retint Berenger auprès de lu i, jufques
à ce qu’il alla à Briône, petite ville fur la riviere de
Rifle, prés l'abbaye deBec,oùilaiïembla les plus habiles
gens de toute la Normandie. Le lendemain que le
duc y fut arrive, on ouvrit la conférence avec Berenger
, & aVec un clerc qu’il avoit amené, & fur l’éloquence
duqiiel il comptoir beaucoup. Mais ils furent ii
fortement réfutez, qu’on lesréduifit premièrement au
iïlence, & enfuite à la co n fe iiion , quoique forcée, de
la foi catholique, i ' • : ,
Berenger étant forti fx honteufement de la conférence
de Briône, s’en alla à Chartres ,, où plufieursl interrogèrent
fur cette queftion de l’euchariftie: car ie
bruit de ce qui s’ étoit paifé étoit déjà répandu bien loin.
Mais il ne vou lu t rien répondre aux clercs de Chartres:
il promit feulement de le .faire quand on lui en donne-
roit la commodité. Cependant il leur écrivit une lettre,
contenant pluileurs abfùrditez & plufieurs erreurs,
contre la foi catholique, m eut même la témérité d’y
traiter d’heretîque l ’églife Romaine , fans en excepter
le pape L éon , dont la fo i & le mérité étoient fi cony
nus. Car il difoit | qu’il ne differoit de répondre : que
jufques à ce qu’il eût convaincu lep ap e& les Romains;
dans le concile indiqué à Verceil, dont le jour etoit
proche.
L ’àrcheVeque de Roüen étoit alors Mauger, fils de
vêque deRoiien Richard II. duc de Normandie, & fucceifeur de fon
oncle Robert , dont il irhitâla viefcandaleufé, neibn-
géant qu’à fon plaifir : mais il fit encore pis, en difïi-
pant les biens de ion églife. Il ne laifla pas vers cette
année io y o . de tenir un concile avec deux defesfùf-
L I‘VR E CINQ.UÀNTE-NÊU V I e’m E. y 8 ;
fragans Hugues d’Evreux & Robert de Coutance;où
d’abord il fe plaint des maùvais princes, parce’ qu’il
étoit mal avec le duc Guillaume ion neveu.' On y fit
dix-neuf canons, oü l’on blâme ceux qui briguent l’é-
pifeopat en faifant des prefens au prince & a ceux qui
ont accès auprès de lui ; on défend les tranflations & le
mauvais pretexte , tiré de ce que l'évangile ordonné
aux apotres, de paiïèr d une ville à l’autre pour éviter
la perfecution. O n défend diverfes fortes de iimonies
& les entreprifes des évêques & des clercs les uns fur
les autres. Le dernier canon porte, que les nouveaux
' baptifez fe prefenteront huit jours durant en leurs habits
blancs avec des cierges allumez, dans l’églife où
ils ont reçu le baptême ^ dont ils font paroiffiens.C’eil
qu’il y avoit encore des Normanspayens, quife con-
vertiiïbienttous les jours ; quoiqu’on puiffe auifi l’entendre
des enfans.
Le concile de Verceil fut tenu,comme il avoit été dit ,
au mois de'Septembre de la même année io y o . le pape
Léon y prefida, & il y vint des évêques de divers païs.
Berenger n’y vint point , quoiqu’il y eût été appelle.;
mais Lanfranc s’y trouva1, ayant été retenu par le pape
depuis le concile de Rome. En celui de Verceil on lut'
publiquement le livre de Jean Scot touchant i’eucha-
riftie, qui fut condamne 8c brûlé; on expliqua a u iîil’o- :
pinion de Berenger, & elle fut condamnée.Deux clercs
qui fe difoient eiavoyez de fa part voulant le défendre,
furent d abord confondus & arrêtez. En ce même con-
efle le pape fufpendit de fes fond ion s Hunfroi archevêque
de Ravenne, pour quelque différend qu’il avoit
avec l’églife Romaine, mais il accorda le pallium à
Dominique patriarche de Grade, avec te droit de faire
A n. io y o -
to, 9. p t 1047*;..
c. 1 .
c. $♦-
L XI Xi
Concile de Ver-
. Ceil, '
Lanfr. c. 4,
Herm. C h h
1050*.,,
Danduî. ap.Bk*
von*an. ioyo*.■.